IGP Gard
Espoir et légèreté, tout en ne niant pas la sévère crise qui touche actuellement la filière viticole française en général, et gardoise en particulier. Un exercice d'équilibriste présenté le 10 juillet, en conférence de presse, par la Fédération gardoise des vins IGP.
La fédération n'a pas attendu ce 10 juillet pour mettre en marche plusieurs leviers et travaille déjà activement sur quatre axes de retour de plus-value.
© Crédit photo : Céline Zambujo
"La période est un peu compliquée, mais au-delà de l'actualité, c'est aussi la période estivale ; et le tourisme est une activité importante à laquelle nous devons répondre." C'est en ces termes que le président de la Fédération gardoise des vins IGP a accueilli un parterre de journalistes au Wine bar, à Nîmes, le 10 juillet dernier, pour présenter les actions œnotouristiques proposées avec les IGP Coteaux du Pont du Gard et des Cévennes, aux côtés de leurs présidents respectifs, Christophe Aguilard et Christel Guiraud. "Il nous faut apprendre à danser sous la pluie, en regardant en face nos difficultés et la crise réelle qui touche la viticulture française, mais sans aller trop loin dans le pessimisme, pour ne pas faire repoussoir non plus", résume Denis Verdier.
Les festivités ne viendront pas occulter le nécessaire travail à mener sur le marché, en lien avec "la déconsommation structurelle, le poids des importations espagnoles - même si le terme 'importation' n'est pas adéquat, car nous sommes en Europe -, la très nette baisse des prix au départ de nos caves, la sévère problématique mildiou de cette année, les six millions d'hectolitres de surstocks considérables qu'il va nous falloir traiter alors que les vendanges sont en vue", égraine Denis Verdier.
Face à la déconsommation, "comment faire en sorte que les jeunes générations s'intéressent au vin, dans une démarche de modération de la consommation", interroge Denis Verdier. D'autant qu'en pleine crise économique qui amplifie le phénomène, sous les coups de ciseau "baisse de revenu, stocks importants et charges qui explosent", l'équation est complexe à résoudre. "Le plus inquiétant, c'est que cette crise est structurelle et qu'il nous faut mener une véritable mutation", alors que l'immédiateté de la vendange qui arrive renforce la difficulté à court terme.
"Avec les organisations professionnelles et le syndicalisme, il va falloir imaginer des formules pour les plus endettés, comme les jeunes qui viennent d'acheter du foncier, et plus globalement pour tous ceux qui ont des problèmes de trésorerie. Des réunions vont s'ouvrir", annonce le président de la Fédération gardoise des vins IGP. Et au-delà de ces mesures sociales nécessaires, qui peuvent prendre la forme d'arrachages par exemple, "il nous faut modifier des choses dans la filière et innover, à l'image des réflexions menées avec l'Inao sur les moindres degrés alcooliques, les cocktails, les bulles... pour limiter la concurrence," explique Denis Verdier. En ce sens, les IGP de territoires sont de véritables moyens d'aller vers de la valeur ajoutée, "que ce soit en vente directe et à l'exportation".
À ses côtés, Christophe Aguilar hoche la tête : "C'est un changement de paradigme qu'il nous faut faire accepter par la filière. Aujourd'hui par exemple, sur les vins bios, nous avons sans doute trop axé sur la destination vrac. Désormais, il nous faut tendre vers la vente directe et que le vigneron multiplie les produits et leurs offres. Et la filière doit aider et accompagner les vignerons sur ce chemin. On a trop laissé la main au négoce pour qu'il fasse à notre place. Il faut rééquilibrer." Mais le président des Vins IGP Cévennes est également conscient que la croissance de ces dernières années était trop importante par rapport à ce que le marché pouvait absorber. "À nous de recalibrer également notre offre en conséquence dans les deux à trois ans qui viennent, car on s'est trop reposé sur nos lauriers."
Car là aussi, pas de défaitisme vis-à-vis de l'aspect commercial : "Les nouveaux cépages vont nous y aider, tout comme les bulles maintenant que les IGP ont validé la désalcoolisation. Et même si c'est un micro-marché, il ne faut pas le négliger dans cet objectif de démultiplication de nos produits et de nos circuits : aujourd'hui, ce qui compte, ce n'est pas le volume, mais la valorisation. Et cette crise vient une fois de plus nous rappeler qu'il faut investir quand cela marche bien."
La fédération n'a pas attendu ce 10 juillet pour mettre en marche plusieurs leviers et travaille déjà activement sur quatre axes de retour de plus-value : la désalcoolisation, l'élargissement de l'aire IGP Cévennes sur les cantons cévenols lozériens historiquement producteurs de vins, l'innovation et les cépages, en particulier sur les cépages patrimoniaux, sans compter la montée en puissance de la marque collective lancée en novembre 2023 'Les bullicieuses', avec une présentation de cuvée tout au long de l'été sur les différents évènements de la fédération.
Sur la désalcoolisation, les IGP du Gard ont ainsi décidé d'intégrer la pratique dans leurs cahiers des charges, limitant le taux d'alcool à 6°. Toutefois, la désalcoolisation est un processus technique compliqué qu'il va falloir que les vignerons s'approprient.
Concernant l'élargissement de l'aire IGP Cévennes sur les cantons cévenols lozériens, cela va aussi permettre à la palette des IGP du Gard de se densifier, avec des produits distincts issus de ces terroirs septentrionaux.
Sur l'innovation, les Vins IGP du Gard peuvent s'appuyer sur le GIEE 'AARC en vigne', qui teste des pratiques agroenvironnementales et donc le nouveau plan d'action 2024-2026 va travailler sur différentes missions : la production de références technico-économiques agricoles adaptées au changement climatique en Cévennes, la protection de la biodiversité, le travail sur la valorisation économique et l'accompagnement des vignerons.
Autre outil porteur d'espoir : le projet 'Treilles et terrasses', porté par le Syndicat des Hautes vallées cévenoles et l'IGP Cévennes, retenu pour un appel à projet de la Fondation Carasso. Cette dernière a alloué 50 000 € pour étudier les cépages historiques cévenols, la culture en treille, la mise en place et le suivi de parcelles de vigne avec des cépages non inscrits au catalogue, avec l'objectif de réaliser des micro-vinifications.
Sur les cépages patrimoniaux hybrides, les ODG ont demandé à la Commission européenne une lecture officielle du texte de loi de l'OCM vin : "Il est possible de produire des boissons fermentées à partir des six variétés de raisin interdites, à condition que la dénomination 'vin' ne figure pas sur la bouteille, et que la bouteille de conditionnement du jus ne présente pas de risque de confusion pour le consommateur".
Enfin, sur la marque collective 'Les bullicieuses', le travail sur les tests de consommateur fait au Salon international de l'agriculture va se poursuivre au prochain Wine Paris, en février 2025. "Nous allons également mobiliser des moyens pour que les vignerons puissent communiquer sur cette marque, et nous travaillons avec l'Umih du Gard [métiers de l'hôtellerie, ndlr], l'interprofession, le Département et la Région, pour donner un véritable démarrage à cette démarche, avec l'ambition de faire reconnaître une IGP autour des bulles. Actuellement, nous sommes dans la phase d'acquisition d'antériorité", conclut Denis Verdier.
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