En cas d'automne doux, les ravageurs tels que pucerons et cicadelles, et même limaces, sont particulièrement actifs dans les parcelles, nécessitant dès lors une vigilance particulière dès la levée. La douceur des automnes, ces dernières années, a favorisé leur activité. Il est donc nécessaire de les surveiller de près, par des observations et l'installation de pièges.

L'activité des pucerons, dont certains sont vecteurs du virus responsable de la JNO (Jaunisse nanisante de l'Orge), est très fortement dépendante des conditions climatiques de l'automne, et notamment des températures. Les étés tempérés suivis d'automne doux, avec des températures minimales élevées, sont favorables à leur activité. L'activité du vol démarre à partir de 12°C et, à 20°C, 8 jours seulement sont nécessaires aux larves pour atteindre le stade adulte, ce qui a été le cas ces dernières semaines.

L'activité des cicadelles Psammotettix alienus, vectrices du virus responsable de la maladie des pieds chétifs (WDV), est aussi étroitement liée aux températures et aux journées ensoleillées. Les situations les plus à risque sont les levées les plus précoces, la présence de repousses de graminées dans les parcelles voisines, les zones bien exposées au soleil ou bien abritées (bordées de haies, de bois...). Les dégâts de cicadelles peuvent être irréguliers sur les parcelles avec des zones ou versants plus affectés que d'autres.

Une hygrométrie élevée, des températures moyennes entre 10 et 20°C et des sols humides favorisent l'activité des limaces. Au contraire, par temps sec ou plus frais (autour des 5°C et en dessous), les limaces auront tendance à migrer dans le sol en attendant des conditions plus propices. Les limaces sont préjudiciables aux céréales à paille de la levée jusqu'au stade 3-4 feuilles. Au-delà, les plantes arrivent généralement à compenser les dégâts par tallage.

Les observer et les reconnaître

Il convient de surveiller régulièrement les parcelles, dès la levée et jusqu'à l'arrivée des premières gelées. Les pucerons sont facilement visibles sur les feuilles des jeunes plantes en conditions ensoleillées. Lorsque les conditions climatiques ne leur sont pas favorables, ils se font discrets : ils s'abritent dans le cornet des céréales, voire au niveau du sol si ce dernier est motteux ou creux, compliquant leur observation.

Les plaques engluées permettent de mieux appréhender la pression. Elles piègent les pucerons ailés donc ceux qui participent activement à la colonisation de nouvelles parcelles. En revanche, cela ne reflète pas la présence de pucerons aptères se multipliant sur la parcelle, eux aussi sont vecteurs du virus !

Les cicadelles sont actives sur des plages de températures plus douces que les pucerons. Pour optimiser l'évaluation de la pression, les observations doivent se faire lors des heures le plus chaudes de la journée. Les cicadelles sont très mobiles ainsi en parcourant la parcelle on peut appréhender la pression à l'échelle de la parcelle. En complément, l'observation de plaques engluées permet d'évaluer la pression, mais peut parfois ne pas être représentatif de l'ensemble de la parcelle.

Plusieurs espèces de pucerons et de cicadelles peuvent être observées sur les plaques engluées. Les principales espèces de pucerons observées sont vectrices de la JNO. Les analyses virologiques des individus permettent de savoir s'ils sont porteurs ou non de la JNO.

De la même manière, plusieurs espèces de cicadelles peuvent être identifiées sur les plaques engluées ou sur les parcelles. Les cicadelles, en revanche ne sont pas toutes vectrices du virus WDV. Seule l'espèce P. alienus est en mesure de transmettre le virus.

Surveiller les limaces en les piégeant

Des piégeages peuvent permettre d'estimer le risque limace, à condition qu'ils soient réalisés en conditions humides. Les conditions de la mesure (heure de la journée, répartition dans la parcelle) influencent fortement le niveau de captures. Dans la mesure du possible, les pièges (minimum 4 de 0,25 m² pour couvrir 1 m²) doivent être positionnés en soirée et relevés le lendemain matin. Un piégeage ponctuel est insuffisant, il est impératif d'assurer un suivi avant (environ trois semaines avant le semis) et après la levée de la culture.

Des conditions sèches limitent les observations mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de limaces. Il est par ailleurs conseillé de déplacer les pièges environ une fois par semaine, afin d'éviter la création de refuges et le dépérissement de la végétation. Des systèmes d'observations des limaces automatiques existent et sont commercialisés. Cela peut permettre de suivre en temps réel la dynamique de population de limaces sur la parcelle

Quel seuil pour intervenir ?

Les traitements sont assez efficaces sur pucerons mais nécessitent des ré-interventions en cas d'année à forte pression. Il y a un peu de souplesse quant au moment du traitement, même si une semaine après le dépassement du seuil, le traitement contrôle bien les populations et évite la propagation du virus. Les seuils d'intervention sont les suivants :

10 % de plantes habitées par au moins 1 puceron : intervention et poursuite des observations ;

les pucerons sont encore observés au bout de 10 jours avec une intensité proche du seuil quel que soit leur nombre : intervenir et continuer d'observer.

Prudence : si lors de l'observation, aucun puceron n'est détecté, cela n'implique pas nécessairement qu'ils sont totalement absents de la parcelle. Il faut alors renouveler l'observation régulièrement.

Les traitements contre les cicadelles sont moyennement efficaces et peuvent nécessiter des re-interventions en cas d'année à forte pression. Les seuils d'intervention sont les suivants :

observations sur 5 endroits de la parcelle faisant sauter devant soi au moins 5 cicadelles pour chaque endroit : intervention rapide et continuer d'observer ;

piège sur plaque engluée jaune : intervention si 30 captures en 1 semaine (cas 1) ou plus de 20 captures en moins d'une semaine (cas 2) : intervention rapide et continuer d'observer.

Contrairement à la lutte contre les pucerons, l'efficacité du traitement est très liée à la durée entre l'observation au champ et le traitement. Ce délai, quand les cicadelles sont observées, doit être le plus court possible (moins de 48 heures si possible).

Les semis précoces sont généralement plus exposés aux infestations : il est fortement recommandé de ne pas anticiper les implantations par rapport aux dates préconisées. Attention cependant : en cas d'automne particulièrement doux, des semis mêmes tardifs peuvent subir des infestations de pucerons et de cicadelles. Cette recommandation, d'éviter tout semis précoce concerne également les variétés d'orge possédant le gène de tolérance à la JNO : celles-ci restent sensibles à la maladie des pieds chétifs transmise par les cicadelles et, d'autre part, la protection conférée par le gène est efficace mais pas totale

Contre les limaces, une grille d'intervention est disponible (voir schéma).

Les quelques pyréthrinoïdes utilisables contre les cicadelles et les pucerons agissent par contact. Ces traitements sont donc à appliquer sur les plantes en présence des cicadelles vectrices ou de pucerons et, au besoin à renouveler face à de nouvelles infestations. La pulvérisation doit aussi être adaptée afin d'optimiser le contact entre l'insecticide et le ravageur. Toutes les informations sont à retrouver sur le site d'Arvalis (dépliant paru en mai 2024).