"Le gros coup de chaud après le 15 août a fait accélérer la cueillette des blancs. On a commencé mercredi (23 août) avec le chardonnay." La canicule qui s'est abattue a commencé à dessécher les grappes. Il ne fallait pas tarder à récolter. Les viticulteurs ne s'attendaient pas à ce gros coup de chaud et ont décidé de démarrer les vendanges, mais très tôt le matin de 4 h 30 à 9 h. Car déjà après 9 h, la chaleur devenait plombante. Lidvine Lacombe, viticultrice en nom propre à la coopérative des vignerons de Tornac dans le Gard est assez contente des premiers raisins rentrés à la cave : "Ils sont très beaux, mais les grains sont plus petits. À la cave, nous sommes presque tous en bio et l'eau ce printemps a imposé une grosse pression phyto." Assez difficile donc de se prononcer du côté des volumes. Ils devraient être en baisse. 

Même constat au sud du département. "Ce n'était pas encore très mûr, mais la face des blancs côté soleil a commencé à brûler. Avec trois ou quatre jours à 43°C, on ne pouvait plus attendre !", témoigne Christophe Aguilar, vigneron au domaine de la Patience à Bezouce, à l'ouest de Nîmes. "Surtout pour ceux qui avait écimé. Avec moins de feuilles, l'exposition était trop importante !" Évaporation de l'eau, concentration des sucres, maturité phénolique : l'habile calcul habituel a été contrarié par cette météo écrasante. Aussi, "il ne faudra pas tarder pour les rosés si l'on ne veut pas que les grains prennent trop de couleur !", comme c'est le cas notamment des grenaches rosés. "Si l'on attend, on perd de l'acidité et on prend de la couleur." Ce qui ne correspond pas au goût du consommateur. Pour Christophe Aguilar, le millésime se présente plutôt bien. Dans cette zone, ils ont été épargnés par le mildiou et ont eu de la pluie, juste ce qu'il faut. "Dans le Gard, on est tous un peu dans la même situation : de la pluie au printemps et le coup de chaud. C'est le terroir qui fera la différence avec une terre plus ou moins fertile et capable de supporter les conditions." Pour l'avenir cependant, "il faudra peut-être prendre des habitudes du sud de l'Espagne, s'adapter...", s'interroge le vigneron. Il a observé - comme tous - l'évolution de ces 25 dernières années avec des crises majeures liées au climat tous les trois à quatre ans.

Le petit coup de chaud a accéléré le démarrage 

"Ça a bien commencé", confirme Anthony Bafoil, vigneron sur 50 ha et président de la coopérative de Lédignan près d'Anduze (et de la fédération des vignerons coopérateurs du département). "Le sauvignon est rentré, le chardonnay est en cours, puis ce sera le tour du pinot. Les volumes sont moyens. Aussi, cela dépend des parcelles. C'est très variable." Au nord du département, les vignes ont souffert. Entre les fortes pluies de printemps et la sécheresse de l'été, cela a été une année compliquée, bien que très aléatoire. "Sur mes parcelles, entre Ribaute-les-Tavernes où il est tombé 220 mm et Savignargues, seulement 80 mm, il n'y aura pas les mêmes rendements. Pourtant il n'y a que 10 ou 12 km entre les deux !" Pour la qualité cependant, elle est vraiment supérieure, beaucoup plus aromatique. "Quand on benne à la cave, les arômes sont très présents. Les grains ont eu de l'eau et du soleil. Ça fait plaisir de retrouver une vendange grasse !" souligne le vigneron.

La petite pluie du week-end (10 mm) a été la bienvenue en faisant chuter la température, mais ne changera rien à la production. "Peut-être une petite baisse du degré des rosés." Pour l'heure, les vendanges se poursuivent comme prévu, cépage après cépage jusqu'au 15 septembre. "Pour les merlots, encore quelques jours à attendre. Les peaux ne sont pas mûres."