ÉCONOMIE
Bien que la campagne ne soit pas terminée, la production d'abricots sera revue à la baisse et celle des pêches et nectarines plus proche des estimations. Côté commercialisation, si le marché est plutôt fluide, la filière croise le fer avec la distribution.
Si le potentiel de production d'abricots s'avère en dessous des estimations nationales, qui avaient tablé sur 130 000 tonnes, la qualité est particulièrement élevée, bien que le calibre soit plus faible.
© Crédit photo : AOP Pêches et abricots de France
Les statistiques nationales avaient estimé, pour cette année, la production d'abricots aux alentours de 130 000 tonnes, à l'instar du potentiel habituel. Mauvaise pioche. "On est bien loin du compte. Ces estimations ne sont pas bonnes. On ne les a pas", annonce, d'entrée de jeu, Raphaël Martinez, directeur de l'AOP 'Pêches et abricots de France', qui pense qu'il faudra retrancher 15 % sur les 130 000 t prévues. Et pour cause.
Dans l'AOP, c'est près d'un millier d'hectares qui ont été arrachés (environ 200 ha par an sur 5 ans, ndlr), en raison des mauvais résultats économiques, ce qui représente un potentiel de pertes de 25 % de vergers pour l'association. "Et ce n'est pas sans effet sur les résultats globaux, puisque l'AOP représente les deux tiers de la filière", rappelle le directeur. Ce sont principalement dans les vergers traditionnels du Roussillon et en Vallée du Rhône que les arrachages ont eu lieu.
Outre la baisse de superficie des vergers, la baisse du rendement à attendre est également liée à celle des calibres, notamment en Rhône-Alpes, en raison des températures élevées au cours de la saison. "La chaleur a entraîné une maturité plus rapide des fruits et a, logiquement, mené à une baisse de rendement notable", explique Raphaël Martinez. Côté Roussillon, des pluies conséquentes en mars, lors de la floraison des abricotiers rouges, ont impacté le rendement.
En revanche, aucun effet secondaire du gel d'avril 2021 n'a été à déplorer, en raison du phénomène d'alternance de production de l'arbre d'une année sur l'autre. "Ceci dit, les producteurs, craignant la répétition d'un tel épisode, ont peu éclairci, ce qui a joué sur le rendement, puisque les arbres étant trop chargés en fruit, le calibre s'est avéré plus bas", nuance-t-il. Mais si le potentiel de production s'avère moindre, même si la récolte ne s'achèvera que dans une quinzaine de jours, les conditions du marché s'annoncent, elles, plutôt favorables.
En effet, la récolte européenne a été, cette année, moins importante, en raison notamment des mauvaises conditions de production dans la région de Murcie, à la suite de pluies importantes, ainsi qu'en Catalogne, à la suite de l'épisode de gel au début du mois d'avril. Conséquence : le marché a été moins bien approvisionné, de quoi permettre à la production française de tirer son épingle du jeu.
Hormis une petite période de chauffe du marché sur les dix derniers jours de juin - période coïncidant avec le pic de production en France pour les variétés Lady CotCOV, Orangered®, Big Red®, Bergeval® ou encore KiotoCOV - "le marché a été très fluide. Il nous reste aujourd'hui à commercialiser 20 % de la récolte", indique Raphaël Martinez.
Toutefois, le contexte général de commercialisation est marqué cette année par une certaine tension sur les marchés liée à la baisse du pouvoir d'achat des consommateurs, qui se répercute sur les pratiques des enseignes, tirant les prix vers le bas et engageant, entre elles, une concurrence féroce à travers une politique agressive de promotions. Une fois de plus, la variable d'ajustement est le producteur.
"Au niveau des prix, on est en dessous de ceux de l'an dernier - de l'ordre de 10 à 15 % par rapport à 2021 et de 5 à 10 % par rapport à 2020 - et ce, bien que les prix de cette année restent toutefois à des niveaux corrects. Au final, l'année sera globalement satisfaisante pour les producteurs d'abricots, sans doute à l'exception de ceux du Roussillon avec la baisse des rendements attendue", suppose-t-il.
Si, là encore, les estimations nationales, à hauteur de 180 000 t, ne seront pas atteintes, en raison notamment d'une légère baisse de la superficie des vergers en Rhône-Alpes, ainsi que celle du rendement due à l'accélération de la maturité des fruits sous l'effet des conditions climatiques, "nous ne sommes pas loin du potentiel", se réjouit le directeur. Et ce, grâce 'à une stabilisation de la superficie des vergers, à un taux de renouvellement en AOP entre 7 et 8 %, et à une production moins sensible aux variations climatiques.
Côté marché, si la profession prévoyait toutefois, en début de saison, des tensions sur le marché, avec une politique agressive de la distribution à l'instar de ce qui s'est produit pour les abricots, la pénurie de pêches et de nectarines a inversé la vapeur, puisque la concurrence des produits espagnols n'aura pas lieu, du fait d'une moindre production dans ce pays et que, d'ores et déjà, il n'y a plus de stocks en France, "alors que nous sommes en milieu de campagne. Cela laisse donc présager une seconde partie de saison avec des prix élevés, même si on s'attend à des prix inférieurs à l'an dernier", commente Raphaël Martinez.
Ainsi, pour la septième année consécutive, les résultats économiques devraient être positifs pour les producteurs. Un point noir néanmoins au tableau : les résultats seront amputés par la hausse des prix de l'énergie et des emballages, la pénurie de palettes, de caisses et les problématiques récurrentes de main-d'œuvre, soit des coûts de production supplémentaires. Ce qui laisse présager encore quelques"bagarres" avec la distribution pour obtenir des prix satisfaisants.
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