Obsédé, Jean Lacauste l'est à 300 % quand il s'agit de vins, comme son père, son grand-père et son arrière-grand-père l'étaient en leur temps. "C'est une obsession de père en fils, et ce, depuis des générations", s'amuse le vigneron, désormais soulagé de ne pas avoir reçu une volée de bois vert avec le nom – "un peu potache", reconnaît-il – de sa nouvelle cuvée, ‘Obsédé du cru'. Un nom qu'il avait utilisé en guise de boutade, quelques années auparavant, au cours d'une réunion viticole, pour saluer ses pairs au moment de partir.

Mais dépasser la plaisanterie pour apposer un tel nom sur une de ses cuvées a nécessité quelques années de réflexion. "Je craignais que cela soit mal perçu. Mes collègues, quand je les consultais, me disaient que bien que l'idée était super, il ne fallait pas le faire. Sans l'appui de ma femme, je n'aurais sans doute pas osé", confie Jean Lacauste. Outre le soutien inconditionnel de son épouse, le déclic est venu d'un livre sur les dinosaures qu'il lisait à ses enfants, agrémenté de "pop-up", ainsi que d'une étiquette d'un crozes-hermitage avec une image de papillon, qui déploie ses ailes quand on y appuie dessus.

Mettre un coup de projecteur sur le terroir de Saint-Drézéry

Sa passion pour le terroir en AOC Languedoc Saint-Drézéry et sa volonté de ressusciter le syndicat de défense des vins de Saint-Drézéry, depuis qu'il en a pris la présidence en 2009, ont fini de le convaincre de franchir le cap. "Comme les vins de notre terroir sont assez austères et plutôt charpentés, nous avons cherché, avec mon œnologue, au travers de cette nouvelle cuvée, à faire quelque chose de très rond, afin que celle-ci plaise au plus grand nombre", détaille-t-il. Avec le millésime 2019, l'œnologue et le vigneron ont élaboré une cuvée composée de 60 % de grenache et de 40 % de syrah, soit deux des trois principaux cépages de l'appellation, qu'ils ont sortie en 2021.

Si, pour la bouteille, Jean Lacauste est resté sur une quille bourguignonne, comme pour ses autres cuvées, il a innové pour son étiquette : celle-ci est imprimée sur deux niveaux, dont le premier se décolle en utilisant un sceau de cire, et révèle une autre étiquette, représentant de manière subjective les lignes du terroir de Saint-Drézéry, ce terroir qui est le sien, avec son sol de galets roulés, et qui donne des vins à la réputation jamais démentie.

Certifications de la cave

Lauréat du Certificat du concours ‘Paris packaging week' de 2022

POINT à la vigne

Le vignoble, qui s'étend sur 47 hectares, est certifié en Haute valeur environnementale niveau 3 depuis quatre ans. Dans les parcelles de syrah et de grenache, situées sur la colline des châtaigniers, à Saint-Drézéry, et à partir desquelles est composée la cuvée ‘Obsédé du cru', le vigneron pratique trois travaux en vert supplémentaires : une première taille en vert en mai ; une deuxième taille en juin où sont tombés les deux premiers entre-cœurs face à face ; puis une vendange en vert où est retirée une grappe sur deux. Le rendement de ses parcelles de galets roulés est autour de 25 hl/ha.

POINT à la cave

Le vigneron a opté pour des macérations de trois semaines, avec des travaux quotidiens de pigeage, de délestage et de remontage. "On travaille dans des cuves béton tronco-pyramidales pour faciliter les pigeages", indique Jean Lacauste. Suit un élevage au moins d'une année, mais qui peut aller jusqu'à 18 mois, en barrique, "neuve pour la syrah, et en barrique de deux à trois vins pour le grenache". Mais surtout, "on travaille avec le moins d'intrants possibles, mais quand il faut en mettre, on le fait, car on n'a pas d'autre choix", dit-il.

INFOS pratiques

Lancement : mars 2021 (entre 4 000 à 5 000 bouteilles)

Volume : entre 7 000 et 8 000 pour le deuxième millésime

Rendement : 25 hl/ha

Cépages : 60 % grenache et 40 % de syrah

Prix de vente : 15 €

Distribution : restauration, petits magasins locaux, cavistes, quelques distributeurs en France, vente directe au domaine

Coup double

Pourquoi se contenter d'une étiquette quand on peut en avoir deux, et créer ainsi un effet de surprise. C'est le choix fait par le vigneron, avec un seul objectif en tête : mettre en lumière la beauté de son terroir. "Saint-Drézéry a toujours été réputée pour la qualité de son territoire et des vins qui en sont issus. Une qualité particulièrement recherchée dès le XVIII^e siècle dans toute l'Europe, époque où les échanges commerciaux se faisaient principalement par bateau", rappelle Jean Lacauste.

Cette qualité, issue du terroir, lui a donné l'idée de le représenter sur son étiquette. Aussi cette dernière représente-t-elle un paysage de vignes, avec des collines, à l'instar du paysage de Saint-Drézéry avec son vignoble de coteaux. À la droite de l'étiquette se trouve un sceau de cire qui, lorsqu'on le décolle, permet de retirer la première couche de l'étiquette et de révéler la deuxième étiquette, qui ne prend que les lignes du paysage vallonné, ce qui devient alors subjectif.