Depuis 2017, le marché d'intérêt national (Min) de Montpellier, sous son identité de Marché Gare, bénéficie d'un pôle transformation regroupant une conserverie, plusieurs ateliers de découpe de viande, des entrepreneurs, des services logistiques... Mardi 5 novembre, le Marché Gare inaugurait la première phase des travaux d'agrandissement de ce pôle qui, à terme, s'étalera sur 4 000 m². Un projet par ailleurs récompensé par le Trophée des EPL, décerné par la fédération des entreprises publiques locales en 2024, dans la catégorie 'Attractivité du territoire', en tant que "projet majeur pour la transition écologique et solidaire, et la lutte contre la précarité alimentaire".

Une inauguration qui résonne tout particulièrement pour Marie Massart, présidente du Min et adjointe au maire de Montpellier déléguée à la politique alimentaire et l'agriculture urbaine, quelques jours après les terribles inondations subies par les Espagnols à Valence : "Outre le drame humain, cette situation nous rappelle également notre responsabilité passée et future dans le dérèglement climatique. Nous nous devons d'agir et devons accompagner les agriculteurs comme les consommateurs." La commune et la métropole, au travers du Marché Gare, entendent effectivement poursuivre leur action.

Déjà au sein même de la structure, une veille s'est mise en place pour offrir une place de choix à la production bio, locale, une gestion des déchets et des déplacements plus responsables..."Ce projet d'extension s'inscrit dans une modernisation globale du Marché Gare", souligne la présidente du Min. La ville ayant fait le choix de conserver le marché sur cet emplacement, malgré une forte extension urbaine depuis la création du site, la modernisation était en effet devenue essentielle pour y maintenir de l'activité.

Partager les ateliers pour compresser les charges

Grâce à 3,7 millions d'euros financés par le Marché Gare, dont 23 % d'aides de l'État et une participation financière de la Région Occitanie à hauteur de 80 000 euros, cette première partie d'extension permet au pôle transformation d'atteindre 3 000 m², une deuxième phase étant prévue pour 2025. Grâce à cela, le nombre d'ateliers passe de 8 à 15, dont 2 partagés. "L'objectif était véritablement de permettre à des petites structures qui ne peuvent investir, ou souhaitent tester une production sur de petits volumes, d'avoir des locaux", explique Marie Massart. Une façon, pour les soutiens de ce projet, de favoriser l'implantation des entreprises de transformation sur le territoire.

C'est par exemple le cas de Raphaël Bonnet, ancien cuisinier dans un restaurant japonais montpelliérain qui fonde l'Atelier Bizarre à l'automne 2024. Il se présente comme artisan fermenteur, proposant des préparations de légumes fermentés - telles que du kimchi, un plat traditionnel coréen composé de piments et de légumes fermentés, ou des sauces végétales et véganes - à destination des professionnels de la restauration et des particuliers.

"Ici se jouent probablement les nouvelles pratiques alimentaires des décennies à venir"

Pour lui, intégrer les ateliers du Marché Gare revient à s'insérer dans un écosystème. "Nous sommes dans un atelier semi-partagé avec une autre entreprise, d'environ 20 m², ce qui nous permet d'avoir un lieu pour faire nos préparations, mais aussi de compresser nos charges de fonctionnement", souligne l'entrepreneur. Dans l'idée, il aimerait développer des partenariats avec des producteurs locaux, d'autant qu'avec une femme maraîchère, la résonance de son activité avec l'agriculture locale lui paraît évidente.

Un outil pour une politique alimentaire cohérente

Pour Michaël Delafosse, maire de la ville de Montpellier et président de la métropole, le Marché Gare est "un atout pour construire une politique alimentaire cohérente sur le territoire. Il y a une certaine fierté à se dire que l'on a des producteurs qui produisent des pommes à Mauguio, pommes qui seront mangées au collège Camille Claudel et auront fait étape ici pour la transformation. C'est une étape importante qui prouve que la démarche ne relève pas d'un simple 'Y a qu'à, faut qu'on'. Elle nous permet des avancées en matière de viabilité et de création de valeur, tout en dessinant des chemins de dignité pour donner du travail", poursuit le premier édile. Quelque 100 emplois directs seront notamment créés sur l'ensemble du pôle grâce à cette extension, "dont une partie sera consacrée aux personnes en situation de handicap ou en insertion".

Dans le quartier de la Restanque, futur 'Montpellier Sud', une grande transformation s'opère donc. Réinvestissement de l'habitat urbain, troisième caserne de pompiers pour 2025, cité de l'alimentation et nouvelle cuisine centrale pour 2028, création de halles..."La transformation se joue à toutes les échelles", martèle le maire. Accompagner celle-ci est pour lui une manière d'accompagner également les agriculteurs : "Ici se jouent probablement les nouvelles pratiques alimentaires des décennies à venir." Michaël Delafosse est d'ailleurs tout à fait conscient que le travail ne s'arrête pas en si bon chemin. La modernisation étant entamée, il faudra désormais penser à la prochaine feuille de route pour l'avenir. À échéance 2026 (fin du plan actuel 2021-2026), la ville vise notamment l'objectif que 100 % des aliments servis dans les 87 cantines de la ville soient issus du bio et/ou du local.

"Réussite collective", "conjugaison heureuse", les mots choisis par Frédéric Poisot, secrétaire général de la préfecture de l'Hérault, démontrent une certaine satisfaction. "Dans un département avec un taux de chômage qui flirte avec les 10 %, il faut des projets de ce type à conjuguer avec le territoire", insiste-t-il, avant de citer Henri Ford comme pour asseoir un peu plus son propos : "Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite." 

Près de 50 % des produits vendus sont locaux, le plus fort taux en France pour un Min en métropole

+ de 220 entreprises utilisent le Min pour la distribution alimentaire, dont environ 60 producteurs et 60 grossistes alimentaires et horticoles

175 millions d'euros de transactions par an

3 000 professionnels s'y approvisionnent

520 emplois directs, + 100 nouveaux emplois sur la zone grâce à l'extension

4 000 m2 à la fin des travaux d'extension du pôle

Passage de 8 à 15 ateliers de transformation, dont 13 privatifs et 2 partagés

3,7 millions d'euros pour financer le projet