Bouches-du-Rhône 06/03/2025
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AUREILLE

Aurélie Bagnis : une éleveuse heureuse !

Éleveuse caprin installée à Aureille, Aurélie Bagnis a su surmonter les obstacles pour vivre de son métier. Près de 15 ans plus tard, elle préside désormais le Syndicat caprins 13, une belle reconnaissance pour cette passionnée.

Aurélie Bagnis

© Crédit photo : JD

"Patience et longueur de temps font plus que rage ni que force...", Aurélie Bagnis a fait sienne la morale de la fable du Lion et du rat, de Jean de La Fontaine, en se donnant les moyens d'accomplir son ambition : exercer le métier d'éleveuse caprin et de fromagère. Un parcours qu'elle a construit sur le temps long, "avec le double "handicap"d'être installée hors cadre familial et d'être une femme", raconte, avec le recul, l'éleveuse.

La passion était pourtant présente depuis longtemps : "J'ai toujours été entourée d'animaux", précise la quadragénaire, qui a mis un pied dans l'élevage avec l'arrivée d'une chèvre destinée à sa fille. "Elle a mis bas quelque temps après, et nous sous sommes retrouvés avec trois cabris en plus", raconte Aurélie Bagnis qui, avec le lait de la traite (réalisée à l'époque à la main), produit des fromages lactiques qu'elle offre autour d'elle, aux amis et à la famille, en parallèle au travail dans la ferme de son ex-époux : "Je me suis fait la main pendant trois ans, avant d'envisager de professionnaliser ma pratique".

La séparation avec le père de ses filles est l'opportunité pour elle de se lancer et d'apprendre les bases théoriques du métier : "Il ne croyait pas à la pérennité du projet. J'ai compris de mon côté que je voulais devenir éleveuse et que je l'accomplirai". La jeune femme, titulaire d'un BTS 'Production animale' réalise son stage chez un couple de chevriers, implanté comme elle dans les Alpilles. "Ça a été une rencontre déterminante, avec un couple bienveillant qui m'a beaucoup appris." Quinze jours après la fin de son stage, elle reçoit un appel de leur part, lui proposant de devenir salariée : elle y reste deux ans, avant d'envisager de voler de ses propres ailes.

Le choix du contrôle laitier

Elle s'installe finalement en 2010, rachète le troupeau - soit une trentaine de chèvres Alpine et Saanens - et loue leur laboratoire de transformation fromagère, avec l'objectif final de racheter à court terme l'exploitation. "Ils m'ont conseillé - à juste titre - de ne pas racheter, la ferme mais de me faciliter la vie en en créant une à mon image. C'est ce que j'ai fait, en m'installant à Aureille."

Après quatre ans compliqués où vie familiale (ses filles sont toutes jeunes) et vie professionnelle empiètent l'une sur l'autre, elle installe son élevage et son habitation sur un terrain donné par ses parents, en 2014. Le cheptel grossit progressivement, jusqu'à 75 chèvres : "C'était trop et inadapté à mes installations. Je suis redescendue à 60 animaux, ce qui constitue le bon rapport". Elle conserve également les races avec lesquelles elle a débuté, qu'elle juge particulièrement bien adaptée à son type d'élevage - "ce sont de bonnes laitières, aptes à rester en stabulation ou au pré" - et qu'elle croise avec des boucs de race Alpine.

Aurélie Bagnis s'astreint au contrôle laitier, et si elle reconnaît ne pas pratiquer pas une sélection génétique stricte pour les femelles, elle choisit avec soin ses reproducteurs dont elle scrute les profils, dans une logique d'amélioration de son cheptel et, à tout le moins, les performances laitières des mères. Sur le plan de l'ergonomie, l'éleveuse a suivi les conseils de son ancien maître de stage et choisit "de se simplifier la vie", en aménageant par exemple un lactoduc entre le quai de traite et le laboratoire de transformation. Un investissement qu'elle ne regrette pas un seul instant : "L'objectif, en dehors des questions d'hygiène et de risques de contaminations bactériennes, était aussi de m'éviter de transporter à la main des bidons de lait".

Relancer une filière de valorisation du cabri

Faute de disposer de prairies, l'alimentation reste un gros poste budgétaire. D'autant que ses animaux sont nourris au foin de Crau, luzerne et sainfoin achetés à des producteurs voisins mais aussi avec des céréales (orge/maïs) 'Made in Crau/Alpilles'. Un choix parfaitement assumé : "Une alimentation de qualité, c'est au final du lait et des fromages de qualité", martèle l'éleveuse, qui vise une production haut de gamme et s'en donne les moyens. Sa gamme de fromages est composée de fromages lactiques plus ou moins affinés et de tomes, qu'elle commercialise sur des marchés de plein vent, en vente directe sur l'exploitation, quelques Amap et à un réseau de revendeurs et de grands restaurant.

Pour l'heure, l'éleveuse attend les mises bas, prévues dans quelques semaines, pour relancer la fabrication de fromages et leur commercialisation. En attendant le rush des naissances, la nouvelle présidente du Syndicat caprins des Bouches-du-Rhône - elle a été élue fin 2024 - s'attelle à l'avancement de nombreux dossiers brûlants, dont celui de la valorisation de la viande de cabris. La récente cessation d'activité d'un engraisseur provençal impacte toute la filière caprine du département, et la nouvelle a poussé, selon Aurélie Bagnis, "beaucoup d'éleveurs à sortir de leur zone de confort". De l'aveu de la présidente, il y a urgence à trouver des solutions pour valoriser cette viande, parée de toutes les qualités (notamment son faible taux de matière grasse). Des discussions sont en cours avec les élus du Syndicat des bouchers traditionnel, pour la mise en avant de cette viande dans leurs points de vente, et des actions sont prévues au printemps, avec une présence (en cours de discussion) du syndicat lors du Salon des agricultures de Provence 2025. L'ambition ? Faire connaître ses atouts au grand public, qui a progressivement perdu l'habitude de consommer de la viande de cabri. Un travail au long cours qui ne fait que commencer. Patience et longueur de temps... 

Julien Dukmedjian •

Les CHIFFRES clés-

Installation en 2010

60 chèvres de race Saanens et Alpines

3 boucs (alpins)

Céline Zambujo •

ICI
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