Paysage particulièrement original façonné d'un maillage géométrique de murets et de clapas verticaux, le vignoble de Pégairolles de l'Escalette situé aux contreforts des terrasses du Larzac s'approche tout doucement de ses premiers coups de sécateur. Avec une production de 3 500 hl sur près de 60 ha repartis entre l'AOC terrasse du Larzac et l'AOC Languedoc, le président, Patrick Compan, reste globalement rassuré et optimiste de ce nouveau millésime. "Malgré la sécheresse que nous traversons, notre situation géographique nous a permis de maintenir des vignes bien vertes, et ça c'est une belle surprise comparé à d'autres secteurs pourtant proche d'ici." L'année dernière, cette même sécheresse était similaire, à l'exception d'un orage conséquent aux alentours du 15 août qui avait permis de changer le cours des millésimes avec à la clé, de belles récoltes. "Cette année, même sans orage, les vendanges sont encourageantes", se réjouit Patrick Compan. L'absence d'orage n'a pas eu de conséquence donc, mais les fortes chaleurs de ces derniers jours ont quelque peu précipité l'organisation des vendanges. Ce lundi 28 août marque donc le point de départ pour ce nouveau millésime.

Des conditions qui précipitent les choses 

Pour la deuxième année consécutive, très peu de coulures ont été observées sur grenache, ce qui provoque une sortie de raisin importante et fait redouter des grenaches peu colorés, bourrés de sucre et avec peu de maturité phénolique qu'il faudra par la suite gérer en cave. "En l'espace de dix jours, il y a eu une augmentation de deux degrés et les acidités sont tombées en chute libre avec pour conséquence un millésime assez condensé", relate le président ajoutant que "les ajustements se feront en cave pour obtenir des vins frais et léger qui sont actuellement recherchés par les consommateurs". En revanche, la chaleur de cette semaine, atteignant parfois les 43°C, a provoqué des brûlures sur les grappes ainsi qu'une surmaturité non désirée. "Sur des grenaches blancs où l'on cherche un peu de fraicheur, on est au-delà de ce que l'on voulait. C'est vraiment de la concentration sans grossissement avec un phénomène de rétractation important." D'un point de vue sanitaire, quelques traces d'oïdium ont été relevées sur cépages sensibles sans toutefois impacter significativement les futures récoltes. Le fait le plus marquant de cette année 2023 reste le manque d'eau exceptionnel dès la fin de l'hiver et ce, jusqu'aux vendanges actuelles. "Nous avons reçu quelques embruns du contrefort du Larzac mais ce ne sont pas les quelques millimètres qui ont pu y changer quelque chose."

Une réorganisation nécessaire 

Avec une période de vendange qui se déroule généralement durant un mois, cette année n'est pas vraiment différente en termes de durée, mais plutôt en termes d'organisation, avec des grandes journées d'apports prévues au fil de l'évolution. "Dans une année classique, on commençait par les pinots et les blancs, puis on s'arrêtait quelques jours pour recommencer par le merlot et enchaîner le reste des récoltes. Cette année, il n'y aura pas de coup d'arrêt, ça va commencer d'un coup et sans pause intermittente". Avec la présence majoritaire de double actif au sein de la cave coopérative, les viticulteurs vont devoir se diviser en deux afin de pouvoir faire des récoltes convenables. "Il est indispensable d'organiser les vendanges en prenant en compte l'emploi du temps de chacun pour que tout le monde puisse trouver le temps de faire ses vendanges dans de bonnes conditions".