Élus et parties prenantes du dossier ont officialisé la reprise de l’abattoir, lors d’une prise de parole commune, mercredi 19 février.
En quelques phrases, Lucien Limousin, maire de Tarascon et vice-président du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, a résumé la réaction en chaîne qu’aurait posé l’éventuelle liquidation judiciaire de l’abattoir de Tarascon, si elle avait été prononcée par le Tribunal de Commerce de Marseille, en octobre dernier. “Le dossier des abattoirs de Tarascon est emblématique de certaines de nos difficultés, mais aussi des forces de notre département, et particulièrement du Pays d’Arles. Sur un même dossier, nous avons à résoudre – sous une forme concentrée – des questions d’emploi, mais aussi celles d’un secteur économique – celui de l’élevage et de l’agriculture – avec, en toile de fond, des enjeux environnementaux“, a ainsi posé l’élu, lors d’une prise de parole collective, qui réunissait mercredi 19 février, à Tarascon, l’ensemble des protagonistes impliqués dans cette crise.
La nouvelle du placement en redressement judiciaire de l’abattoir exploité par la société Alazard & Roux, en avril 2018, avait fait l’effet d’une bombe pour la filière élevage du département. Tout d’abord, parce que l’entreprise laissait une ardoise de 1,2 million d’euros aux éleveurs qui y menaient leurs bêtes pour l’abattage, la découpe et la transformation. Mais aussi, parce que l’éventualité d’une procédure de liquidation judiciaire aurait impacté l’ensemble des éleveurs (ovins et bovins) des Bouches-du-Rhône, sans compter le licenciement des 60 employés de l’abattoir. Dans le contexte économique morose auquel sont confrontés les professionnels de la viande, trouver un repreneur privé susceptible de racheter, et de pérenniser, l’outil industriel aurait tenu du miracle. Comme l’a rappelé mercredi Olivier Roux, son ex-dirigeant, six abattoirs régionaux ont fermé entre 1985 et 1992. Et le nombre d’entreprises spécialisées dans la viande s’est effondré dans le même temps, passant de 23, en 1993, à seulement trois aujourd’hui.
3,6 millions d’euros d’aides financières
Au niveau national, le même mouvement s’est enclenché, avec 280 entités encore existantes contre 20 000 en 1979. Un phénomène qui a notamment abouti à une concentration des acteurs, une douzaine d’entreprises se partageant 80 % du marché français. Olivier Roux illustre ce retournement progressif du secteur : son entreprise a exploité jusqu’à trois abattoirs en région (Tarascon, Carpentras et Apt), avant de se séparer de deux d’entre eux, en 2015 et 2016, et de réduire drastiquement sa masse salariale, passée du même coup de 130 à 60 collaborateurs. Autant dire que la solution d’une reprise, portée par une Société d’intérêt collectif agricole (Sica) coprésidée par Jacques Maillan – élu à la Chambre d’agriculture 13, en charge de l’élevage – et associant éleveurs et metteurs en marché, a surgi très rapidement après le placement en redressement judiciaire du site de Tarascon, deux ans auparavant.
Cette “union sacrée“ s’est concrétisée par la décision de la Communauté d’agglomération Arles Crau Camargue Montagnette (CAACCM) d’acheter la totalité de l’immobilier de l’abattoir (précédemment détenu par la société Alazard & Roux) pour 3,6 millions d’euros. “Une décision votée à l’unanimité“, a précisé Claude Vulpian, président de la communauté. Le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône a, lui aussi, mis la main à la poche, en finançant 80 % de l’opération de rachat du site, a rappelé Lucien Limousin. “Sans cette mise de fonds, pas de société coopérative possible, et partant de là, pas de redressement judiciaire. Je ne sais pas si nous en serions là si le Conseil départemental n’avait pas apporté son soutien sur l’acquisition de cet immobilier“, a souligné le maire de Tarascon et vice-président du Conseil départemental.
Une chaîne désormais dédiée pour les porcins
Cette opération de reprise entérinée, l’ensemble des acteurs a désormais le regard tourné vers l’avenir. La Sica – coprésidée par Jacques Maillan, pour les bovins, et Christian Trouillard, pour les ovins – sera désormais propriétaire de l’outil de production, qu’elle exploitera conjointement avec la société Alazard & Roux. Elle prévoit plusieurs investissements, dont la construction d’une nouvelle chaîne d’abattage pour les ovins, qui sera dotée d’outils plus performants pour augmenter la productivité. Une autre, destinée aux porcins, sera également réalisée, afin de combler un manque (le site de Tarascon en était jusque-là dépourvu) et s’adressera notamment aux élevages de porcs fermiers de la Crau. Le volet commercialisation devra également être musclé, via la vente directe et la mise en place de circuits courts, comme l’a souligné Claude Rossignol, 1er vice-président de la Chambre d’agriculture des Bou- ches-du-Rhône, qui représentait pour l’occasion Patrick Lévêque, président de l’institution.
Si la pérennité de l’abattoir est assurée, “les problèmes devant nous restent importants“, a pointé Lucien Limousin, pour qui “la viabilité économique de l’entreprise d’abattage ne peut se réaliser que par une reprise plus large, et plus profonde, du secteur de l’élevage dans le département. Nous aurons à réfléchir à nos responsabilités collectives dans quelques mois, pour qu’entre professionnels, élus et tous les secteurs de la filière, une réflexion de fond soit menée, afin de réfléchir aux modalités et possibilités de dynamiser un secteur encore en souffrance“. Le maire de Tarascon a ainsi appelé “à la mise en place d’une véritable stratégie globale en faveur de l’élevage dans le département, en lien avec les outils que constituent l’abattoir et la Sica. Il s’agit d’un dossier opérationnel et stratégique auquel on ne peut échapper, et que nous devons, en transversalité, engager au plus tôt“.
Une façon de rappeler que la filière doit désormais davantage se structurer et jouer plus collectif qu’elle ne le faisait jusqu’à présent, depuis les éleveurs jusqu’aux metteurs en marché. Mais aussi d’inviter les agriculteurs à se prendre en main, comme ils l’ont fait via la Sica, pour financer de futurs investissements nécessaires à la pérennité de l’abattoir.
Julien Dukmedjian
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