Dans un terroir viticole provençal où le rosé est omnipotent et omniprésent, certains domaines ont choisi de redonner leurs lettres de noblesse aux vins blancs et aux rouges de garde, qui faisaient autrefois la renommée du département. C’est le cas de Château Trians, à Néoules, racheté en 2017 par deux frères, Emmanuel et Bertrand Delhom. Après une première carrière en binôme, aux manettes de l’entreprise familiale – une PME spécialisée dans l’agroalimentaire et la distribution dans la région champenoise –, le duo a décidé, à l’aube de la quarantaine, de tenter un nouveau challenge professionnel. “Nous avions examiné plusieurs possibilités“, raconte Emmanuel Delhom : “L’eau, la bière et le vin“. C’est vers ce dernier secteur qu’ils se tournent, après la vente de leur entreprise et deux ans passés aux côtés du repreneur, “pour assurer la jointure“.
“Nous avons rapidement évacué les deux premières possibilités. Le vin représente un aspect patrimonial, associé à des moments festifs. Et puis, la terre prend toujours de la valeur, même si elle n’en rapporte pas beaucoup“, explique Emmanuel Delhom, qui se définit comme un entrepreneur. “Nous avons envisagé l’acquisition du Château de Trians, avec mon frère, comme un investissement sur 40 ans“, autrement dit sur la longue durée. “Château Trians correspondait à nos critères de recherche : de l’authenticité, une nature préservée, du calme et des vignes disposées autour d’une bastide, afin d’y développer en complément une activité œnotouristique“, résument les frères. “C’était un de nos critères de choix, et la Provence est un des rares vignobles, avec le Bordelais, qui possède cette particularité... avec un avantage évident : le ‘ticket d’entrée’ y reste encore accessible.“
30 ha en production d’ici 2029
La bastide et les anciens bâtiments agricoles, aménagés en habitation, sont dédiés à l’accueil touristique dès le printemps et pendant la saison estivale. Cette dernière activité devrait parvenir à un équilibre économique “d’ici cinq à six ans“, estime Emmanuel Delhom. Le vignoble, en AOP Coteaux varois dans son ensemble, bénéficie, quant à lui, de conditions idéales : positionné sur des terres argilo-calcaire, à 350 mètres d’altitude, il est orienté vers le nord, ce qui le protège des ardeurs du soleil pendant l’été. Emmanuel et Bertrand Delhom disposent pour l’heure de 22 hectares en production. “Deux hectares supplémentaires le seront dès l’année prochaine“, précisent les deux frères, qui prévoient de monter en puissance d’ici 2029, date à laquelle le vignoble atteindra 30 ha : une taille critique, correspondant au seuil de rentabilité. Il est, d’ici là et depuis l’acquisition du domaine, l’objet d’une restructuration importante, conduite par les propriétaires dans une optique de sélection parcellaire : l’objectif est d’opérer une montée en qualité des vins produits. La restructuration a concerné la moitié du vignoble, soit une dizaine d’hectares : certaines parcelles jugées trop peu productives ont ainsi été arrachées et d’autres complantées, lorsque les conditions le permettent.
Les rendements par hectares sont, quant à eux, volontairement réduit et ne dépassent pas les 35 hl/ha, en moyenne. Un chiffre très en deçà des limites autorisées par le cahier des charges de l’AOP. L’ensemble du vignoble, en bio depuis 2012, est conduit dans une démarche environnementale, impulsée par Jean-Louis Mazurel, le précédent propriétaire. Un couvert végétal est ainsi semé en inter-rangs, et une convention de pâturage a été passée avec un éleveur ovin, pour entretenir l’enherbement et fertiliser les sols, très peu labourés. Le domaine dispose par ailleurs de ruches, et des prairies ont été semées avec des mélanges de fleurs mellifères destinées à favoriser la biodiversité. Château Trians peut également compter sur près de 200 oliviers lui permettant de disposer de sa propre huile d’olive (en quantité limitée). Une partie des arbres, situés en contrebas de la bastide, devraient à terme être transplantés – et complété par une cinquantaine de plantations – sur des restanques, à l’arrière du bâtiment, pour laisser la place à des parcelles de vignes.
L’export, principal débouché de la production
La cave de vinification a, elle aussi, bénéficié d’une rénovation, depuis 2017, avec d’importants investissements dans une nouvelle cuverie. L’idée était d’accompagner la volonté de sélections parcellaires, avec un agrandissement destiné à abriter les machines agricoles et un nouveau chai à barriques, pour l’élevage des rouges (25 % en moyenne de la production du domaine), dont une cuvée élevée en foudre pendant 18 mois.
Si les rosés représentent logiquement une part conséquente (60 %), les blancs (15 % de la production) “ont vocation à monter en puissance“, note Emmanuel Belhom, comme en témoigne la cuvée multi-médaillée ‘Les Mélicots’, un vin 100 % viognier et commercialisé de ce fait sous l’appellation Vin de Pays de La Sainte-Baume. Concernant la commercialisation, enfin, Château Trians mise sur l’export vers les États-Unis – où la moitié de la production est expédiée –, les ventes au caveau, grâce à l’activité œnotouristique, et le réseau des cavistes et de grandes tables, à Paris notamment. Et bien évidemment, en Champagne.
Julien Dukmedjian
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