DNC
La dermatose nodulaire contagieuse bovine poursuit sa progression. Ce week-end, la préfecture de l'Aude a étendu la zone réglementée à 117 communes, dont une qui entre en zone de protection : Counozouls. Les services vétérinaires, le GDS, les éleveurs et les vétérinaires maintiennent un haut niveau de vigilance pour contenir la maladie.
"Sur une semaine, sur les 7 600 bovins potentiellement à vacciner, on avait fait pratiquement 4 000 bovins. Ce qui veut dire qu'en 15 jours, on vaccinerait tous les animaux", pointe Jean-Luc Pull, responsable du service 'Élevage' à la Chambre d'agriculture de l'Aude.
© Crédit photo : AL
Dans l'Aude, ils sont environ 400 éleveurs bovins à s'interroger sur le devenir de leurs cheptels. Depuis ce 4e week-end d'octobre, la zone réglementée face à la dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) a encore augmenté à la suite d'un nouveau foyer dans les Pyrénées-Orientales. Le communiqué de presse du 27 octobre de la préfecture audoise fait état de six communes supplémentaires en zone de surveillance et l'arrivée d'une commune en zone de protection, soit dans les 20 km d'un des foyers : Counozouls. 117 communes de l'Aude font ainsi partie de la zone réglementée.
"Elle monte jusqu'à Limoux, puis toute la partie plateau de Sault, frontalière avec les Pyrénées-Orientales et l'Ariège. Les Corbières sont aussi concernées, même si la densité d'élevage y est plus faible", explique Yoann Mathevon, directeur et vétérinaire conseil du Groupement de défense sanitaire (GDS) de l'Aude. Si la montagne Noire reste pour l'instant épargnée, deux des trois zones d'élevage du département sont ainsi placées sous une surveillance accrue. Dès lors, ce serait près de 9 000 bovins qui seraient concernés, sur les quelque 16 000 à 17 000 (vaches allaitantes et jeunes) que compte le département, selon une estimation de la Chambre d'agriculture de l'Aude. Si la zone grignote doucement le département, "on a la chance de ne pas avoir un foyer déclaré, parce que, qui dit foyer, dit malheureusement abattage des animaux", rappelle Jean-Luc Pull, responsable du service 'Élevage' de la Chambre.
Face à la progression de la maladie, la vaccination s'accentue et l'observation est de mise. "Les vétérinaires sont sur le pied de guerre et les éleveurs ont leur rôle à jouer dans la surveillance de leur cheptel", assure Yoann Mathevon. Une surveillance en véritable pilier de lutte, essentielle pour une détection précoce et éviter "l'enkystement de la maladie dans une zone".
Aucun problème d'approvisionnement des doses de vaccin, mais le recensement précis des animaux à vacciner reste difficile. "Certains éleveurs ont leurs bâtiments en zone indemne, mais leurs troupeaux pâturent en zone réglementée", précise-t-il. Il faut identifier exactement où se trouvent les bovins. La situation se complique donc pour les troupeaux parfois coincés en estives. "Si elles sont en zone indemne, il est tout à fait possible pour le bovin de rentrer en zone réglementée. C'est toujours soumis à dérogation, avec autorisation par les services vétérinaires et une vaccination à l'arrivée dans le cheptel", explique le directeur du GDS.
Les mouvements sont en effet strictement encadrés : aucune sortie depuis la zone réglementée vers les zones indemnes n'est permise. Le GDS avait d'ailleurs alerté les éleveurs transhumants dès les premiers foyers espagnols pour leur recommander de redescendre leurs bêtes. Certains ont pu le faire, d'autres se sont retrouvés bloqués faute de transporteurs disponibles, note-t-il. Pour les bêtes coincées en estives - alors que la saison des vêlages approche - des solutions et mouvements sont possibles après autorisation des services vétérinaires, mais au sein de la zone réglementée uniquement. "Ça demanderait de trouver des élevages qui acceptent d'héberger ces bovins pendant l'hiver, une forme de pension. Ils peuvent descendre des estives, mais pas rentrer à la maison", explique-t-il.
La situation occitane est différente de celle des Savoie, où la DNC a désormais été éradiquée. "On n'a pas du tout le même élevage. Ici, le point optimiste, c'est qu'on a une densité plus faible d'élevage dans la zone touchée pour l'instant. Densité plus faible, moins de contacts, moins de risques de dissémination", liste Yoann Mathevon. Mais le parcellaire aussi est différent, rendant l'action parfois plus complexe : "En Savoie, ce sont principalement des éleveurs laitiers avec des bovins qui rentrent tous les jours à la traite même s'ils sont en estives. Une meilleure surveillance donc, car on n'a pas des centaines d'hectares avec des vaches qui se baladent dessus (...). On a une forme d'élevage qui est plus perméable entre les estives et les cheptels."
La vaccination a démarré la semaine dernière, avec une priorisation des bêtes en estives. "Sur une semaine, sur les 7 600 bovins potentiellement à vacciner, on avait fait pratiquement 4 000 bovins. Ce qui veut dire qu'en 15 jours, on vaccinerait tous les animaux", pointe Jean-Luc Pull. L'objectif étant bien de vacciner 100% des animaux concernés dans la zone.
Le vaccin met 21 jours à produire une immunité complète, et 28 jours pour garantir qu'un animal n'est pas porteur du virus. "Ce n'est pas du "on-off" : l'immunité se construit progressivement", rappelle Yoann Mathevon.
Les dérogations de déplacement peuvent donc se faire lorsque l'animal est déclaré valablement vacciné. "La majorité des bovins ont déclaré des symptômes au bout de 15 jours d'incubation, mais les scientifiques montrent que l'incubation peut aller jusqu'à 28 jours. Imaginons qu'on ait vacciné un bovin le jour où il s'est fait contaminer. Il faut attendre", précise-t-il. Avant les 28 jours, les demandes de dérogations sont possibles, mais plus strictes.
Pour Jean-Luc Pull, la vaccination massive telle qu'elle s'est mise en place, grâce à la solidarité régionale entre vétérinaires et le recours possible à de jeunes vétérinaires diplômés de l'école de Toulouse, devrait être un frein assez radical au développement de la maladie. Pour les éleveurs hors zone qui craignent une extension de la zone et préfèreraient vacciner au préalable, étant donné le caractère mouvant des troupeaux, plus souvent en systèmes transhumants que dans les Savoie, "la question peut se poser, et je pense qu'elle va se poser". Il estime probable que la profession se mobilise pour demander "interdépartementalement, une extension potentielle de la vaccination sur certaines zones indemnes".
Pour l'heure, l'urgence est avant tout à la lutte sanitaire, mais les enjeux commerciaux se manifesteront rapidement. Inutile de parler d'export, pour le moment, "jusqu'au 5 no- vembre, rien ne rentre, rien ne sort", souligne Yoann Mathevon. D'autant qu'une fois vaccinés, les bovins ne peuvent partir pour l'export avant 14 mois, précise Jean-Luc Pull : "C'est la règle d'aujourd'hui. Tout ça repose sur des accords commerciaux qui devront, à mon sens, être rediscutés. C'est quelque chose qui ne va pas être figé."
À l'échelle nationale, des protocoles spécifiques permettent toutefois d'amener des animaux à l'abattoir - de Quillan pour cette zone -, après désinfection, désinsectisation et contrôle vétérinaire. "On ne peut pas tout bloquer. Il faut que les bovins sortent des cheptels : l'objectif reste de produire de la viande. Mais avec l'arrêt de l'export, les cours du veau risquent de chuter", reconnaît-il.
Pour avancer au mieux, GDS, État, vétérinaires et Chambres départementales d'agriculture échangent quotidiennement. Pas avares en recommandations, tous réclament une grande vigilance et un suivi des consignes qui permettra, avant tout, de protéger le cheptel.
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