Manifestation
Comme annoncé, les agriculteurs sont repartis au front. Aux quatre coins de France et dans le Var, près de 300 manifestants ont répondu à l'appel de la FDSEA et du syndicat Jeunes agriculteurs, le 18 novembre, au Cannet-des-Maures.
Les agriculteurs ont planté quelques fleurs et plants potagers pour défendre la beauté de l'agriculture varoise.
© Crédit photo : GL
Ils avaient prévenu : faute d'avancées significatives quant à leurs revendications, les troupes de la FDSEA et de JA étaient prêtes à repartir au combat. Le travail mené localement avec la préfecture n'aura pas suffi à rassurer. La perspective des accords du Mercosur nourrissant un peu plus la gronde qui n'en finit pas de monter depuis de longs mois.
Lundi 18 novembre, une cinquantaine de tracteurs et quelque 300 per- sonnes ont convergé vers le Cannet-des-Maures pour occuper le giratoire de l'échangeur autoroutier, axe stratégique et très fréquenté, pour une opération barrage filtrant. Là, après avoir déversé plusieurs bennes de terre sur le bitume, les manifestants ont planté fleurs et plants maraîchers, mais aussi croix mortuaires et chrysanthèmes. "Le jardin représente la beauté de l'agriculture qui participe à l'équilibre foncier, environnemental et économique de nos territoires ; le cimetière, c'est ce qu'il restera si notre agriculture disparaît", explique André Lanza, président de la FDSEA du Var. Tout au long de la journée, les agriculteurs, venus en nombre, ont ainsi crié leur détresse, leur colère et leurs revendications.
"Depuis l'hiver dernier, même s'il y a eu quelques avancées, l'étau est encore beaucoup trop serré. La norme tue l'investissement, tue le travail. On crève sous la norme. Et en viticulture, on ne cesse de battre en brèche l'aspect culturel et patrimonial de nos productions, alors que le monde entier envie nos terroirs et nos signes de qualité. On ramène le vin à un simple alcool, mais il y a 85 % d'eau dedans !", dénonce Éric Paul, vigneron coopérateur à Montfort-sur-Argens et président des IGP du Var. "Je passe au moins une semaine par mois à faire des papiers pour coller à des règles absurdes", illustre Stéphanie Bernardi qui, avec son mari Julien, élève porcs charcutiers, ainsi que chèvres et vaches laitières à Cotignac. "En fromagerie, les normes sont totalement déconnectées des réalités du métier, et on subit. Pour la viande, c'est pareil, en théorie le Code rural nous autorise à transformer, sauf que dans le Var ce n'est pas possible parce que des textes se contredisent et on est obligé de passer par un boucher. C'est aberrant !", se révolte l'agricultrice.
"On veut les mêmes règles que les autres pays de l'Union européenne. Et la priorité, c'est de réduire les normes pour nous laisser travailler, notamment les normes environnementales croissantes", plaide Rémi Gautier, président des Jeunes agriculteurs du Var. "D'autant qu'il y a une tendance au protectionnisme aux USA ou en Chine. Alors soit on se laisse déposséder, soit on se protège nous aussi", poursuit le représentant syndical. "Alors qu'on équilibre le foncier, qu'on nourrit nos concitoyens, qu'on sert à les protéger des inondations et des incendies, nous, à aucun niveau, on ne nous aide. Rien que le foncier est au carrefour de nombreuses problématiques entre environnement, urbanisme et forêt, et on nous oblige à composer avec toujours plus de contraintes", enchérit son aîné, André Lanza.
Le traité du Mercosur actuellement en négociation entre l'Europe et les pays d'Amérique du Sud a fini de rallumer les braises encore fumantes de la mobilisation du début d'année. "L'agriculture française et varoise est en train de crever, et tout le monde regarde ailleurs pour vendre des voitures. Après avoir tué l'industrie dans notre pays, l'Europe tue notre agriculture", fulmine Sylvain Audemard, président de la Chambre d'agriculture du Var. "C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. On nous impose des contraintes, mais on veut faire entrer des produits de l'étranger affranchis de toutes règles. On ne peut plus supporter d'être une variable d'ajustement, au risque d'impacter la production de filières comme la viande, les céréales, le miel et d'autres", développe André Lanza.
Pour Adrien Ligier, apiculteur à La Valette-du-Var, "le risque c'est de voir rentrer des tonnes de miel de qualité plus que médiocre, vendues à des prix au ras des pâquerettes, produites dans des conditions obscures, vers lesquelles les consommateurs, avec un pouvoir d'achat réduit, vont être tentés de se tourner. On a déjà trop de miels à bas prix au sein de l'Europe. Sans compter les soucis de production avec les aléas climatiques, particulièrement cette année, mais aussi la mortalité des abeilles, le frelon asiatique qui est très impactant, les difficultés foncières qui sont fortes dans notre département, et maintenant l'ONF qui veut limiter le nombre de ruches avec pourtant des loyers qui augmentent", enchaîne le producteur.
Les raisons de la colère sont nombreuses et le ras-le-bol palpable. Les nombreux agriculteurs varois venus manifester ce 18 novembre en témoignent. "Nous sommes un peu surpris, mais très satisfaits du nombre, et nous continuerons à dénoncer tout ce qui devient catastrophique, économiquement, politiquement et socialement dans ce pays. Pour cela, nous devons rester soudés et solidaires, motivés et mobilisés. Il nous reste beaucoup à obtenir", déclare Rémi Gautier. "Il faut des actes, sinon on reviendra", promet Éric Paul.
Âgé d'à peine 15 ans, Mattéo Arnaud, lycéen en filière vigne et vin, entend lui aussi poursuivre le combat. Lui qui a grandi dans le monde agricole, adhère à JA 83 depuis un mois. Et il a à cœur "de montrer que même si on est jeune, on peut s'intéresser à ce qui passe, surtout que c'est notre avenir. Il faut être dans l'action pour partager nos messages. Plus on est, plus ça peut bouger. On ne peut qu'aller vers le mieux", défend le jeune militant.
André Lanza, président FDSEA 83
© Crédit photo : Gabrielle Lantes
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