limoux
Malgré un marché rigide, les appellations de crémant ont réalisé, durant l'année 2022, les meilleurs exercices de leur histoire. L'AOP Crémant de Limoux se réjouit de cette année record, mais reste attentive aux variations que subissent les matières sèches et la situation climatique.
La situation géographique des vignobles du Limouxin, aux contreforts de la chaîne pyrénéenne, offre un climat favorable.
© Crédit photo : AL
S'il y en a bien une qui a tiré son épingle du jeu durant cette crise, c'est bien la bulle. 2022 est une année record pour le crémant, avec 102,3 millions de cols commercialisés en France et dans le monde. "Tout le monde a fait de beaux résultats, malgré un passage délicat où toutes les filières ont souffert", constate Jean Fau, président du Syndicat des vins AOC de Limoux.
La filière du crémant est en avance sur ses propres projections, avec un plan stratégique qui prévoyait d'atteindre les 100 millions de cols uniquement en 2025.
La dynamique de croissance surpasse l'ensemble des appellations avec en tête l'AOP Crémant de Loire (+ 35,1 %), l'AOP Crémant de Bourgogne (+ 16,7 %), et enfin l'AOP Crémant d'Alsace (+ 16,1 %). Avec, à elle seule, 6,2 millions de cols commercialisés, l'AOP Crémant de Limoux n'est pas en reste. "C'est la concrétisation d'un travail de fond qui a été fait depuis de nombreuses années", temporise le président. "L'export a très bien fonctionné avec des pays plutôt emblématiques, comme l'Angleterre, les USA ou encore le Canada. Là où c'est plus étonnant, c'est de voir l'Australie, l'Italie, et même la Russie compter parmi nos importateurs."
Pour expliquer cette tendance à la hausse des crémants, le président estime que la découverte a une grande part de responsabilité. "Au-delà du champagne, bien connu et plus onéreux, les gens souhaitent goûter à autre chose", explique Jean Fau, tout en misant également sur "un effet de mode" à ne pas négliger.
Comme le reconnaît le président, "par les temps qui courent, il est essentiel de faire le point de façon récurrente, afin de rester attentif aux variations du marché". Performant et fragile à la fois, le marché ne laisse que peu de marge d'erreur. "La situation sur les matières sèches est inquiétante", partage le président.
Sur fond d'instabilité et d'inflation, le verre, les capsules et les bouchons deviennent des denrées de plus en plus rares et onéreuses. "En ce moment, la spéculation va bon train et nous souhaitons éviter cela, car l'économie a surtout besoin de stabilité et de sagesse pour bien fonctionner."
Pour le président, cette stabilité que possède l'AOP Crémant de Limoux est en partie grâce au passé. "La chance de Limoux, c'est que l'on a une affectation parcellaire, définie au 31 mai, qui permet, par entreprise, d'estimer les stocks en cave et la déclaration de récolte nécessaire pour servir le marché, afin d'avoir un équilibre optimal. Nous devons cela à nos prédécesseurs, qui ont fait un travail formidable", estime le président, en ajoutant que"le surstock dans le monde viticole met les gens dans des situations difficiles par rapport au marché". Malgré cette base solide, le climat reste un vecteur indomptable, notamment quand il est question d'eau. "La question climatique perturbe tout le monde et nous sommes toujours dans la crainte d'une faible récolte. Néanmoins, les contreforts pyrénéens, malgré le fait que nous soyons sur le bassin-versant, nous placent dans une situation géographique plutôt favorable qui nous permet d'avoir cette fraîcheur et d'éviter la casse."Comme le rappelle Jean Fau, "avec deux caves coopératives, une trentaine de caves particulières et dix caves de négoce, nous restons une petite appellation".
Avec un potentiel de 7 500 hectares et une production de l'ordre de 52 000 hectolitres, l'appellation conserve les mêmes bases que l'année passée en termes de superficie et de production même si, durant la saison précédente, "on a senti les vignes un peu chargées, avec des bois plus faibles, point sur lequel il faut rester vigilant".
L'AOP ne mise pas sur la fatalité. "Aujourd'hui, nous avons ajouté une réserve qualitative et climatique, c'est-à-dire que quand on peut, on va produire un peu plus, mais ce surplus sera libéré uniquement suite à de petites récoltes. Cela permettra de trouver un équilibre financier d'une part pour les vignerons et d'autre part pour l'entreprise, qui pourra servir ses clients, même en cas de baisse de rendement", explique-t-il.
Pour limiter la baisse de rendement et allonger la durée de vie des vignes, le président gage sur "une production cohérente", entre productivité et longévité. Le développement de cépages mieux adaptés aux conditions climatiques est également une piste. "Nous avons un conservatoire de plus de 150 variétés de mauzac, vieux cépage ancestral de Limoux, sur lesquelles on travaille actuellement", partage-t-il.
Des recherches sur le compartiment sol, un questionnement sur la raréfaction de la main-d'œuvre et sur la déconsommation de l'alcool, "ces questions revêtent un aspect inquiétant et passionnant à la fois qui nous pousse à être innovant et créatif".
Dans un bassin historiquement tourné vers la production de vin rouge, le président félicite le travail du syndicat, qui a su faire rayonner le territoire de Limoux avec la production de vin blanc et d'effervescent au niveau mondial, tout en maintenant à l'esprit que c'est en partie grâce "au travail de nos anciens, auxquels je rends hommage aussi souvent que je le peux".
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