Une quinzaine d’apiculteurs de la région s’est réunie à Barjols, le 2 mars, à l’invitation de la Confédération paysanne du Var, pour organiser le combat en faveur de l’acide oxalique. © G. Lantes
Voilà 40 ans que la filière apicole française se bat contre Varroa destructor, acarien parasite dévastateur des ruches. Et la profession a développé au fil du temps un savoir-faire, aujourd’hui remis en question par la disponibilité de traitements disposant d’une Autorisation de mise sur le marché (AMM). L’acide oxalique dans sa forme simple, pourtant utilisée par de nombreux apiculteurs, n’est ainsi pas autorisée comme médicament vétérinaire. Depuis 2015, les professionnels sont pourtant tenus d’utiliser l’une des formules dûment autorisées par une AMM. Dans les faits, la filière semblait toutefois bénéficier d’une certaine tolérance. Jusqu’au rappel à l’ordre de la Direction générale de l’alimentation et de l’Agence nationale du médicament vétérinaire, en octobre dernier. À l’issue d’une série de réunions avec les organismes techniques apicoles, l’État est en effet venu rappeler l’utilisation obligatoire d’un des 14 produits avec AMM existants contre varroa ; tout autre traitement expose l’apiculteur à une lourde amende, ainsi qu’à la destruction des animaux et des produits concernés. Une aberration pour la profession, qui dénonce le manque d’efficacité et de praticité, mais aussi le coût des traitements disponibles.
Des médicaments jugés coûteux et inefficaces
À l’invitation de la Confédération paysanne du Var, une quinzaine d’apiculteurs de Paca s’est réunie à Barjols, début mars, pour organiser la riposte. “Les produits autorisés peuvent coûter plus de dix fois plus cher que l’acide oxalique simple, pour une efficacité insuffisante. Et les protocoles des fabricants manquent de praticité. En bio, un seul est à peu près efficace. Malheureusement, il est surdosé et potentiellement dangereux pour les reines. Du fait de la présence de sucre dans sa formulation, il est aussi inutilisable par sublimation. La méthode nous permet, sous l’effet de la chaleur, d’appliquer l’acide oxalique sous forme gazeuse, sans ouvrir et refroidir les ruches en plein hiver, au moment où il n’y a pas de couvain, contrairement à l’égouttement où aux lanières, qui sont les deux autres principaux modes d’action des traitements“, explique Christophe Benvenuto, apiculteur d’Ampus et membre de la commission apicole nationale de la Confédération paysanne.
“On parle de molécules naturellement présentes dans de nombreuses plantes, inoffensives pour les abeilles, les apiculteurs et les consommateurs. Depuis des années, les organismes techniques apicoles développent des solutions alternatives aux produits de synthèse, malheureusement confisquées par les laboratoires qui ont les moyens de déposer des AMM“, plaide Mélanie Père, apicultrice de Barjols.
Pour un nouveau cadre
La réglementation contraint d’ailleurs les acteurs de l’expérimentation, qui ne peuvent tester que des produits autorisés sur les ruchers en production, et ont interdiction de communiquer sur les essais de substances sans AMM. L’Itsap et les Adas de France ont ainsi été sommés de retirer de leurs supports de communication toute référence à des médicaments non autorisés. “L’administration se réfugie derrière des arguments qui vont à l’encontre de pratiques professionnelles éprouvées. La filière doit pouvoir continuer à expérimenter au plus près de la réalité du terrain, et à partager le fruit de ses expérimentations“, défend Mélanie Père. “Pour sortir de l’illégalité“, les professionnels se sont rapprochés du collectif ‘Plantes en élevage’, qui milite en faveur de l’utilisation de la phytothérapie sur les animaux d’élevage. “Nous avons besoin d’un cadre spécifique pour utiliser légalement les acides organiques dans nos ruches. Nous proposons la création d’un nouveau statut, entre le médicament et le complément alimentaire“, expose Mélanie Père. Un manifeste revendiquant un usage libre des acides organiques en apiculture est d’ores et déjà en cours de rédaction. Il sera assorti d’une pétition, qui pourra être diffusée auprès du grand public et des élus. Conscients que le chemin sera long et semé d’embûches, les professionnels n’excluent pas, si besoin, de manifester leur mécontentement, à l’occasion de futures mobilisations.
Gabrielle Lantes
ICI
Votre encart
publicitaire !
FERTILITÉ
Publiez facilement vos annonces légales dans toute la France.
Grâce à notre réseau de journaux partenaires.
Attestation immédiate, service 24h/24, 7 jours/7
Chaque semaine, retrouvez toute l'actualité de votre département, des infos techniques et pratiques pour vous accompagner au quotidien...
Découvrez toutes nos formulesInscrivez-vous GRATUITEMENT à nos newsletters pour ne rien rater de notre actualité !
S'abonner