Mobilisation
Ils étaient une grosse centaine d'agriculteurs du département de l'Hérault à se retrouver lundi 18 novembre, à Montpellier. Après des mois à patienter suite à la mise en place des mesures promises, la colère agricole explose de nouveau, alors que l'accord entre l'Union européenne et le Mercosur est sur le point d'être conclu.
Face à l'arc de Triomphe de Montpellier, un tracteur à la benne emplie de fumier s'apprête à descendre jusqu'à la préfecture, puis la place de la Comédie, où une opération de sensibilisation des passants sera réalisée.
© Crédit photo : ML
Le retour des agriculteurs dans les rues des quatre coins de la France n'était pas une surprise, pour qui a su écouter les nombreux appels de ces derniers mois. Après avoir fait preuve d'une patience qu'ils ont pourtant l'habitude de mettre à l'épreuve, les agriculteurs ont à nouveau laissé éclater leur détresse lundi 18 novembre, en réponse à l'appel national lancé par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs.
En Occitanie, FDSEA et JA se sont effectivement retrouvés à la préfecture, où ils ont pu échanger avec le préfet François-Xavier Lauch et Olivier Damaisin, coordinateur national du plan contre le mal-être en agriculture, présent à l'occasion d'une commission organisée le matin même avec les syndicats agricoles. "Nous allons discuter tranquillement et dans le respect, mais prenez le temps d'expliquer qu'on travaille 60 heures par semaine pour ne même pas pouvoir tirer un Smic", lance Cédric Saur, secrétaire général de la FDSEA, dans son mégaphone. Il en appelait aux "agriculteurs lambda", ceux qui n'ont pas l'habitude de rencontrer le préfet en commission, car l'urgence est bel et bien réelle. "Dans l'Hérault, plus de 60 % des exploitations viticoles perdent de l'argent depuis 5 ans", souligne-t-il.
Habitué à des échanges réguliers, François-Xavier Lauch a lui-même pris le mégaphone pour se faire entendre auprès des agriculteurs qui l'attendaient. Il l'assure : "Le message est reçu cinq sur cinq." Qu'il s'agisse de l'épineuse question du traité avec le Mercosur, de la volonté de ne plus vivre d'aides, mais bien de prix, de travailler à la segmentation du marché, ou encore du besoin de restructuration du vignoble, notamment pour les coopératives du territoire. "Je soutiens l'arrachage temporaire tout comme je soutiens les retenues hivernales du département", a-t-il rappelé, saluant également la décision de la ministre de mettre en place des prêts bonifiés. "Je resterai particulièrement mobilisé autour de la question du prix : pour convaincre les négociants et les grandes surfaces de payer le juste prix, pour les obliger à respecter les règles de mise sur le marché." Le préfet a également annoncé réunir jeudi 21 novembre les services de contrôle, ainsi que la mise en place de la mission inter-services agricoles d'ici la fin de l'année.
"C'est dans la discussion aussi qu'on y arrive, et c'est notre combat de tous les jours. De construire. De proposer des choses, pas juste de gueuler. Et demain, il faut obtenir effectivement ces avancées, ça commence petit à petit, mais cela n'arrive pas forcément dans les cours de fermes", constate Rémi Dumas, président des Jeunes agriculteurs 34.
Un point déjà souligné mercredi 13 novembre par les responsables de la FRSEA Occitanie lors de leur commission viticulture. Avec la dissolution du gouvernement, le président de la commission viticole de la FRSEA Occitanie, Guilhem Vigroux, notait notamment une perte de temps de six mois pour la profession : "On a eu des annonces et des promesses, mais tout ne s'est pas traduit dans la loi, et pendant ce temps, les aléas climatiques et économiques se sont renforcés." Quant aux dernières annonces de la ministre, il attend de voir arriver les circulaires, mais surtout "une application simple et rapide, pas une énième machine à gaz".
Les élus des différentes FDSEA de la région réclament également la suppression de l'Anses "qui aujourd'hui demande des études qui coûtent des millions, reviennent insatisfaisantes, et mènent à la suppression de toutes les molécules, ainsi qu'à une réelle distorsion de concurrence avec nos voisins", énonce Guilhem Vigroux. Le Mercosur et le retour de Trump à la présidence des États-Unis sont également sur toutes les lèvres, laissant craindre des mois à venir tendus pour la profession.
Place de la Comédie, après avoir enroulé les Trois Grâces de bâches noires, les agriculteurs se sont lancés dans une opération de sensibilisation des passants, pour la plupart apportant volontiers leur soutien. Ils ont également déversé un peu de fumier sur la place. "Bientôt vous allez devoir cultiver sur vos balcons, parce que si ça continue comme ça on va disparaître. Ce qu'on fait tous les jours, c'est vous nourrir et si on disparaît, vous allez crever de faim, voilà la réalité", déclame Rémi Dumas avant de poursuivre : "C'est quoi la solution ? Des traités de libre-échange ? Importer des poulets aux hormones ? De la viande produite avec des produits qu'on ne connaît pas ? Des hormones de croissance ? Des productions végétales avec des produits phyto interdits en France depuis des dizaines d'années ? C'est cela que vous voulez bouffer demain ? De la m..." ?
Pas là pour quémander de nouvelles aides, la demande tourne surtout autour des prix. Chercher de quoi ne laisser personne au bord de la route, bien sûr, "mais ce qui est capital pour toutes nos productions, c'est le prix de nos produits. Et le prix de nos produits, ce sont les États généraux de l'alimentation qui permettent, d'abord, la non-négociabilité de la matière première, et qui permettent d'intégrer les coûts de production (...). Il faut les intégrer avec les négociants, les industriels, la grande distribution, parce que le partage de la valeur doit passer, aussi, par le producteur", martèle Jérôme Despey, président de la Chambre d'agriculture de l'Hérault.
"Une bouteille que l'on retrouve en rayon à 3,50 euros, je ne pense pas que si elle prend 20 centimes de plus on risque une déstabilisation du pouvoir d'achat", note effectivement Guilhem Vigroux. Pour le viticulteur, s'entendre dire qu'il n'est pas possible d'absorber la production, alors que le secteur viticole rentre sa plus petite récolte depuis 2021 et qu'il manquera 10 millions d'hectolitres en France est une aberration. Segmenter, contractualiser les vins sans indications géographiques afin de rassurer le négoce et supplanter une part des importations espagnoles, mais surtout, mettre en place des solutions rapidement : "On ne peut pas attendre que ça vienne de Paris et que ça entre dans la loi, ça ne marche pas comme ça".
Dans le Gard, la mobilisation commençait quant à elle dès 18 heures avec l'opération'Chouette', au rond-point de Saint-Cézaire, à Nîmes, où les camions approvisionnant les centrales ont été filtrés afin de contrôler la provenance des produits. Selon la FDSEA 30, une rencontre avec une d'entre elles est prévue prochainement.
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