Gard
Que septembre soit le neuvième mois de l'année n'en fait pas moins une période de rentrée. Après un été tout aussi chargé que le reste de l'année, la Confédération paysanne du Gard décidait, jeudi 19 septembre, d'ouvrir les portes d'une ferme d'un de ses adhérents, afin d'évoquer les principaux sujets qui solliciteront élus et journalistes jusqu'à la fin de l'année.
Avec l'arrivée d'investisseurs étrangers à l'agriculture dans les capitaux des exploitations, la Confédération paysanne craint le développement d'un modèle où les paysans seraient définitivement dépossédés de leurs terres.
© Crédit photo : ML
C'est la rentrée et la fin d'année s'annonce riche en actualités pour les syndicats agricoles. Avec les élections professionnelles qui auront lieu début 2025, il y a bien des sujets à évoquer chez les uns, comme chez les autres. À Massillargues-Attuech, la Confédération paysanne donnait donc rendez-vous aux élus et à la presse chez un de ses adhérents, l'éleveur bio en polyculture Tom Rampazzi. Depuis sa reprise de la ferme familiale il y a 13 ans, il a fait de son mieux pour faire évoluer les pratiques, notamment en gardant ses sols couverts, en limitant le travail du sol qui souffrait de grosses problématiques d'érosion, ou encore en récupérant le broyât de déchets verts de l'agglomération. À ce jour, il est autonome, sauf en sels et en carburant, avec un troupeau d'une vingtaine de mères.
Si c'est chez lui que la Confédération paysanne a organisé cette ferme ouverte, c'est entre autres parce qu'il mène ses bêtes à l'abattoir d'Alès. "Je les mène moi-même, car c'est le plus pénible pour elles qui sont toutes nées ici à quelques exceptions près. Après je récupère les carcasses et la découpe se fait à la ferme, dans notre laboratoire", explique Tom Rampazzi.
Comme beaucoup d'éleveurs du territoire, il s'inquiète de la fermeture de l'établissement, en suspens, après une mise en redressement judiciaire et plusieurs prolongations, dont la dernière en date arrive à son terme.
"La fermeture, je ne veux même pas y penser, car cela mettrait totalement en péril mon système", souffle-t-il. Il se souvient encore des difficultés qu'avait créé le scandale L214 en 2014 et ne voit même pas comment il sera possible en l'état actuel des choses d'aller porter ses bêtes bien plus loin. Surtout que depuis la fermeture de celui de Saint-Affrique dans l'Aveyron, les abattoirs aux alentours se sont rapidement surchargés. C'est notamment le cas de Pézenas.
"Ces jours-ci, les derniers échos laissent à penser que l'abattoir passerait en liquidation", rapporte Didier Marion, porte-parole de la Confédération paysanne gardoise. Pour Béatrice Ladrange, élue d'opposition à Alès, il y a eu un loupé dans les décisions pour la gestion de l'outil : "L'ouverture à l'agglomération aurait permis de se mettre en contact avec d'autres communes et de construire un modèle qui soit réellement au service des producteurs et de leurs besoins, quitte à faire un outil plus petit." Mais le redimensionnement n'est pas envisagé. "La position actuelle pose problème, car on nous demande de faire tourner à 4 500 tonnes à l'année pour montrer qu'on est capable avant de faire des investissement. Ce qui est deux fois et demi supérieur à ce qu'on est capable d'envoyer. D'ici à ce qu'on nous propose un outil plus petit, on va perdre du monde en route", insiste Simon Le Berre, viticulteur-éleveur à Martignargues. La décision a finalement été repoussée au mois de décembre. La situation reste donc en suspens.
"L'autre problématique qui nous mobilise au quotidien, c'est évidemment la fièvre catarrhale ovine qui fait des dégâts terribles, et avec une absence totale des services de l'État. Officiellement, nous avons 20 communes dans le Gard avec des foyers déclarés, mais tous ne le sont pas ", poursuit Didier Marion. Bien que les troupeaux soient décimés chez certains, une tendance à ne pas parler des cas s'est dessinée. Le porte-parole déplore l'inaction du ministère et des services de l'État. Pour lui, la situation pousse les éleveurs touchés à ne rien dire. "On cache les carcasses et ce sont finalement à l'équarrissage qu'on signale que c'est la FCO. Évidemment, à ce moment il est déjà trop tard pour faire la déclaration." De même, le manque de communication dans la presse accentue le phénomène.
Ajoutant à cela la rupture de vaccins contre le sérotype 8 actif sur la région d'après la Confédération paysanne, les difficultés sont nombreuses et la solitude est grande, explique Simon Le Berre : "J'ai perdu un bélier il y a dix jours. J'ai fait faire une prise de sang par le vétérinaire, et aujourd'hui je n'ai toujours pas de retour de la part du vétérinaire. Comment peut-on expliquer cela en pleine crise sanitaire ?" Il souligne par ailleurs le coût des vaccins, important - quand bien même il y aurait du stock - et difficile à soutenir dès lors que la taille des troupeaux s'élargit.
Conscients que les politiques ne sont pas des surhommes face à une telle crise, tous deux espèrent tout de même voir une personne porter enfin le dossier. " Car pour le moment le seul espoir de réduction de la maladie, chez beaucoup d'éleveurs, relève de la baisse de températures et donc du nombre de mouches... ", complète le viticulteur-éleveur, quelque peu désabusé.
Aux côtés de Didier Marion, porte-parole de la Confédération paysanne du Gard, Simon Le Berre, viticulteur-éleveur. Ils évoquent ensemble les difficultés de la filière.
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Aux yeux de Didier Marion, porte-parole de la Confédération paysanne du Gard, la situation des exploitations viticoles, et particulièrement des coopératives, est préoccupante : "Il y a des coopératives qui soldent 2022 et lâchent des cuves à 30 euros l'hectolitre, et un coût de revient à 50 euros." Avec la détresse des viticulteurs, la situation financière ne fait donc que s'aggraver. D'autant plus que cette année, le mildiou aura donné du fil à retordre aux viticulteurs, "qui n'ont parfois pas pu traiter au-delà du mois de juin à cause des difficultés financières". Pour lui, cette situation de crise s'est déjà produite, et amènera, comme dans le passé, à des pertes d'outils pourtant fonctionnels, et des difficultés sociales importantes.
De plus, face aux difficultés d'accès au foncier en viticulture, il souligne les risques d'une ouverture plus large des groupements fonciers viticoles à des entreprises privées, accusant l'État et la FNSEA de se mettre d'accord sur une solution qui défavoriserait les agriculteurs. "Plutôt que de réfléchir à pourquoi le paysan ne peut plus acheter sa terre, on va laisser des entreprises acheter pour eux et leur louer. Si les paysans ne peuvent plus être propriétaires de leurs terres, c'est tout un modèle qui va disparaître", insiste Simon Le Berre, vigneron à Martignargues.
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