Comme l’expliquent Thomas Arsac, Christophe Mandrolini et Xavier Jourdan, la Camargue est, dans la région, l’un des rares territoires où les matières végétales agricoles peuvent nourrir en quantités suffisantes des méthaniseurs (E. Delarue).
La méthanisation a tous les atouts pour relever les défis de la transition énergétique. Aussi, sur l’ensemble de l’Hexagone, les politiques locales qui portent les déclinaisons du Plan Climat travaillent activement à son déploiement. La méthanisation peut être aussi une filière de valorisation importante des déchets agricoles. Mais, dans notre région, l’implantation d’unités de méthanisation semble à la peine. En effet, des projets vertueux – comme celui porté par un collectif de céréaliers camarguais – ne font pas forcément l’unanimité.
Pourtant, dans le Pays d’Arles, trois agriculteurs ont répondu, il y a quelques mois, à un appel à candidature lancé par le Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) autour de l’intérêt de la méthanisation. Pour Christophe Mandrolini, Thomas Arsac et Xavier Jourdan, la volonté d’implanter un méthaniseur répondait à plusieurs objectifs très louables. “Nous réfléchissions déjà depuis un bon moment aux solutions qui permettraient de rendre nos structures plus résilientes au marché, sans avoir d’impact sur l’environnement. La méthanisation a cela d’intéressant qu’elle permet de développer une activité très vertueuse. Les co-produits de la production agricole peuvent en effet produire de l’énergie sans impact carbone“, explique Christophe Mandrolini.
La paille de riz en fait partie, mais le collectif n’a pas souhaité que son projet se heurte à ceux développés autour de son utilisation en Camargue. Avec Arvalis, la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône et le Cirad, les trois céréaliers planchent depuis un bon moment déjà sur l’intégration de Cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIV) et l’agriculture de conservation.
“Un système hyper vertueux !“
Ils essayent ainsi de mettre en place des méthodes pour que leurs sols soient constamment couverts. Une méthode qui permet d’amener de la matière organique, de fertiliser et de redynamiser la vie des sols. “Avec le principe des couverts, c’est toute la partie racinaire et le chaume qui restent donc au sol. De plus, les éléments nutritifs – qui ont été exportés par la biomasse méthanisée – retournent aussi ensuite au sol par le digestat. Le digestat nous permet d’économiser 30 % de nos engrais azotés sur l’exploitation. C’est un système hyper vertueux !“, commente Thomas Arsac.
Le collectif voyait aussi dans son projet d’autres atouts. La généralisation de la gestion des biodéchets pour tous les producteurs deviendra en effet obligatoire en 2024, et cet outil a été étudié pour que les entreprises du territoire puissent répondre à ces prochaines contraintes. Si ce sont bien les exploitations des trois agriculteurs qui nourriront le méthaniseur, il a néanmoins été réfléchi dans son dimensionnement pour rendre plus largement un service au territoire, et dans une logique de partage de la valeur ajoutée.
“C’est un outil de structuration de territoire qui permet à la fois de diminuer l’impact carbone, de développer l’agriculture de conservation, mais aussi d’amener une solution à des problématiques qui aujourd’hui ne sont pas résolues“, résume Christophe Mandroloni.
Renouer le dialogue
Des arguments convaincants, mais pas forcément pour tous. Le problème est que le sujet est vaste et bien souvent méconnu. ‘Méthanisation agricole’ et ‘méthanisation industrielle’ sont aussi quelquefois confondues. Ainsi, malgré l’avis favorable obtenu, à l’unanimité, en Commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPNAF), le projet doit désormais faire avec des oppositions qui se sont formées. “Persuadés du bien-fondé du projet, nous avons peut-être manqué de communication“, reconnaît Christophe Mandrolini. Depuis, les permis de construire ont été mis en temporisation à la volonté, et les agriculteurs veulent “calmer les esprits et reprendre le chemin du dialogue“.
Le collectif regrette pourtant que, dans le projet, l’écologie de la décroissance et celle du réel s’affrontent. L’odeur des digestats, le transport des matières et l’intégration dans le paysage sont les principaux éléments qui leur ont été opposés. Mais les réponses, apportées par les céréaliers à l’occasion d’une réunion publique qui s’est tenue en septembre dernier, n’ont pas suffi. Face à des positions souvent dogmatiques que favorise ce genre d’exercice, les céréaliers souhaitent néanmoins pouvoir continuer à “expliquer les aspects vertueux des méthaniseurs agricoles et leur intérêt pour le territoire, sur le terrain“.
Emmanuel Delarue
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