Astredhor Méditerranée
Désormais Astredhor Méditerranée, la station d'expérimentation spécialisée en fleurs coupées de Hyères, est en pleine transition. Entre rénovation et nouvelle organisation, l'ancien Scradh évolue pour mieux accompagner la filière.
Philippe Courbon, président du conseil territorial d'Astredhor Méditerranée, et Laurent Ronco, son directeur, devant la nouvelle serre en cours d'aménagement.
© Crédit photo : GL
2022 est sans aucun doute une année riche de changements pour le Scradh. Devenu Astredhor Méditerranée au 1er janvier - dans le cadre de l'unification des stations d'Astredhor pour former l'Institut des professionnels du végétal -, la station d'expérimentation et d'application horticole entame, en parallèle, un projet ambitieux de rénovation, dont les premières réalisations ont pu être présentées à l'occasion des journées portes ouvertes, organisées les 10 et 11 no- vembre derniers.
L'intégration au sein d'une même structure juridique des différentes stations du réseau Astredhor étant désormais actée, les équipes s'attellent maintenant à l'harmonisation de la gestion comptable et des ressources humaines. "Tout ça se fait au fur et à mesure. Ce n'est jamais simple de prendre de nouvelles habitudes, mais on avance avec Cécile Andrée, nouvelle directrice d'Astredhor, chargée de la mise en œuvre de l'unification", explique Philippe Courbon, président de la nouvelle unité territoriale.
"Chaque station conserve sa spécificité. À Hyères, notre site reste ainsi référent sur la fleur coupée. On se concentre toujours sur la production ornementale, avec également de la pépinière. Mais on ne s'interdit pas d'explorer d'autres fins, comme la cosmétique ou autres. Cela pourrait permettre d'ouvrir de nouveaux débouchés aux horticulteurs, et apporter un complément de revenu en soutien de l'ornemental", poursuit-il.
L'unification a pour objectif d'optimiser le fonctionnement des stations pour mieux accompagner les professionnels. "Grâce à un tronc commun de trésorerie, le but est de mieux gérer et d'optimiser certains coûts. Au niveau de l'expérimentation, cela facilite les échanges entre les stations et évite les doublons. Et puis, être uni est important pour être reconnu au niveau national. L'horticulture est une petite filière : il faut se fédérer pour se faire entendre", défend Philippe Courbon à ce chapitre.
En parallèle de la mise en place de sa nouvelle organisation, la station a avancé cette année sur le vaste projet de rénovation, financé par la Région Sud et qui se décline en deux phases. La première a d'ores et déjà permis de remplacer le système informatique de gestion de la ferti-irrigation de serres existantes, mais aussi de monter une serre multichapelle double paroi de 600 m². L'équipement est désormais en attente de l'installation d'écrans thermiques. "Les prix évoluent tellement vite qu'il est très compliqué d'obtenir des devis auprès des fournisseurs. C'est difficile à gérer", déplore Laurent Ronco, directeur du site. L'outil est destiné à abriter des essais de cultures pleine terre. "L'avantage de cette serre, équipée d'un ordinateur de gestion indépendant, sera de travailler sur la maîtrise du climat, en évitant les pics de chaleur et d'humidité grâce aux ouvrants et aux écrans", précise le directeur de la station.
La prochaine étape doit être l'aménagement d'un site de vente, dans une partie de la serre principale actuelle, en partenariat avec l'Agricampus voisin. Le point de vente aura en effet une vocation pédagogique, notamment pour les étudiants en BTS 'Technique et force de vente'. "On aura aussi un point de vente expérimental pour recueillir des données sur la façon dont nos produits sont perçus en local, que ce soit en fleurs coupées ou en pépinière. L'idée derrière tout ça, c'est aussi de faire participer les élèves de l'Agricampus à certains de nos projets", détaille Laurent Ronco. Une salle de tenue en vase doit également être aménagée, pour assurer les tests actuellement réalisés à Antibes.
La deuxième phase de la rénovation à l'œuvre prévoit la construction d'une nouvelle serre high-tech. "Il s'agira d'une serre connectée à distance, qui limitera les intrants et la consommation d'énergie, des défis majeurs pour la production. Mener des expérimentations dans ces conditions est aussi indispensable pour motiver la jeune génération", présente Philippe Courbon.
Les journées portes ouvertes d'Astredhor Méditerranée, qui viennent chaque année mettre en valeur les nombreux essais menés en matière d'innovations variétales et de techniques culturales, étaient d'ailleurs résolument tournées vers l'avenir et proposaient deux conférences sur le thème de l'horticulture connectée.
L'occasion de revenir sur les travaux conduits par la station depuis 2017 sur l'ombrage dynamique de cultures de pivoines. Ce programme expérimental est mené en partenariat avec la Région Sud, l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée, le Département du Var et la société Ombréa. Il doit répondre aux aléas du climat qui pèsent à la fois sur la prise de froid nécessaire à la plante en hiver, et sur les rendements et la consommation d'eau en été, en raison des températures élevées. "L'ombrière photovoltaïque connectée installée sur la culture est équipée de différents capteurs. Les données vont être traitées par un algorithme et vont permettre d'adapter le pilotage de l'ombrage selon le cycle de la plante", expose Jérôme Coutant, ingénieur d'expérimentation de la station.
Les résultats obtenus ces dernières années montrent des effets certains. "On voit, grâce aux sondes de température positionnées à différentes profondeurs, que l'ombrière écrête la température au sol et a un impact sur le gain de l'indice de froid, qui peut aller jusqu'à 40 % selon les années. On observe, d'autre part, une limitation du stress thermique en été. On arrive à perdre jusqu'à sept degrés au niveau de la température au sol. L'effet 'four' est diminué, avec une humidité un peu plus élevée sous couverture que sans", relève encore Jérôme Coutant.
En matière d'irrigation enfin, la consommation d'eau est réduite de 23 % en moyenne sur trois ans, et 80 % de cette économie est réalisée pendant l'été. "On voit aussi que le feuillage est en meilleure santé, qu'il se dégrade moins vite. En plein champ, fin août, les plants de pivoine sont grillés. Sous ombrière, on arrive à prolonger le cycle de quatre à cinq semaines. En matière de rendement, la modalité ombragée fait au moins aussi bien que le témoin", poursuit Jérôme Coutant.
Dans le même esprit d'innovation, la station participe aux travaux de l'Unité mixte technologique (UMT) 'Fiorimed', qui vise à diminuer l'usage des pesticides et s'intéresse notamment au développement d'outils connectés. L'Astredhor Méditerranée accueille dans ce cadre un piège équipé d'un système de captation d'images à reconnaissance automatique d'insectes, dont la capacité à reconnaître les petits ravageurs est actuellement à l'essai. Un des objectifs de l'UMT 'Fiorimed' - sur la base de la collecte de données biologiques et climatiques - est, à terme, de développer une application numérique à destination des techniciens et conseillers, de sorte à faciliter la prise de notes sur le terrain et à mieux exploiter les données à disposition en phase diagnostic. Bien sûr, ces outils n'enlèvent rien à l'importance de l'œil expérimenté des producteurs. Mais visent à éclairer les prises de décisions et à favoriser les pratiques les plus vertueuses.
"Comme les horticulteurs, on subit en station les aléas climatiques, les difficultés d'approvisionnement, l'augmentation des coûts... Aujourd'hui, un itinéraire de culture performant, c'est moins de personnel, moins d'énergies et moins d'intrants, et Astredhor Méditerranée est là pour expérimenter et ouvrir des portes. L'expérimentation est absolument indispensable au développement de voies de production performantes et rentables, tout comme l'implication des professionnels dans nos travaux", appuie pour finir Philippe Courbon.
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