Visite préfectorale
Fraîchement installé dans le Var, le nouveau préfet du département, Philippe Mahé, s'est rendu à la cave coopérative de Gonfaron, le 12 septembre. L'occasion d'échanger sur les questions de l'eau et du futur Agropole avec des représentants de la filière.
Accompagné du sous-préfet de Brignoles, Charbel Aboud, et du maire de Gonfaron, Thierry Bongiorno, le préfet Mahé a rencontré le vice-président de la Chambre d'agriculture, Sylvain Audemard, le président des Côtes de Provence et des Vignerons de Gonfaron, Éric Pastorino, et l'élu de la Chambre d'agriculture et coopérateur, Bernard Filisetti.
© Crédit photo : GL
Arrivé du Finistère où les questions agricoles ne manquent pas, Philippe Mahé - qui succède à Evence Richard au poste de préfet du Var - avait à cœur d'aller rapidement à la rencontre de l'agriculture varoise et a commencé par la viticulture. Moins d'un mois après sa prise de fonction, il a été accueilli par la cave coopérative de Gonfaron. Accompagné du sous-préfet de Brignoles et du maire de la commune, il y a été reçu par Éric Pastorino, président des Vignerons de Gonfaron et du Syndicat de l'AOC Côtes de Provence, Sylvain Audemard, vice-président de la Chambre d'agriculture, et Bernard Filisetti, coopérateur et élu consulaire.
Pour les professionnels de la filière viticole, la visite des installations de la coopérative a bien sûr été l'occasion de présenter le savoir-faire de la Provence, ses terroirs, ses vins et son rosé en particulier. "La viticulture provençale a fait le choix du rosé et les caves ont beaucoup investi pour faire des vins de qualité", rappelle Éric Pastorino à l'attention du représentant de l'État.
La rencontre a surtout permis d'attirer l'attention du nouveau préfet sur deux dossiers en particulier : celui de l'irrigation et celui du futur Agropole, qui doit notamment abriter le Centre du rosé.
Sur la question aussi cruciale que sensible de l'eau, les viticulteurs présents pointent les conséquences du changement climatique, avec des épisodes de sécheresse qui se font plus fréquents et plus intenses que le passé. "Jusqu'ici, on vivait de nos sources et de nos forages, mais ce n'est plus possible aujourd'hui. Nous ne sommes pas de gros consommateurs d'eau, mais nous en avons besoin à certains moments, pour sauvegarder le capital végétal qui souffre ces dernières années. Une irrigation maîtrisée et contrôlée permet aussi de préserver les nappes phréatiques. Les vins de Provence n'existeront plus d'ici quinze ans sans le projet d'extension du réseau du Canal de Provence. Le Var est un grand département touristique, et ce sont d'importants pans de l'économie locales qui sont concernés", plaide Éric Pastorino.
"Dans le Var, on a 40 ans de retard en matière d'irrigation par rapport à nos voisins de Paca, mieux dotés. Et, au-delà des besoins de la filière viticole, il faut aussi de l'eau pour diversifier notre agriculture, pour sécuriser la ressource pour la population en milieu rural", enchérit Sylvain Audemard, vice-présent de la Chambre départementale d'agriculture.
"Nous ne pouvons que nous retrouver sur les objectifs de partages et d'économies d'eau", convient le préfet, Philippe Mahé. "Indépendamment du fait que l'eau est un bien commun précieux et qu'elle a différents usages, il s'agit de ne pas la gaspiller ni d'en tirer profit, mais bien d'assurer la continuité d'une production ancestrale de qualité, qui contribue à atténuer le déficit commercial de la France", poursuit-il. "Quant aux moyens, il faut se parler et porter un discours construit. Sur le sujet, avec le président du Département, Jean-Louis Masson, et le président de la Région, Renaud Muselier, mais aussi les EPCI et différents acteurs du territoire, il faut travailler et proposer des solutions. Mon prédécesseur avait acté le principe de cette coconstruction, et si on parle le même langage, cela nous facilitera la vie. Avec le président du Département, dans le cadre de la stratégie Var Eau 2050, notre boulot est de faire en sorte que l'on se rassemble", indique le préfet.
Les représentants de la viticulture locale trouvent une oreille tout aussi attentive sur le projet de construction d'un Agropole, rassemblant la Chambre d'agriculture, les ODG viticoles et l'interprofession des Vins de Provence, et qui doit aussi accueillir les services de la Chambre et le Centre du rosé, à l'étroit dans leurs actuels locaux de Vidauban. Un récent courrier des services de la préfecture interrogeant la forme juridique de la SCI, qui doit voir le jour d'ici peu pour porter la réalisation, met la profession en émoi. "Aujourd'hui, toute une filière s'est engagée sur ce projet aux côtés de la Chambre d'agriculture. Le Centre du rosé nous a permis de faire de grandes avancées en 25 ans, mais il reste du chemin à faire. Rudement confrontée au changement climatique, notre filière doit expérimenter des tas de choses, sans savoir si ce sera profitable. Et cela réclame d'importants moyens. L'outil Centre du rosé nous permet de faire de l'intelligence collective, de mettre des moyens en commun et de transférer les connaissances et les références acquises auprès des vignerons", défend Éric Pastorino. Profession viticole et Chambre d'agriculture demandent donc à pouvoir échanger avec un interlocuteur privilégié des services de la préfecture sur ce dossier, pour que le projet puisse aboutir.
Pour le préfet Mahé, si la valeur ajoutée du Centre du rosé pour le territoire et pour la filière n'est aucunement remise en cause, le projet nécessite autant d'attentions que de méthode. N'ayant toutefois pas encore une pleine et entière maîtrise du dossier, il s'engage à l'étudier de près, et à revenir au plus vite vers les acteurs en présence.
Le représentant de l'État prendra aussi le temps de découvrir plus avant l'agriculture du Var dans les prochaines semaines, "la diversité de ses productions en faisant la richesse", souligne Sylvain Audemard. Le vice-président de la Chambre d'agriculture n'a par ailleurs pas manqué d'évoquer quelques-uns des sujets qui attendent le nouveau préfet, parmi lesquels le Plan de reconquête agricole, mené en lien avec les services de l'État, ou l'importance sur le territoire du système d'élevage pastoral, mis à mal par la pression croissante du loup.
BIOgraphie-
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Philippe Mahé a pris ses fonctions dans le département le 21 août dernier. D'origine bretonne, il arrive du Finistère où il a exercé la même responsabilité ces trois dernières années.
Titulaire d'une maîtrise en droit et lauréat du concours d'administrateur territorial, il a commencé sa carrière dans la fonction publique à Carhaix-Plouguer, dont il a été secrétaire général. Il a depuis occupé différents postes au sein de plusieurs collectivités, parmi lesquelles les villes de Niort, Toulouse ou Nantes, les départements des Côtes-d'Armor, du Finistère et de la Gironde ou encore la région Centre, avant d'être nommé préfet en 2015 en Meurthe-et-Moselle.
Au cours de sa carrière, il a également œuvré auprès du cabinet du ministre de la Fonction publique et de la réforme de l'État (2000-2001), du cabinet du Premier ministre (2014-2015) et, plus récemment (2019), des ministères de l'Intérieur et de la Transition écologique.
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