Bouches-du-Rhône
Le sentiment d'exaspération de la profession agricole s'exprime haut et fort depuis la semaine dernière en Provence. Depuis jeudi 25 janvier, barrages et perturbations des réseaux routiers du département s'enchaînent.
Les Jeunes agriculteurs composaient une bonne partie des troupes réunies sur l'A54, le 25 janvier dernier.
© Crédit photo : ED
La colère des agriculteurs enflait depuis plusieurs mois. En France, le mouvement national 'On marche sur la tête' avait attiré la sympathie, sans faire pour autant bouger les lignes. Et puis, ces dernières semaines, ce ras-le-bol s'étendait à toute l'Europe. Cible de toutes les contestations, les normes jugées trop restrictives ont suscité des manifestations qui se sont multipliées en Allemagne, aux Pays-Bas, en Roumanie ou encore en Pologne. C'est dans le Sud-Ouest il y a trois semaines, que les agriculteurs français décidaient de passer à la vitesse supérieure, pour obtenir sans délais de premières mesures concrètes. En région Paca, tous les départements ont ensuite commencé à organiser des manifestations et des blocages, accompagnés par les FDSEA et les Jeunes agriculteurs, mais aussi de nombreux syndicats spécialisés. Des barrages ont été mis en place pour bloquer des autoroutes dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et les Alpes du sud, jeudi 25 janvier.
Dans les Bouches-du-Rhône, une trentaine de tracteurs a bloqué l'autoroute A54 dans les deux sens de circulation, entre les échangeurs n°12 'Saint-Martin-de-Crau' et n°14 'Grans'. De nombreux manifestants y ont établi un camp de base pour faire durer leurs actions, assurant des rotations sur le barrage. Samedi 27 janvier, à l'issue de leur rencontre avec Christophe Mirmand, préfet des Bouches-du-Rhône, les manifestants annonçaient lever le blocage de l'aire du Merle sur l'autoroute A54. Mais les mouvements de contestations et les perturbations n'ont pas pris fin pour autant : sur plusieurs axes routiers autour d'Aix et de Marseille, de nouvelles opérations étaient organisées dès le lundi 29 janvier et se poursuivent à l'heure de ce bouclage. Si la profession agricole et les syndicats se mobilisent depuis plusieurs jours en répondant à l'appel national, c'est pour partager un sentiment d'exaspération présent dans les campagnes depuis trop longtemps. Ces manifestations visaient plusieurs objectifs.
"Il est important de nous mobiliser pour alerter l'opinion publique sur les difficultés que nous avons à exercer simplement notre métier d'agriculteur. On ne peut pas laisser la profession agricole se laisser aussi injustement accuser de tous les maux. C'est pourtant ce que nous vivons. La pression des environnementalistes nous rend directement responsables de tous les problèmes écologiques et environnementaux, alors que nous produisons sur notre terre l'alimentation pour nourrir les populations", lançait Thomas Chaullier, président des JA 13, présent dès jeudi 25 janvier sur le blocage de l'A54. Avec lui, céréaliers, éleveurs, viticulteurs, arboriculteurs, riziculteurs ou maraîchers et même apiculteurs s'y sont retrouvés des quatre coins du département, pour échanger sur les problématiques du monde agricole. Autour de la question des revenus, de la compétitivité et des conditions de travail dans l'écosystème administratif français notamment "C'est la bataille pour la reprise en main de l'agriculture aux politiques publiques, dirigées aujourd'hui par des technocrates complètement hors-sol, que les agriculteurs entendent aussi mener", estime Nicolas de Sambucy, agriculteur en Camargue. "Cela fait 20 ans que l'on nous parle d'environnement avec l'agriculture. Mais cela fait 20 ans qu'on a oublié de parler de compétitivité. On se trouve à devoir supporter les réglementations environnementales que l'on comprend et accepte. Mais en même temps, dès qu'il s'agit d'appliquer la loi Egalim il n'y a plus personne", dénonce Christophe Mandrolini, céréalier.
Comme bon nombre de petites filières françaises, la riziculture française se trouve par exemple dans l'impasse, au niveau phyto sanitaire notamment, même si la profession s'efforce de convaincre l'administration. C'est sur le désherbage des parcelles que les producteurs manquent de réponses phytosanitaires. Elles existent en cultures conventionnelles, mais nécessitent l'octroi par l'administration de dérogations. Le régime dérogatoire est tributaire d'une décision, positive ou négative, que la filière ne connaît pas à l'avance.
Or, avec la pharmacopée qu'ils ont à disposition, les riziculteurs français ne sont pas en mesure de mener correctement leurs cultures. Pourtant, sur simple demande de leur filière, les voisins espagnols ou italiens peuvent obtenir ces solutions. Sans parler des pays tiers, où les distorsions sont encore plus criantes. Pour autant, leurs productions arrivent bien chez nous. Mais la zone humide de la Camargue est confrontée à 17 réglementations et un tiers du territoire est préempté par l'État pour ne pas installer des agriculteurs. Ce sont ces incohérences que les agriculteurs - enjoints pourtant de retrouver un volant de souveraineté sur leurs productions - dénoncent.
"La superposition des réglementations, la multiplication des contrôles sur les exploitations sont insupportables. Que l'on regarde la qualité de nos productions c'est très bien. Mais que l'on arrête de créer des psychoses chez les agriculteurs. Notre production, le riz, n'est pas plombée par le prix aujourd'hui, mais par des contraintes administratives", s'exaspère Bertrand Mazel, président du Syndicat des riziculteurs de France. Si les agriculteurs manifestent aujourd'hui, ce n'est pas pour demander un chèque et rentrer chez eux pour tenir quelques mois de plus : "Nous demandons un vrai changement. On est là pour montrer à l'administration et au gouvernement la puissance de notre détermination. On nous a applaudis en 2020 parce que les gens ont compris ce qu'on valait, mais on l'a vite oublié. On demande à être considéré à notre juste valeur", lançait Romain Blanchard, président de la FDSEA 13.
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