BRUE-AURIAC
En parallèle à ses fonctions de directeur du Centre du rosé, Gilles Masson exploite, depuis 2002, un domaine viticole à Brue-Auriac, au cœur de l'AOP Coteaux varois en Provence. Un lieu qu'il conçoit comme un trait d'union entre ses deux métiers : scientifique et vigneron.
Gilles Masson, directeur du Centre du rosé.
© Crédit photo : JD
Certains y pensent tous les matins en se rasant. Gilles Masson a préféré prendre son temps avant de s'installer comme vigneron, rachetant quelques hectares de ci, de là. Avant de se décider à sauter le pas en 2002, averti par sa belle-mère que 22 hectares, d'un seul tenant, étaient à vendre dans son village de Brue-Auriac. "Nous avons réuni un conseil de famille et chacun a pris des parts dans le Groupement foncier agricole destiné à gérer le futur domaine," se souvient le quinquagénaire.
Une casquette de plus pour un homme qui les collectionne : œnologue, docteur en sciences de l'aliment, directeur depuis sa création en 1999 du Centre de recherche et d'expérimentation sur le vin rosé, et désormais vigneron. Une dernière "fonction" qu'il envisage comme un clin d'œil à ses grands-parents, "descendus depuis l'Auvergne dans le Midi pour louer leurs bras", notamment dans les vignes ; et au travail mené dans les laboratoires de R&D du Centre du rosé, avec ses équipes de recherche, pour donner ses lettres de noblesse à un vin, le rosé de Provence, longtemps déconsidéré, voire méprisé. Sa couleur, son équilibre entre notes fruitées et acidité, son mode de vinification... : c'est sur les paillasses des laboratoires de recherche du Centre du rosé, outil technique créé par et pour la filière, que se sont en partie fondées la success story et la notoriété de tout un territoire.
Autant dire que l'homme se savait attendu au tournant lorsqu'il a choisi de passer de la théorie à la pratique... Un challenge envisagé avec humilité et modestie, mais sur lequel il ne partait pas de zéro : "Nos travaux de recherche sont venus façonner un nouveau vin, fin et décalé, en collaboration avec les vignerons. Ce qui impliquait des expérimentations et des allers-retours avec eux, sur le terrain. Mieux connaître le métier de vigneron m'a permis de mettre en place des programmes de recherche très concrets et d'être un passeur entre deux univers : je ne voulais surtout pas être uniquement le chercheur en blouse blanche." Il trouve ainsi l'équilibre, entre son poste de directeur du Centre du rosé au sein duquel il est "engagé à 200 % depuis 27 ans", et le vignoble familial qu'il a progressivement structuré, en s'entourant d'une équipe de collaborateurs, au fil des années.
Les raisins de la propriété sont apportés pendant près de 15 ans à la coopérative. Il apprécie dans la coopération "l'esprit collectif et l'expérience de la vigne. Les coopérateurs ont les pieds sur terre, et ils m'ont appris à être plus pragmatique, y compris dans mes fonctions de directeur".
La première vinification au domaine n'intervient qu'en 2016, avec quelques surprises : "Le blanc et le rouge étaient supers, le rosé un peu trop technique", reconnaît le vigneron qui a, depuis, modifié son approche. "C'est la nature qui pilote, et je l'accompagne en m'appuyant sur les vignes et le terroir. Nous avons trouvé une harmonie entre les cépages, le parcellaire et la conduite de la vigne," explique-t-il.
Une confiance qui n'exclut pas les contrôles (de maturité notamment) dans la dernière ligne droite avant les vendanges, une phase qui exige réactivité et précision. En cave aussi, la précision est de rigueur. Ce qui n'empêche pas l'expérimentation, comme le choix du bois d'acacia pour les fûts dans lequel la cuvée rosé 'Études', la cuvée haut de gamme du domaine, est élevée neuf à dix mois. Une essence qui réussit plutôt bien à ce "rosé qui s'élève", selon le vigneron. "Le fruité est un peu gommé, mais au profit de notes plus épicées", apprécie Gilles Masson.
Plus de 20 ans après la création du domaine, ce dernier n'est pas épargné par un léger repli des ventes de rosé et de vin en général sur l'année 2024, à l'image de nombre de ses confrères. Un phénomène de déconsommation parfaitement identifié qui impacte de plein fouet la filière. Gilles Masson garde toutefois confiance dans les atouts de la Provence viticole. "Notre grande force, c'est le rosé, dont nous sommes des hyper spécialistes. Tenir ce cap implique de poursuivre notre démarche d'innovation sur cette typologie de vin, et peut-être d'élaborer des rosés qui s'élèvent et se patinent avec l'âge, comme des blancs ou des rouges, même si le rosé reste un vin à part", avance le vigneron, qui rêve de rendre cette couleur moins "météo dépendante".
Pour reconquérir une clientèle ultra-sensible à la question du pouvoir d'achat, Gilles Masson mise en partie sur l'œnotourisme et une présence accrue dans les salons BtoC. Le toit-terrasse du caveau de vente et de la cave, depuis lequel on embrasse le paysage à 360° - et le vignoble d'un seul tenant -, devrait ainsi accueillir convives et musiciens dès le retour des beaux jours. Une occasion aussi pour le vigneron de prendre le pouls de la clientèle : "La vente directe permet d'être à l'écoute des consommateurs," se réjouit-il par avance.
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