Bouches-du-Rhône 03/08/2021
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Irrigation gravitaire : des martelières connectées avec le GIEE ‘Eau Top’

En Crau, un collectif de huit agriculteurs planche, avec la Chambre d’agriculture, sur l’automatisation de l’irrigation à la parcelle, pour optimiser la distribution de l’eau et limiter le gaspillage.

Le GIEE ‘Eau Top’ et ses partenaires ont présenté leur démarche chez Cédric Garagnon, le 21 juillet à Moules. © E. Delarue

Les agriculteurs sont en permanence contraints d’adapter leurs pratiques, pour répondre aux évolutions de leur environnement et améliorer les performances de leurs structures. L’innovation en agriculture est, de ce fait, indispensable et, dans les Bouches-du-Rhône, elle se porte plutôt bien. Un collectif d’agriculteurs vient de se constituer, en Crau, pour créer le GIEE ‘Eau Top’. Il rassemble huit agriculteurs producteurs de foin de Crau, entre autres, afin de travailler sur l’automatisation de l’irrigation gravitaire. C’est l’Asa d’irrigation de la Haute Crau qui porte le projet, soutenue par une multitude de partenaires et animée par l’équipe de techniciens de la Chambre d’agriculture.

Comme l’explique le président de la Chambre d’agriculture, ce nouveau GIEE répond tout à fait aux exigences environnementales et aux attentes sociétales. “Chercher de nouvelles solutions pour aider les agriculteurs à élaborer une gestion de l’eau moderne, à la hauteur des enjeux climatiques de demain, est indispensable, d’autant que la société nous regarde. Il est aussi important de continuer d’expliquer à nos concitoyens que nous sommes très attentifs à la consommation en eau sur nos exploitations, et que les agriculteurs font tous les efforts nécessaires pour optimiser la ressource“, indique Patrick Lévêque. Le projet de développement du GIEE vise cet objectif, dans la mesure où l’automatisation des martelières va dans le sens d’une gestion quantitative et qualitative de l’irrigation.

Pour les exploitants de la Crau, l’innovation dans ce domaine doit permettre “d’économiser la ressource, mais aussi du temps et de la main-d’œuvre“, complète Lauriane Morel, conseillère spécialisée en gestion de l’eau à la Chambre d’agriculture.

Les membres de ‘Eau Top’ disposent de matériels financés dans le cadre du GIEE, des martelières automatiques et des détecteurs d’eau de bout de parcelle, développés par la start-up Silvercom, basée dans les Vosges. L’objectif du partenariat avec la Chambre d’agriculture est de pouvoir proposer, à terme, des solutions à faible coût et opérationnelles sur le terrain. Les équipements sont actuellement en phase d’expérimentation sur le terrain.

 

Pilotage et surveillance des capteurs

En pratique, le dispositif en cours d’expérimentation est simple. Dans le champ, une fois que l’eau inonde une parcelle, le détecteur de bout de parcelle émet un signal, via le réseau Lora pour des applications bas débit. Cédric Garagnon, exploitant à Moules, reçoit l’information sur son smartphone, ce qui lui permet ensuite d’activer à distance le vérin de sa martelière, avec l’application O-zone.

C’est l’outil développé par Silvercom pour le pilotage et la surveillance de capteurs. Avec cette application simple et intuitive, tous les membres du GIEE qui l’ont installée sur leur smartphone peuvent suivre ce qu’il se passe dans leurs champs, piloter l’ouverture et la fermeture de leurs martelières. Sur Moules, Cédric Garagnon doit, par exemple, activer pas moins de 70 martelières, sur ses 55 hectares de terres. L’automatisation de l’irrigation gravitaire des parcelles va ainsi considérablement simplifier son travail sur site. Il pourra surveiller l’arrivée d’eau au bout de son champ avec le détecteur, sans avoir besoin de s’y rendre, puis de fermer l’arrivée d’eau.

L’émetteur et les martelières sont autonomes, mais l’idée est que le capteur communique directement avec la martelière. Silvercom et son responsable, Samuel Saint-Hilaire, y travaillent.

Avec le développement de ces martelières connectées, le GIEE a d’autres ambitions : le collectif et la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône vont ainsi engager des actions visant à limiter l’utilisation de produits phytosanitaires dans les canaux, mais aussi travailler sur la valorisation des ficelles sur le foin de Crau, ou encore sur la culture de l’eau en Crau avec, cette fois-ci, le grand public pour cible. 

Emmanuel Delarue

 

 

ZOOM sur un canal qui profite à tous

Le canal de Haute Crau est un canal artificiel de 1 500 hectares de droits d’eau et de 500 adhérents. Il fonctionne gravitairement et utilise peu, ou pas, d’énergie et de matière“, explique Philippe Vial, président de l’Asa d’irrigation de Haute Crau. Il permet en effet d’irriguer 1 500 ha de plaines, pour assurer, notamment, la production du foin de Crau, mais aussi pour arroser l’arboriculture, la vigne et le maraîchage, présents dans la plaine. Le canal est, de ce fait, principalement utilisé pour l’agriculture. Mais l’irrigation gravitaire contribue également au réapprovisionnement de la nappe phréatique à hauteur de 70 %. Et cette nappe phréatique profite à tous. Quand l’eau traverse les couches géologiques, elle est naturellement filtrée, et l’environnement et la biodiversité en bénéficient.
Le canal, construit dans les années 50, fait aujourd’hui l’objet d’un vaste projet de rénovation. Et, comme l’indique le président de l’Asa, “les paysans ne peuvent plus aujourd’hui assumer seuls les coûts de fonctionnement du canal. Beaucoup de partenaires travaillent à nos côtés, et nous avons besoin d’évoluer, de changer nos pratiques. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons engagé la démarche avec le GIEE“.

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