Entrepreneurs des territoires
Si leur rôle est indiscutable et leur développement grandissant ces dernières années, les entreprises de travaux agricoles, ruraux et forestiers déplorent un manque de soutien et de reconnaissance de l'Etat.
Frédéric Jan vice-président, Philippe Largeau, le président national, et Martine Perrin, secrétaire générale de la FNEDT, qui tenait son congrès les 6 et 7 mars à Arles.
© Crédit photo : Emmanuel Delarue
Porteurs de solutions dans de nombreux secteurs d'activité dont l'agriculture, les entrepreneurs du territoire défendus au sein de la Fédération Nationale des Entrepreneurs des Territoires (FNEDT) se sont retrouvés en Camargue fin de semaine dernière. L'organisation professionnelle y tenait son congrès annuel à Arles.
Pour poser le débat, le président de l'organisation rappelait quelques chiffres éloquents. "Il y a 10 ans, nous étions 20 000 entreprises pour 95 000 actifs. Nous sommes aujourd'hui 22 000 entreprises à l'échelle du territoire français pour 160 000 actifs", lançait Philippe Largeau. En 10 ans, le marché des Entreprises de travaux agricoles (ETA) a en effet connu une augmentation de 60 % de salariés et son chiffre d'affaires atteint désormais 8 milliards d'euros. La majeure partie de l'implantation de la prestation de service en agriculture se situe plutôt dans le Grand-Ouest.
Mais la FNEDT entend se développer dans d'autres bassins dont le Sud-Est. La fédération veut en effet travailler à redynamiser son réseau et faire entrer de nouveaux adhérents. "Nous avons choisi de venir en Arles cette année pour apporter notre soutien aux entrepreneurs de cette région. La région Paca est très représentative du développement des entreprises de travaux agricoles. Notamment en viticulture, mais aussi en arboriculture et dans la culture de la lavande", souligne Philippe Largeau.
En 10 ans, les Entreprises de travaux et services agricoles et ruraux (ETARF) – dont 841 ETA – ont progressé de 24 % dans notre région. Les entreprises des territoires sont globalement dans le domaine agricole (ETA), forestier (ETF) et rural (ETR) de plus en plus sollicitées sur l'ensemble du territoire national. Ne serait ce que dans l'agriculture, 60 % à 70 % des exploitations agricoles font appel à ces prestataires a minima une fois l'année. Une progression dont se félicite la filière et Philippe Largeau. "Nous devenons un acteur incontournable sur les territoires. On se doit de répondre aussi à des besoins grandissants en expertise, ce qui implique de notre part de monter en compétences, productivité, innovation, et nécessite de développer de l'emploi. La prestation de services de travaux répond aussi aux transformations des modèles économiques et démographiques", observe le président de la FNEDT, qui regrette néanmoins un manque de reconnaissance de la part des pouvoirs publics.
"On nous dit que l'on a besoin de nous. Mais dès qu'on demande de l'aide, notamment des pouvoirs publics, on nous ferme la porte. Le monde agricole est soutenu, pas nous. Nous sommes exclus des dispositifs d'accompagnement et de soutien mis en place par le ministère de l'Agriculture pour faire face aux difficultés causées par les intempéries", regrette Philippe Largeau. Il faut dire qu'en 2024, l'année a été compliquée pour les ETARF en raison notamment des conditions climatiques exécrables. L'économie des exploitations agricoles fragilisées par la baisse des rendements et les cours des céréales très bas les a impactés directement. Ces dernières ont enregistré une baisse de leur chiffre d'affaires de 5 à 85 % selon les entreprises, et de 20 % en moyenne.
Conséquences ? Les entreprises ont dû faire avec des décalages et des annulations de travaux, faire preuve de résilience pour assurer les récoltes notamment dans des contextes extrêmement dégradés. Enfin, réputées partenaires de leurs clients agriculteurs, éleveurs et forestiers, "les ETARF sont souvent contraintes d'assumer le rôle de banquier, sans obtenir d'avancée de la part du gouvernement". Mais le secteur n'omet pas pour autant de se remettre en question. "Nous avons trop souvent fait des prix en fonction de ce que le client voulait bien donner. À nous désormais de déterminer nos vrais coûts de revient pour établir les prix de nos prestations", ajoute Philippe Largeau.
La FNEDT déplore aussi le manque d'équité à l'égard les entreprises des territoires, au plan social – pointant par exemple "la fin de l'exonération TO-DE en 2016" – comme au plan environnemental, domaine où "la complexité réglementaire est croissante et les contrôles concernant les phyto sont incessants", argumente Philippe Largeau.
Mais les derniers signaux envoyés par les pouvoirs publics ne sont guère plus positifs. Dans le cadre du projet de loi d'orientation agricole, la FNEDT s'est fortement mobilisée pour faire reconnaître et sécuriser les métiers des entrepreneurs des territoires. Pourtant, "le rattachement des ETA aux activités réputées agricoles a été retiré", déplore-t-il. Ces dernières années, les ETARF ont déjà subi les vagues inflationnistes sur l'énergie, les agroéquipements et les pièces détachées. "La situation ne devrait pas s'améliorer dans ce domaine", admet le président. Pour la suite, difficile de mesurer les conséquences économiques du contexte géopolitique actuel pour le secteur.
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