France 11/04/2024
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Céréales

La lutte contre les maladies des céréales à paille

Inrae, l'Anses et Arvalis rappellent de concert comment et pourquoi il importe de limiter le développement des résistances aux fongicides des céréales à paille. L'application de ces recommandations retarde l'émergence et la progression des résistances et contribue à une agriculture durable. 

La septoriose est la maladie qui fait déclencher un premier traitement. En effet, elle arrive précocement, car l'inoculum est rarement limitant et les pluies hivernales lui permettent de passer de feuille en feuille au fur et à mesure que de nouvelles feuilles apparaissent. 

© Crédit photo : V. Marmuse / CAIA

La note, corédigée par des représentants d'Inrae, de l'Anses et d'Arvalis, dresse l'état des lieux, par maladie et par mode d'action, des résistances aux fongicides utilisés pour lutter contre les maladies des céréales à paille, tout en formulant des recommandations pour éviter le risque d'évolution des résistances.

Cette note se base, d'une part, sur la connaissance des statuts des résistances dans les populations (occurrences et fréquences des résistances, régions concernées, pertes d'efficacité éventuelles observées dans les essais), et d'autre part, sur la connaissance des mécanismes de résistances et les caractéristiques des souches résistantes. 

Limiter la résistance aux fongicides 

Quelques recommandations peuvent ainsi être faites : 

sur blé comme sur orge, limiter l'utilisation des fongicides SDHI à une seule application par saison ;

sur blé, face à la progression des résistances multiples, n'intervenir que si strictement nécessaire et maintenir si possible un fongicide multisites dans le programme  ;

sur orge, pour éviter de sélectionner davantage des souches présentant une résistance multiple, le recours à l'utilisation d'un mélange trois voies Qol + SDHI + IDM doit être rigoureusement limité aux situations où l'helminthosporiose est très difficile à contrôler ;

sur rouilles des céréales, éviter de recourir aux SDHI, préférer les associations de triazoles et de Qol.

Ne pas démarrer trop tôt son programme fongicide blé

Depuis plusieurs campagnes, le traitement fongicide 2 nœuds (voire un peu plus tard) (appelé T1) ne fait plus recette. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène : séquences climatiques peu favorables aux maladies, efficacité des solutions utilisées en T2 (au stade 'dernière feuille'), progression de la tolérance des variétés à la septoriose.

En moyenne, le poids du T1 est de 1,8 quintal par hectare brut sur blé tendre, et n'est rentable que dans 27 % des situations, hors arrivée précoce des rouilles (synthèse de 378 essais de 2013 à 2021). Le coût estimé du T1 est d'environ 3 q/ha. 

L'impasse du T1 est préconisée pour les variétés peu sensibles à la septoriose (note septoriose ≥ 6,5), sauf arrivée précoce de la rouille. Dans le Sud-Ouest, selon une enquête menée par Arvalis en 2023, un quart des variétés cultivées - comme Izalco CS, Prestance, Rgt Cesario, Rgt Letsgo - sont peu sensibles à la septoriose et ne nécessitent pas de T1 (traitement avant étalement de la dernière feuille). 

Pour les autres variétés, il est essentiel de s'adapter aux conditions de l'année et de suivre l'évolution des maladies (BSV, observation des symptômes ou outils d'aide à la décision), en particulier pour les 19 % de variétés cultivées les plus sensibles - par exemple : Oregrain, Providence, Rgt Montecarlo, Apache,...).

Quels risques pour 2024 ?

De manière générale, la septoriose est la maladie qui fait déclencher un premier traitement. En effet, elle arrive précocement, car l'inoculum est rarement limitant et les pluies hivernales lui permettent de passer de feuille en feuille au fur et à mesure que de nouvelles feuilles apparaissent. Un climat sec limitera les contaminations nuisibles pour les blés, tandis que des pluies maintiennent la pression. Ensuite, c'est la rouille brune qui peut devenir très nuisible. Elle arrive généralement en post-épiaison, mais sur blé tendre sa présence, ses dernières années, s'est manifestée beaucoup plus tôt. Plus la rouille brune arrive tôt, plus elle est nuisible.

Zoom sur la septoriose et sur les rouilles pour la campagne 2024

Le niveau d'inoculum de septoriose, estimé par le modèle Septo-LIS, est à ce jour plus important que les deux dernières campagnes, l'ouest de la région étant à un niveau plus important, en lien avec une pluviométrie et une douceur marquée. 

Pour les semis retardés au 20 novembre, le niveau d'inoculum septoriose, estimé par le modèle Septo-LIS, est logiquement plus faible (voir carte ci-dessus).

Pour autant, ce sont les conditions climatiques rencontrées à partir de maintenant pour les zones les plus avancées en stade qui aboutiront à un scénario d'attaque précoce ou non, l'inoculum septoriose étant rarement limitant. Les conditions climatiques entre le stade 2 nœuds (au moment où la F2 définitive pointe) et la floraison sont déterminantes sur la nuisibilité finale de cette maladie. Il convient donc de suivre la progression de la maladie pour intervenir au bon moment. Veillez à ne pas anticiper, car depuis plusieurs années, une période de sec s'installe en avril, et stoppe le développement de la septoriose, les T1 (au stade 2 nœuds ou dernière feuille pointante) deviennent alors inutiles, et les traitements T2 (au stade dernière feuille étalée) sont suffisants pour contrôler la septoriose. Cela dépendra de chaque situation et du climat dans les semaines à venir.

Côté rouille brune, son expression sur une campagne dépend de plusieurs facteurs : 

L'inoculum de base en début de campagne. Est-ce que la maladie a pu survivre pendant l'interculture et contaminer les blés ? Généralement quand la rouille brune a été très présente une année et que l'interculture n'a pas été spécialement sèche, on retrouve une pression assez importante l'année suivante. C'est le cas du blé tendre dans la région, très concerné l'année passée. Le blé dur est largement moins concerné, mais probablement plus que l'année dernière, car les attaques tardives ont maintenu l'inoculum et que la sécheresse estivale n'a pas été spécialement marquée.

Ensuite, les conditions climatiques de l'hiver et du printemps vont permettre à l'inoculum de base de s'exprimer plus ou moins fortement. Les conditions climatiques favorables à la rouille brune sont des températures élevées, ainsi que des conditions de présence d'eau libre (pluies, rosée, hygrométrie saturante). Cette année, les conditions de l'hiver ont été idéales pour la maladie avec des températures extrêmement douces depuis les semis et des pluies excessives. Le climat est très favorable au développement de la rouille brune.

Il convient donc d'être très vigilant sur les blés tendres et les blés durs. Néanmoins, dans de nombreuses situations, la maladie sera contrôlée par les interventions au stade 'dernière feuille étalée'. Veillez à bien attendre que la dernière feuille soit bien étalée, dans le cas contraire, la maladie se développera sur la partie de feuille non traitée quand elle s'étalera.

Les attaques qui atteignent le seuil de nuisibilité avant le stade'dernière feuille étalée' peuvent arriver en particulier sur variété sensible et en année à risque, pour rappel, à partir du stade 2 nœuds, dès l'apparition d'une pustule sur les 3 feuilles supérieures présentes, une intervention est recommandée pour préserver le potentiel et enrayer l'attaque.

Source : Arvalis •

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