En mode hybride, soit sur site et par visioconférence, le World Fira 2021 a accueilli plus de 1 500 personnes venues de 50 pays. La dimension internationale du salon se confirme. © F. Guilhem
“Agriculteur, dessine-moi un robot". Non, il ne s’agit pas d’un jeu en ligne pour gérer une ferme ou le début d’un poème à la Saint-Exupéry en mode agricole, mais bien l’un des thèmes qui a été proposé, lors d’une table ronde, au cours de la sixième édition du Forum international de la robotique agricole, baptisé désormais World Fira, au centre des congrès Diagora, à Labège (31), du 7 au 9 décembre derniers.
"Jusqu’ici, le salon était surtout centré sur les avancées en matière de robotique agricole, ainsi que sur les questions éthiques que soulèvent les robots et leur adoption dans les exploitations agricoles. Cette année, nous avons voulu mettre l’accent sur l’accueil des robots quand ils arrivent dans les fermes, avec tous les thèmes qui y sont attenants, à savoir le financement, la formation, la réglementation ou encore leur utilisation afin de faciliter leur pleine exploitation. L’objectif est aussi de faire de l’agriculteur un participant actif dans l’accueil des robots, de leur conception à leur utilisation", explique Gwendoline Legrand, co-directrice du Fira.
L’automatisation en marche
Pour ce faire, le salon, organisé en mode hybride, soit à la fois sur site et en virtuel, via une plateforme dédiée accessible encore jusqu’au 30 juin 2022, a accueilli 70 constructeurs, qui ont présenté leurs matériels et proposé des démonstrations en ligne autour de la cueillette, la récolte, le contrôle des cultures, le désherbage, la détection des maladies, l’élevage, etc.
Si les engins robotisés, dont un certain nombre est aujourd’hui commercialisé, ont été présentés, comme de coutume, ce salon s’est ouvert toutefois, cette année, aux solutions automatisées embarquées sur les tracteurs, alors qu’il était jusqu’à présent réservé aux seules machines autonomes. Avec l’objectif affiché de concevoir des solutions autonomes répondant aux besoins spécifiques de leurs clients, marché par marché, et quelle que soit la taille des surfaces agricoles ou des cultures qui y sont développées.
Nouveautés vues au salon
Au programme des nouveautés, le constructeur danois Agrointelli a présenté Robotti LR, soit un porte-outils autonome qui automatise les tâches agricoles et horticoles. Grâce à son réservoir diesel d’une capacité de 330 litres, ce robot peut fonctionner jusqu’à 60 heures sans arrêt avant le ravitaillement. Doté d’un attelage à trois points, il peut être équipé d’outils agricoles standards pour effectuer différentes tâches sur le terrain, et ce, tout au au long de la saison. Une vingtaine de ces robots est actuellement en fonctionnement en Europe.
Naïo Technologies, qui fêtait cette année ses dix ans d’existence, revendique, quant à lui, aujourd’hui, plus de 250 robots en circulation dans le monde. Après avoir développé des robots pour le maraîchage et la viticulture (Dino et Ted), l’entreprise a présenté un nouveau prototype, baptisé Orio, destiné aux cultures spécialisées en grandes surfaces, telles que les légumes industriels et la betterave, ou à valeur ajoutée comme la production des semences. Il s’agit d’un porte-outil électrique autonome, qui se concentre sur des opérations de semis et de binage. Sa commercialisation est prévue à partir du printemps 2022.
Exxact Robotics, filiale du groupe Exel Industries, a présenté, de son côté, Traxx, un robot enjambeur monorang compact pour vignes étroites. Deux versions existent : l’une dédiée au travail du sol, l’autre à la pulvérisation. Son autonomie serait de 10 h. Il a été conçu pour intervenir en toute sécurité dans des pentes jusqu’à 40 % et dans des dévers jusqu’à 15 %.
Du nouveau dans la réglementation
L’usage, aujourd’hui, est que les robots ne peuvent évoluer en milieu ouvert que sous le contrôle d’un superviseur au sein de la parcelle. Ce verrou réglementaire est désormais en passe de sauter. Après avoir fait certifier le petit assistant agricole Oz en 2015, Naïo Technologies y est aussi parvenu pour Dino et Ted, grâce aux nouveaux systèmes de sécurité mis au point. La levée de ce verrou réglementaire, attendue par l’ensemble des fabricants, va permettre à leurs utilisateurs de pouvoir laisser le robot travailler seul au champ et de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. Cela sera effectif dans toute l’Europe dès le printemps 2022.
Si sur les 14 000 robots déployés en France fin 2020, 11 200 sont destinés exclusivement à la traite, entre cette évolution réglementaire, le nombre exponentiel de projets dans la viticulture, le maraîchage et les grandes cultures, et les fonds alloués dans le Plan de relance, soit 2,8 milliards d’euros à l’innovation, le top départ des robots dans les champs est donné. La troisième révolution agricole est bel et bien en marche. À condition d’apporter des solutions au plus près des agriculteurs.
Florence Guilhem
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