Carqueiranne
Arrivée un peu par hasard dans la culture des agrumes, Amélie Paoli, une jeune productrice de 26 ans, a relancé avec succès les vergers de ses grands-parents.
Amélie Paoli relance la culture d'agrumes à Carqueiranne.
© Crédit photo : JD
Enfant, Amélie Paoli rêvait d'un métier en lien "avec les animaux". Son souhait ne s'est pas entièrement réalisé, puisqu'elle produit aujourd'hui des agrumes sur presque deux hectares en restanques, dans le quartier du Canebas, à Carqueiranne. Ce qui ne l'empêche pas de l'avoir concrétisé en partie : elle possède des ânes et des brebis, qui pâturent sur ses parcelles et "contribuent à leur débroussaillement". Avant cela, Amélie a longtemps cherché sa voie... Jusqu'à ce que ses parents, propriétaires d'un hôtel-restaurant à Carqueiranne, ne lui proposent de s'inscrire au lycée agricole de Hyères, pour y préparer un bac technologique 'Sciences et technologies de l'agronomie et du vivant (STAV)'. Deux années en demi-teinte, pour la jeune femme, qui "regrette une trop grande place donnée à la théorie, au détriment des travaux pratiques". Son bac en poche, elle s'essaie à la viticulture et à l'élevage caprin, à travers des stages et des emplois saisonniers, sans grande conviction. Ses parents lui laissent le choix entre plusieurs solutions, comme elle le raconte volontiers : "Poursuivre mes études, rechercher un emploi, donner la main à mes parents dans leur établissement ou remettre en état les vergers d'agrumes que possédaient mes grands-parents. J'ai choisi la dernière solution. C'était la plus enthousiasmante : tout était à faire, pour remettre en état les vergers redevenus au fil des années des friches envahies par les ronces et la végétation".
Elle qui pensait n'y rester qu'un an s'est finalement prise de passion pour la culture des agrumes, jusqu'à s'installer en 2018, sur les deux hectares de parcelles cédés par ses grands-parents via un bail emphytéotique. "Cette opportunité m'a permis de m'installer sans devoir m'endetter pour l'achat de foncier. Je me suis appuyée, les premiers temps, sur mes économies. Je voulais être libre : ce qui impliquait de démarrer sans crédits à rembourser à plus ou moins brève échéance." C'est dans cette logique qu'elle ne demande pas la DJA, à laquelle elle aurait pu prétendre : "J'aurais pu m'acheter un tracteur avec la dotation. J'ai préféré attendre et l'acquérir sur mes fonds propres. C'était à la fois beaucoup de paperasses et une dette à rembourser plus tard", explique la jeune arboricultrice. Les premières années sont consacrées à la remise en état des vergers non entretenus pendant dix ans : une tâche rendue compliquée par les plantations en restanques, qui limitent la mécanisation du travail. Ses premiers efforts portent sur les plantations de kumquat (500 arbres), dont près de la moitié doit être arrachée. Le restant est fortement rabattu, sur les conseils d'un ami passionné d'agrumes et ingénieur agronome à l'Inrae.
En 2022, elle franchit un nouveau palier en plantant une vingtaine d'espèces d'agrumes, dont une douzaine de variétés de citronniers (verts, jaunes, rouges, caviar...), mais aussi de la bergamote, du cédrat, des oranges amères et sanguines, des clémentines, mandarines, des pomelos, main de bouddha et, bien sûr, des kumquats. Le tout en plein champ... "Frédéric Vallée, un pépiniériste de Pierrefeu-du-Var, m'a conseillé des variétés adaptées au climat et aux sols de mon exploitation. Son aide a été précieuse, parce qu'on se sent très seul sur le plan de l'appui technique dans le département. Nous ne sommes que quelques producteurs d'agrumes, dans un département essentiellement tourné vers les filières de la viticulture et de l'horticulture." Pour y remédier, elle se tourne vers des pépiniéristes et des collectionneurs d'agrumes qui lui apportent des conseils et des solutions techniques. Elle s'engage aussi, dès les premières années, dans une démarche de conversion vers la bio de l'exploitation. "C'était important pour moi, parce que cela correspond à ma philosophie de vie et que cela apportait un signe distinctif de qualité, pour ma production." Sur le plan cultural, l'arboricultrice est adepte du minimum de traitements dans ses vergers. Ses efforts se concentrent essentiellement sur la mouche des fruits (Ceratitis capitata), via des piégeages. La production est par ailleurs essentiellement centrée sur le kumquat : les autres espèces d'agrumes, plantées en 2022, ne rentreront en pleine production qu'en 2027. "J'ai l'impression de recommencer à zéro", sourit Amélie Paoli, qui réinvestit l'essentiel de ses revenus dans son exploitation, en attendant d'élargir sa gamme avec des citrons, pomelos, mandarines ou clémentines...
Sur le plan commercial, Amélie Paoli a revu sa stratégie de départ qui consistait à écouler sa production de kumquats sur les marchés de plein vent, en parallèle à la mise en marché par des grossistes "J'étais présente six jours sur sept sur différents marchés varois - Carqueiranne, Le Pradet, Sanary, Ollioules... - avant de renoncer. C'était épuisant physiquement, pour un résultat financier qui n'était pas satisfaisant." Une rencontre, l'hiver dernier, avec des intermédiaires chargés de dénicher des producteurs pour les grands chefs cuisiniers, lui offre l'opportunité de diversifier sa clientèle et d'ajouter de grandes tables étoilées et des pâtissiers à celles qu'elle possédait déjà en portefeuille, comme le restaurant TroisGros (3 macarons Michelin) dans la Loire. L'arboricultrice poursuit aussi une autre piste de diversification, avec la transformation des fruits en confiture. "Je fourmille d'idées. Mais ce qui me manque, c'est le temps pour les tester et les mettre en œuvre", regrette-t-elle. À l'image des 800 pieds de jasmin plantés par ces grands-parents, mais qui restent malheureusement non exploités pour l'heure... par manque de temps. Pas de quoi pour autant entamer la bonne humeur d'Amélie Paoli, ni sa détermination à réussir dans son projet.
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