GRANDES CULTURES
Lors du colloque Syppre de juin dernier, les équipes de la plateforme expérimentale, accompagnées des agriculteurs, ont présenté différentes manières de détruire des couverts végétaux en sols argileux, les réglages et les modalités de mise en œuvre...
En fonction de l'outil utilisé, Anthony Cazaban, technicien chez Arvalis, compare le sol avec un "frigo géant", notamment pour les graminées qui y trouvent un endroit idéal pour le repiquage.
© Crédit photo : AL
La destruction des couverts végétaux est tout aussi importante que leur implantation, notamment dans les sols argileux des coteaux du Lauragais. Une demi-journée tournée vers la pratique, avec diverses démonstrations d'outils pour la gestion des couverts, était organisée en juin dernier. En place pour ces essais, un couvert de féverole bien implanté face à une multitude d'outils, tous comportant avantages et inconvénients. Organisation du travail, coût d'investissement et objectifs visés... Pour se faire une idée, quoi de mieux qu'un retour direct des utilisateurs, à savoir les agriculteurs eux-mêmes !
En introduction, Anthony Cazaban, technicien chez Arvalis pose une base de réflexion commune. "Le but, c'est d'avoir des combinaisons d'outils, tout en gardant en tête que chaque paramètre va influencer tous les autres." Gestions des résidus, des adventices, du lit de semences pour la culture suivante, stade du couvert pour la destruction... c'est un véritable puzzle qu'il faudra assembler, afin d'adopter la meilleure approche de travail pour éviter les soucis, tant pour l'implantation que pour la réussite de la culture suivante.
La plateforme expérimentale Syppre a cela d'ingénieux qu'elle rassemble l'expérimentation et la production, puisque les agriculteurs sont associés aux essais. Pas étonnant donc de leur donner la parole, et dans ce cadre, c'est Yannick Jean, agriculteur à Montesquieu-Lauragais (Haute-Garonne), qui a lancé le bal. Cet agriculteur a fait le choix du déchaumeur à disques indépendants équipé d'un rouleau. Cet outil permet le broyage du couvert et, dans un même temps, l'obtention d'un sol facilitant un bon contact entre la semence et la terre, atout non négligeable pour pouvoir installer une culture comme le sorgho ou le tournesol. "Semer sur un sol propre est primordial", rappelle-t-il. Point noir, l'outil reste problématique dans la gestion de vivaces, comme le chardon qu'il risque de multiplier, mais aussi du raygrass. Pour cela, le couvert est densifié afin d'être plus concurrent vis-à-vis de ces adventices.
Depuis sept ans maintenant, Sébastien Delmas, agriculteur à Goujounac (Lot), est adepte des couverts végétaux, souvent placés entre du blé et du tournesol, ou du sorgho et du maïs. "J'ai choisi de diminuer au maximum les interventions culturales et de travailler sur les cinq premiers centimètres. Pour cela, on sème les couverts après un passage de déchaumeur ; on les détruit ensuite avec un passage de herse étrille ; puis on enchaîne sur un semis." Le passage de la herse rotative permet d'avoir des levées beaucoup plus régulières, car le lit de semences est plus fin.
Pour réaliser son mélange, Sébastien utilise de la féverole à 130 kg/ha, à laquelle il ajoute de la vesce, phacélie, radis chinois (10 kg/ha en tout) qu'il va semer en même temps. "Le fait de semer le mélange à la même profondeur rend la tâche un peu complexe, car je n'ai qu'une profondeur de semoir. À cela, j'essaye de trouver la moyenne la plus équilibrée."
De son côté, Éric Zambon, agriculteur à Ayguesvives (Haute-Garonne), tente de réduire l'utilisation des produits phytosanitaires au travers de cette pratique. "Je réalise beaucoup de binages entre le tournesol et le sorgho. Néanmoins, les couverts végétaux sont un handicap pour la bineuse, et même pour la herse étrille, car il y a souvent trop de débris sur place." D'où l'idée de mettre un broyeur à l'avant, qui va permettre de réduire la biomasse, et un scalpeur à l'arrière. En un seul passage, cet outil permet de broyer, scalper et laisser le sol prêt à semer. L'inconvénient premier réside dans sa dimension. "Avec un broyeur de trois mètres de large, c'est parfois délicat, et on passe beaucoup de temps à broyer, sachant qu'il faut éviter les conditions humides qui vont accentuer la formation de semelle."
Pour la composition du mélange, Éric Zambon a choisi de faire ses semis de couverts en deux fois : après le colza, il implante le mélange trèfle incarnat/vesce du Bengale/moutarde/phacélie, pour ensuite mettre en place un mélange féverole/phacélie, réservé pour les cultures gourmandes en azote comme le sorgho.
Agriculteur à Maurens (Haute-Garonne), Damien Mazières - pourtant champion de France de labour en 2019 - trouve aujourd'hui un sens au TCS (Techniques culturales simplifiées, ndlr) et aux couverts végétaux. Passionné de mécanique agricole, c'est au pied de son rouleau hacheur à doubles rouleaux de six mètres de large qu'il défend son changement de cap. Avec ce type d'outil, l'avantage premier reste le débit de chantier. Avec une consommation de 3 litres/ha à plus de 14 km/h, ce dernier se réjouit de "pouvoir plier 30 hectares en une après-midi". Reste qu'une chose le chagrine : la gestion de la biomasse, notamment quand il est question du sorgho fourrager... qui arrive parfois à la hauteur de la cabine ! "Plus il est gros et plus c'est ligneux. Et même broyé, au printemps, on le retrouve encore, ce qui peut engendrer des problèmes de limaces et de taupins."
Avec une exploitation en coteaux sur plus de 50 % de sa surface, érosion et manque de matière organique restent des problèmes récurrents. Pour redresser la tendance, Damien Mazières mise donc sur les couverts. Même s'il ne cache pas que ses premiers essais de sorgho fourrager ont été motivés directement par la réglementation Pac et la mise en place des Surfaces d'intérêt écologique (SIE), il admet que, "finalement, ça rapporte quelque chose, tant et si bien qu'aujourd'hui, c'est devenu un choix plus qu'une obligation".
Enfin, Maurice de Guébriant, agriculteur à Montesquieu-Lauragais (Haute-Garonne), présente un outil de semis direct monograine, qu'il partage avec deux autres collègues en Cuma. "On voulait un semoir qui avait un bon débit de chantier et qui offrait la possibilité de semer en direct ou après un labour." C'est donc chose faite. Troisième saison d'utilisation sur plus de 250 ha de cultures de printemps, le chasse débris rotatif a été déterminant dans le choix de l'agriculteur, tout autant que la lourdeur de l'outil, qui permet une bonne pénétration dans le sol. "En revanche, la difficulté est que l'on a parfois du mal à refermer la ligne", admet-il.
L'outil inclut également la fertilisation, ce qui permet de réduire les passages, mais aussi de pouvoir fertiliser localement lors du semis. S'il s'est fait au départ la main sur une parcelle d'un hectare avec de la féverole, les couverts végétaux s'étendent aujourd'hui sur plus de 70 ha. Avec l'augmentation de la surface, le mélange se complexifie avec l'ajout de vesce et de radis. "Je continue mes recherches dans le choix des espèces, afin d'avoir une meilleure exploration des horizons du sol, grâce aux différents systèmes racinaires de mon mélange." Pas de magie donc : adaptation et opportunisme sont des valeurs sur lesquelles l'agriculteur devra s'appuyer. Dans tous les cas, une combinaison d'outils et une adaptation aux conditions du sol et du climat restent essentielles pour un résultat satisfaisant.
POUR ÊTRE précis-
Sur les cinq années d'expérimentation, le système innovant testé a été maîtrisé en termes de gestion des ravageurs, des maladies et de la nutrition azotée. En revanche, la gestion des adventices reste difficile dans un contexte où l'on cherche à ne pas faire usage de glyphosate, tout en limitant le travail du sol et en favorisant la présence de couverts pour limiter les risques d'érosion. Des alternatives sont mises en œuvre, mais les conditions climatiques de l'année n'ont pas permis d'atteindre les niveaux d'efficacité souhaités. En l'occurrence, en 2020-2021, le mauvais développement des couverts lié à l'été sec a favorisé un salissement des parcelles en ray-grass. S'ils ont pu être en partie gérés par de nombreux passages d'outils avant l'implantation des céréales, les phénomènes de repiquage ont été nombreux du fait de l'humidité de l'automne. Le non-recours au glyphosate complique également la gestion de l'interculture et des couverts notamment.
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