Dossier formation
On commence à avoir un peu de recul sur la réforme du baccalauréat faite en 2018, les premiers bacheliers "réformés" étant sortis en 2021. Entre le Covid - qui a déstabilisé bien plus profondément qu'anticipé toute une 'classe' d'âge - et une réforme sans doute mal calibrée sur les enseignements de base - bien qu'ajustée par la suite - on se demande si la jeunesse formée cette décennie disposera véritablement de toutes les armes pour affronter les défis multiples posés sur la table.
La réforme du baccalauréat de l'enseignement a également impacté les lycées professionnels, y compris les établissements agricoles. Les premières cohortes de jeunes ayant suivi ce cursus réformé, mis en place en 2018, ont donc été diplômées en 2021.
À l'origine, elle répondait à divers objectifs : tout d'abord, simplifier l'examen, apparemment devenu trop complexe, les élèves passant toujours 1 épreuve anticipée de français en 1re et 4 épreuves en terminale (2 spécialités, philosophie et un oral final), au lieu de 12 à 16 examens. Ensuite, mieux valoriser le travail des élèves et d'accompagner les lycéens dans la conception de leur projet d'orientation, en leur offrant des heures dédiées à l'orientation et en leur donnant une plus grande liberté dans le choix des enseignements, avec des spécialités nouvelles proposées. L'objectif était alors de moderniser le baccalauréat professionnel agricole, et de mieux préparer les élèves à intégrer le marché du travail ou à poursuivre des études supérieures. Le constat de l'époque pointant que 60 % des étudiants échouaient en licence.
Les lycées professionnels agricoles ont ainsi dû mettre en place, parfois à marche forcée, cette réforme qui, sur le papier, avait l'objectif louable de recentrer les enseignements sur la mise en situation professionnelle et sur un contrôle continu, en proposant aux élèves un nouveau calendrier et un nouveau format des épreuves.
Le bac pro est resté organisé sur trois ans (contre quatre pour certains bacs technologiques), mais avec des épreuves concentrées sur les compétences professionnelles acquises tout au long de la scolarité, et une part importante de contrôle continu (40 %), mais aussi une professionnalisation du parcours, l'élève choisissant trois spécialités en classe de première et en conservant deux en terminale.
Dans les lycées agricoles, cette réforme a accéléré la prise en compte des enjeux liés à l'agriculture durable et aux évolutions technologiques - comme l'agriculture de précision ou la transition énergétique -, avec lesquelles les futurs agricultrices et agriculteurs devront composer.
Avec désormais quelques années de recul, si l'on peut saluer la professionnalisation du parcours et la confrontation avec la réalité du terrain, les réformateurs de l'époque semblent avoir mal calculé l'importance du socle généraliste (français, math, physique-chimie, biologie), pourtant fort utile pour construire la pensée, permettre réflexion et argumentation, et lutter contre les fausses informations, alors que les dogmes simplistes, voire faux, fleurissement ardemment sur les réseaux sociaux, dont sont friands les jeunes.
Enseignement supérieur
Si l'agriculture se transforme, la formation des ingénieurs destinés à évoluer dans ce milieu également. Que ce soit à l'école d'ingénieurs de Purpan ou à l'Institut Agro Montpellier, la capacité d'adaptation et l'agilité pour s'accorder aux problématiques contemporaines sont des priorités pour assurer l'arrivée sur le marché du travail d'ingénieurs polyvalents et équilibrés.
Pour ne jamais se retrouver hors sol, la réflexion est permanente et s'ancre dans la production agricole. Les exploitations des écoles permettent une mise en application directe des recherches effectuées.
© Crédit photo : Service communication - Institut Agro Montpellier
À l'heure de l'intensification de l'utilisation du numérique au quotidien, ce n'est plus le savoir que viennent chercher les jeunes dans une école d'ingénieurs. "Notre rôle, c'est plutôt de structurer les esprits", affirme Éric Latgé, directeur général de l'école d'ingénieurs de Purpan, à Toulouse. Alors évidemment, il y aura toujours à apprendre dans les écoles d'ingénieurs, mais en s'accordant avec les transformations de la société et du monde agricole pour former les ingénieurs de demain, et cela dès aujourd'hui !
Les compétences recherchées évoluent et obligent à une mise au diapason de la formation supérieure. À Purpan, la relation humaine reste centrale : "Demain, nos ingénieurs et bachelors auront à faire des choix dont l'intelligence artificielle ne pourra s'occuper. Notre but est de former des individus équilibrés, à même de prendre ce type de décisions." Pour le directeur général de l'école toulousaine, la différenciation entre savoir-vivre et savoir-être n'est plus constitutive des attentes. Il voit plutôt des "savoirs accordés", des compétences qui se répondent, échos de la science, de la technique et de l'humain.
Bien amorcé depuis 70 ans, le changement s'est considérablement accéléré depuis une vingtaine d'années, reconnaît Stéphane Fournier, directeur délégué aux formations de l'Institut Agro Montpellier. Former, innover, transformer... "Il est question d'appréhender un monde en constante évolution pour permettre aux étudiants de s'inscrire dans des trajectoires de changement et d'avoir une capacité d'approche systémique", développe le directeur délégué. Du pilotage du changement, l'école a d'ailleurs fait sa raison d'être : "Former, sur des bases scientifiques, les nouvelles générations de cadres et d'acteurs, inventer et innover pour transformer les systèmes agricoles et alimentaires et contribuer à mieux nourrir le monde, en agissant avec et pour le vivant." Le tout en identifiant des trajectoires alternatives, qui peuvent entrer en résonance avec le local.
À Purpan, on estime qu'il est grand temps que l'agriculture retrouve la valeur qui lui était attribuée dans le siècle précédent. "Avec une baisse de la population agricole, le secteur a changé de place, mais celle-ci n'en est pas moins fondamentale et doit socialement être perçue comme telle. La question est : comment faire pour que l'agriculture rencontre la société ? Parce que je ne pense pas que cette dernière aille la chercher", s'interroge Éric Latgé. Le directeur général de Purpan est formel, l'enjeu majeur réside dans l'installation de nouveaux agriculteurs, des agriculteurs exerçant aujourd'hui un métier "d'entrepreneurs dans des contextes compliqués qui requièrent une capacité d'adaptation importante".
Il reste lucide : encore à ce jour, les formations agricoles n'ont pas la côte. "Il faut montrer que l'agriculture n'est pas un lieu verrouillé, mais bien ouvert sur de très nombreux sujets." Liant technique, agronomie, agroalimentaire, gestion, finance... L'agriculture "est un pan de l'activité économique de la France". Pour attirer vers les formations, ils ont fait le choix de l'amélioration de la vie grâce au vivant, par la biodiversité, le mieux manger... "Et de vivant, on passe assez rapidement à l'agriculture. Les jeunes ont un intérêt pour les thématiques fortes et ces enjeux sont au cœur de leurs choix de formation", souligne Éric Latgé.
À Montpellier, l'Institut Agro aussi valorise la vision macro, inscrite dans une logique de "désiloïsation" - comprenez, en finir avec l'organisation en silo. Parce que "différentes révolutions sont en cours", l'école cherche à faire coïncider les enjeux aux enseignements. Stéphane Fournier identifie trois priorités pour le monde agricole demain. Dans un premier temps, l'Institut Agro Montpellier s'évertue à "travailler l'évolution des pratiques, afin de maintenir la production, sans perdre de vue que la population augmente". Les ingénieurs doivent ainsi s'inscrire dans une logique de "mitigation (ndlr : modération) du changement climatique".
Est pointé un objectif de préservation des ressources, tout en répondant aux impératifs de souveraineté alimentaire. Si la re-localisation des filières est possible, elle ne peut intervenir seule. Coordination des acteurs, meilleure répartition de la valeur économique, lutte contre la précarisation alimentaire, reproductibilité des systèmes... L'évolution est nécessaire à chaque étape. Enfin, la capacité d'évaluation des impacts et des prospectives restera au cœur, de manière à "tenter d'agréger les piliers du développement durable". "On ne peut plus se contenter d'ajustements à la marge. Il faut des changements radicaux et pour cela, il faut des ingénieurs capables d'identifier les trajectoires de réadaptation," synthétise le directeur délégué aux formations.
En creux, l'apparition du numérique vient nécessairement transformer l'enseignement. Avec raison gardée bien entendu, entre l'urgence de former, tout en s'interrogeant sur la pertinence de l'intégration de certains outils, selon Stéphane Fournier. De son côté, Éric Latgé souligne la nécessité de fournir un "contenu qui n'est pas statique". À Purpan comme à l'Institut Agro, la présence de nombreux enseignants-chercheurs permet une prise avec la recherche et les questions émergeant du territoire, rendant la proximité évidente.
Pour l'école toulousaine, disposer d'une exploitation assure une compréhension globale et une mise en application rapide de ce qui est soulevé par la recherche. Sylvopastoralisme, arrêt du glyphosate, plantation d'arbres, gestion de l'eau, couverture permanente des sols... Les stages obligatoires de première année offrent aux étudiants une capacité de compréhension : "L'acte de produire a une grande spécificité et est pluriel, il ne saurait se résoudre à le rendre uniquement théorique." À Montpellier, un dialogue entre les disciplines s'impose, tout comme le développement d'outils de maîtrise de risques et d'adaptation des choix, de manière à "fournir des compétences pour rebondir tout au long de la carrière. Les enseignements se veulent volontairement généralistes dans les premières années avant d'atteindre une spécialisation particulière au niveau master."
Dans les deux grandes écoles, les profils se modifient, aussi, avec près de 60 % de femmes sur une promotion de 280 à Purpan (350 diplômés avec l'apprentissage). "Les sciences du vivant attirent beaucoup de femmes, et c'est justement ce que l'on propose. La ruralité reconnaît Purpan, ce qui nous place comme un cursus normal dans notre zone géographique." L'ouverture sociale a également augmenté avec l'apparition de l'apprentissage il y a trois ans. À l'Institut Agro, les cursus d'ingénieurs, intégrant également des parcours en apprentissage, sont composés à plus d'un tiers d'étudiants boursiers sur critères sociaux et l'ensemble des formations comptent 20 à 23 % d'étudiants étrangers. Les enfants d'agriculteurs sont également de plus en plus nombreux à se présenter sur les bancs des écoles, bien au fait des enjeux réclamés pour une installation pérenne et viable, même dans le cadre familial.
Une réflexion pour "ne jamais être hors sol" et rester en phase avec les problématiques contemporaines, tout en implémentant, comme les semenciers, un "potentiel germinatif" et ainsi offrir aux ingénieurs de demain les clés d'une vision systémique du vivant.
Enseignement agricole
Il y a celles et ceux qui souhaitent rejoindre l'exploitation familiale ou encore les hors cadre familial au projet déjà dessiné. Entre hésitation et objectif précis, les étudiants du lycée Charlemagne de Carcassonne témoignent à mi-parcours.
"Certains viennent en filière agricole en pensant que ce n'est que mettre la main dans la terre," soulignent les étudiants du Campus Terre & Nature, qui regroupe les lycées Charlemagne, à Carcassonne, et Martin Luther King, à Narbonne.
© Crédit photo : JB
Étudiant en première année de BPA 'Travaux de conduite et entretien des engins agricoles', Yoan De Bruyn a 17 ans et sait déjà ce qu'il souhaite faire : élever des porcs et des canards en Gaec avec son frère. Issu d'une famille de vignerons, il a en poche un CAP 'Boucher' et a choisi l'alternance "parce que je ne suis pas scolaire et que cela me permettait d'avoir un salaire et d'être plus dans la pratique. Dans cette filière, nous sommes directement associés à la vigne, nous apprenons à tailler, on voit l'évolution de la souche, on fait de la mécanique. Je voulais faire plein de choses différentes, pour voir si d'autres domaines que l'élevage me plaisent." Pour atteindre son objectif, Yoan envisage de passer un BPREA.
Étudiant en 1re année de BTS 'Viticulture-Œnologie', Julien Perrain espère acquérir "beaucoup de connaissances et de pratiques en vigne et vin pour pouvoir [m]'adapter au changement climatique et économique," et à terme s'installer avec son père, viticulteur à Argeliers. "Grâce à tout ce que j'ai appris, j'aimerais pouvoir faire évoluer notre exploitation : ne pas faire que de la cave coopérative et passer une partie en cave particulière, enherber le domaine, utiliser des méthodes plus propres pour l'environnement, évaluer les besoins en eau de la vigne et limiter les besoins de manière efficace, sans avoir une trop grosse empreinte", témoigne l'étudiant. "Les professeurs nous préparent bien à ce qui arrive, aux nouveautés et aux innovations futures."
Issue du même BTS, Ylona Gomez - en 2e et dernière année - souhaite devenir œnologue. "Le BTS m'a apporté du concret. Ce que j'ai adoré, c'est le stage de deux mois de la 2e année car nous y voyons une vendange complète, ce qui permet de faire le lien avec la théorie vue la première année." L'étudiante, non issue du milieu agricole et qui "n'y connaissait rien" souligne une difficulté : "En première année, la majorité de la classe sortait d'un bac agricole ou était enfant de vignerons, avec un niveau très avancé. Les professeurs sont partis très vite et pour ceux qui n'y connaissaient rien comme moi, il a fallu s'accrocher et fournir beaucoup de travail personnel." Après son BTS, Ylona envisage une année de licence pour acquérir un bac +3, lui ouvrant la porte du diplôme national d'œnologie.
Les étudiants sont unanimes lorsque l'un d'eux souligne la présence "d'élèves qui ne savent pas pourquoi ils sont là". "Les profs sont dévoués pour les aider, mais ils ralentissent le groupe, et cela ne valorise pas notre travail. Certains viennent en filière agricole, en pensant que ce n'est que mettre la main dans la terre, mais c'est un cliché. C'est en réalité beaucoup de travail", témoignent à l'unisson les élèves, se sentant peu encouragés dans cette filière. "Au collège, on nous a pour la plupart déconseillé d'aller en agriculture, c'est une filière dénigrée, alors qu'on a le sentiment d'être prédisposé à réussir. Nos profils sont plus concrets que des masters."
Étudiant en 2e année de BTS 'Gestion et protection de la nature', Bruno Pinheiro De Vasconcellos souhaite devenir photographe naturaliste et créer des expositions de sensibilisation à l'environnement, avant même d'avoir terminé ses études. "Durant ma licence en biologie, j'ai eu une prise de conscience écologique et j'ai voulu aller vers du concret. Un BTS, c'est concret. Ce n'est pas comme à la fac. Ici on fait des inventaires de plantes, on réalise des diagnostics, on a des projets de groupe", explique celui qui souhaite poursuivre ses études dans la médiation scientifique à Toulouse. "Le BTS m'a apporté un aspect protection de la biodiversité, de la connaissance de tous les enjeux et du fonctionnement de toutes les institutions, et une vision claire du domaine naturaliste."
Du côté des étudiants du BTS 'Agronomie et cultures durables', la réforme du diplôme, anciennement nommé 'Agronomie productions végétales', ne passe pas. "La formation a évolué plus vite que les agriculteurs. Le mot - durable - de notre diplôme est un problème et nous bloque pour les futurs débouchés. Nous avons fait des sorties scolaires auprès de professionnels, qui nous ont clairement dit qu'avec ce diplôme, ils ne nous prendraient pas. Avant, on étudiait les produits phytosanitaires, maintenant on dirait qu'on ne vit que pour le bio. Ne plus aborder le conventionnel va nous fermer des portes." Un gros hic pour cette section qui a l'impression "d'aller droit dans le mur", compensée par un engouement envers des professeurs et une équipe pédagogique fortement appréciée. "Tous nos enseignants sont engagés et passionnés. Ils sont dans le métier, dans le concret, dans des associations, ils savent de quoi ils parlent et ne sont pas que profs. Ils aiment enseigner, ils sont toujours là pour nous et sont très réactifs. Même les auxiliaires d'éducation (AE) et les conseillers principaux d'éducation (CPE) sont supers et ne nous prennent pas de haut", appuient les élèves.
"Je ne savais pas quoi faire comme études, mais tenir un restaurant avec mon père m'a permis de savoir que j'aimais le commerce et le vin, je me suis alors orientée vers un BTSA 'Technico-commercial en vins, bières et spiritueux'", témoigne Amélie Bowman, étudiante de 23 ans en 2e année et en alternance chez un négociant. "Ces deux années ont vraiment été formatrices et m'ont permis de découvrir que je déteste vendre auprès des professionnels. J'ai l'impression de faire trop de forcing", souligne l'étudiante, qui a pour but d'ouvrir un camion bar à vin et fromage, à destination des événements et des marchés. Capucine Homs et Pierre Fandos sont étudiants en 1re année du BTS 'Agronomie et cultures durables'. La première souhaite devenir conseillère agricole ou ingénieur. Pour cela, elle poursuivra avec une classe préparatoire et une école d'ingénieur, ou une licence professionnelle, avant d'entrer sur le marché du travail.
Le second souhaite travailler en institut de recherche. Pour cela, il poursuivra ses études avec une licence et une école d'ingénieur agronome. "L'avantage de notre diplôme, c'est que nous avons beaucoup de pratique. Nous avons fait des chantiers de semis, nous avons conduit le tracteur et nos stages nous ont permis de découvrir le travail du sol, les semis et les récoltes. Sur le campus, nous nous connaissons tous. Nous ne sommes pas beaucoup par classe, et cela nous permet de bien travailler."
Enseignement
Incontournable dans le monde agricole, et avec un rôle renforcé face au défi du renouvellement des générations en agriculture, les lycées agricoles s'attachent chaque jour à préparer au mieux les élèves et apprentis aux défis d'aujourd'hui et de demain.
Pour se former et porter un projet professionnel, les apprentis peuvent s'appuyer sur l'implicationde toute l'équipe du Campus Nature Provence.
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En région Paca, l'enseignement agricole public connaît en effet une croissance de plus de 6 % de ses effectifs. Une tendance que l'on retrouve sur le Campus Nature Provence - Établissement public local d'enseignement et formation professionnelle agricoles d'Aix Valabre Marseille -, qui vient d'ailleurs de fêter ses 140 ans d'existence. Après une période de creux, "les effectifs sont en hausse depuis deux-trois ans : à l'heure actuelle, le lycée compte 392 élèves en formation initiale scolaire", confirme Stéphanie Pivette, proviseur adjoint.
Malgré les années, l'établissement remet chaque année l'ouvrage sur le métier pour rester en phase avec les attentes du monde agricole et de ses partenaires, autant sur les cursus proposés que sur les recrutements, les réussites aux examens ou l'insertion professionnelle. Comme l'explique Hassan Samr, directeur du Campus, "les attentes des publics changent, mais l'enseignement agricole par voie scolaire connaît aujourd'hui une belle dynamique. Probablement parce que les jeunes et leurs familles sont en recherche de sens, et l'approche environnementale et agricole peut y répondre".
Le lycée dispense à la fois une pédagogie autour de l'enseignement général et un cursus technologique agricole. De quoi proposer aux élèves et étudiants des bases fort utiles pour leur avenir, et ce, dans diverses compétences. Car au-delà de l'installation et du renouvellement des générations d'agriculteurs, les futurs effectifs exerceront au sein des coopératives, des structures de conseil ou encore des Chambres d'agriculture.
Pour répondre à toutes ces attentes professionnelles, le bac technologique 'Science et technologie de l'agronomie et du vivant' (Stav) 'Production' et le BTS ACD (Agronomie et cultures durables) sont notamment deux diplômes qui recrutent bien sur le lycée chaque année.
Parce qu'il voulait suivre des études dans le monde animal, Anthony Gratton, 17 ans, est venu sur le lycée de Gardanne. "Durant ma 3e, je me suis rendu compte que l'enseignement général ne me correspondait pas. J'ai d'abord effectué une seconde générale, mais les filières proposées ici étaient tout ce que je recherchais. Comme j'envisage de suivre des études pour devenir vétérinaire, j'ai opté pour l'enseignement animal et végétal. Tous mes stages ont été effectués en rapport avec la production et les animaux. Notamment celui effectué en élevage caprin, chez la famille Gouiran au Rove", explique le jeune homme, satisfait de son orientation. Cette "première expérience très enrichissante avec le monde agricole" lui a donné "une image très positive du métier".
Il est aujourd'hui en classe de terminale bac technologique 'Stav', et son dossier lui laisse entrevoir la possibilité d'intégrer peut-être une école vétérinaire, sans passer par la prépa. Il ne néglige pas pour autant toutes les options pour atteindre son objectif dans Parcoursup. "Soigneur animalier ou zoologiste", Anthony se laisse encore le temps pour préciser ce qu'il veut devenir.
Intégré au monde professionnel agricole, le Campus abrite également le Centre de formation professionnelle et de promotion agricoles (CFPPA), qui offre une palette très large de formations par apprentissage. "Environ 550 apprentis sont formés chaque année, dont une cinquantaine d'adultes. En poursuite d'étude ou en reconversion professionnelle, les profils des apprenants sont variés. Ils sont en recherche des formations qui répondent aux grands enjeux actuels, des formations diplômantes et qualifiantes autour de l'alimentation, de l'agriculture mais aussi de l'environnement et du paysage", rapporte le directeur du CFPPA, Christian Meyrueis.
Ce dernier le confirme : sur l'apprentissage, l'activité ne baisse pas et l'on constate même une légère progression ces dernières années. Les publics et les débouchés sont là, et le répertoire des formations s'étoffe. "Un BTS 'viticulture-œnologie' sera proposé pour répondre aux besoins du territoire l'an prochain, et un diplôme est proposé depuis peu par le CFPPA dans le secteur de la maréchalerie", indique le directeur. Cette formation CAP agricole 'Maréchal-ferrant' se déroule sur deux ans, en alternance. Plusieurs voies s'ouvrent aux diplômés, notamment au sein des centres équestres, auprès des propriétaires de chevaux, des haras. Il faut dire que "dans le Sud-Est, 60 % de la profession va partir à la retraite d'ici dix ans. Or, la profession suscite de plus en plus d'engouement avec des débouchés souvent assurés pour les apprenants", insiste Hassan Samr.
Cette nouvelle formation diplômante illustre le travail mené par les lycées agricoles dans le département. En veille des besoins identifiés en matière de formations, ils sont tous très bien intégrés dans le tissu local agricole. Un atout indéniable pour leur attractivité vis-à-vis des publics recrutés et pour les entreprises du territoire. "Sur le Campus Nature Provence, les relations avec le monde professionnel agricole sont anciennes, profondes et toujours vivantes. Nous avons un très beau réseau sur tout le territoire. Tous les ans, les professionnels en recherche de stagiaires et d'apprentis s'adressent à nous", ajoute Florence Leparmentier, adjointe au directeur du CFPPA. Et concernant les débouchés, 30 % des apprentis s'installent dès la fin de la formation suivie au CFPPA.
C'est d'ailleurs ce que souhaite pouvoir faire bientôt François Luvera, actuellement en reconversion professionnelle. Apprenti en BPREA 'Responsable d'exploitation agricole' depuis un an, il apprend à devenir agriculteur et à monter sa propre exploitation. Son projet très concret vise "l'élevage porcin en polyculture dans le cadre d'un système agroforestier".
C'est après une rencontre avec les experts du CAP 'Installation' de la Chambre d'agriculture qu'il est venu, à 28 ans, chercher des compétences au sein du CFPPA. "La formation se poursuit, les contacts sont pris et le projet prend forme", assure François. "Aucune de mes questions n'est restée sans réponse, et j'ai pu trouver ici tout ce que je suis venu chercher", souligne le porteur de projet.
enseignement agricole supérieur
Jean-Paul Malleval est le directeur du campus d'Avignon de l'Isara-Isema, école formant des ingénieurs en agriculture et alimentation. Depuis plus de 50 ans, l'agrocampus - sur ses deux pôles de Lyon et d'Avignon - a formé plus de 5 000 ingénieurs, en formation continue ou en alternance, grâce à son réseau de 300 entreprises partenaires. L'occasion de revenir sur l'évolution de l'enseignement supérieur agricole.
Les liens tissés avec les partenaires "font converger une remontée d'informations du monde professionnel, qui nous permet de voir si nos cursus pédagogiques répondent bien aux attentes de la profession dans sa globalité", explique Jean-Paul Malleval, directeur du campus d'Avignon de l'Isara.
© Crédit photo : Isara
Le monde agricole et sa filière agroalimentaire ont profondément changé en 20 ans. Comment l'enseignement supérieur se met-il au diapason pour former les ingénieurs d'aujourd'hui ?
Jean-Paul Malleval : "Diapason n'est sans doute pas le bon mot. Nous sommes davantage précurseurs, en proposant en amont des enseignements anticipant les évolutions du monde agricole et agroalimentaire. À titre d'exemple, l'enseignement en agroécologie et alimentation durable dispensé à travers les différents cursus (ingénieurs et masters européens). Notre réseau d'établissements, nos anciens élèves, nos jeunes diplômés, nos partenaires et les professionnels qui nous accompagnent nous font remonter des informations sur ces signes faibles, ce qui nous permet d'anticiper. Si l'on n'est pas en pointe sur tout, on reste à jour dans nos enseignements. Cela est d'autant plus facile à mettre en œuvre que nous avons toute latitude pour définir le cadre de nos enseignements, et être ainsi plus réactifs et plus souples, car il n'appartient qu'à nous d'adapter notre contenu. En cela, les sujets de fin d'étude fournissent aussi de bonnes tendances sur comment évolue l'environnement, tout comme les formations alternantes que nous proposons. Ce maillage nous relie fortement au terrain et fait converger une remontée d'informations du monde professionnel, qui nous permet de voir si nos cursus pédagogiques répondent bien aux attentes de la profession agricole dans leur globalité."
Si vous ne deviez retenir que trois enjeux pédagogiques, quels seraient-ils ?
J.-P.M. : "Le premier est le besoin de compétences pour nos élèves en général. Un socle scientifique et technique est indispensable. Il évolue certes, mais reste la base fondatrice et s'agrège de connaissances et d'une volonté d'apprendre en continu, de s'informer sur le monde qui les entoure. Ils doivent s'intéresser à la filière agricole, mais aussi à ses satellites, et avoir la facilité - et la volonté - de mettre à jour leurs connaissances. Que ce soit autour des sciences du vivant et des nouvelles tendances, agroenvironnementales par exemple, mais aussi de l'intelligence artificielle. C'est le premier étage du socle, à la fois fixe et évolutif. Le deuxième enjeu selon moi, c'est de leur donner les clés pour qu'ils soient en capacité de construire une approche méthodologique leur permettant, dans leur métier notamment mais pas que, de poser les problèmes. Bien les poser pour bien les résoudre. C'est là la spécificité de l'ingénieur. Sa mission est de créer, d'améliorer un dispositif quel qu'il soit - un produit, un service, un itinéraire technique, une organisation... -, la base étant de l'avoir bien caractérisé en amont pour bien le traiter. C'est une approche analytique attendue pour un(e) ingénieur(e). Mais elle est multifactorielle, avec des sciences humaines et sociales, environnementales et politiques, etc. Ces deux compétences constituent pour moi les deux faces d'une même pièce : la compétence technique reliée à l'univers dans laquelle elle va agir."
Et le 3e enjeu pédagogique ?
J.-P.M. : "C'est toute la dimension relationnelle, de communication, d'implication dans un collectif assemblant des entreprises, un réseau de partenaires. Une capacité à animer ce réseau, mais pas seulement sous l'angle professionnel. Il est en effet rare que les entreprises dans lesquelles évolue un ingénieur soient uniquement leur entreprise, leur exploitation... Elles sont toutes multipartenariales. Il faut en comprendre les enjeux, s'exprimer, animer, savoir assembler les bons experts. C'est une dimension très importante qu'on a tendance à sous-estimer."
Comment attirer de nouveaux profils ?
J.-P.M. : "C'est évidemment une des problématiques posée à toute la filière. Pour l'enseignement agricole, mais pas que. Et pour nos filières d'enseignement supérieur en particulier, il s'agit de donner envie de sciences. Depuis quelques années, on note un moindre attrait, que l'on peut imputer en partie à la réforme du bac, même si cela commence à être modifié. Le constat est que les jeunes ont un niveau en maths, sciences de la vie... assez hétérogène. Or, dans les écoles d'ingénieurs, nos exigences n'ont pas baissé. Nous rencontrons des petites difficultés de préparation dans nos écoles, à la fois sur des disciplines scientifiques et des méthodes de travail. Ce qui fait dire à certains que nos études d'ingénieurs sont de plus en plus réputées comme étant difficiles. Et dans les lycées, les études scientifiques et techniques au sens large ne sont pas forcément plébiscitées. Résultat : la filière agricole et agroalimentaire n'est pas celle qui attire le plus en première intention. Mais ce n'est pas immuable, bien au contraire."
Et donc, quels arguments font plus mouche que d'autres ?
J.-P.M. : "Lorsqu'on prend le temps d'expliquer toutes les facettes des filières agricoles et agroalimentaires, on montre aisément aux jeunes que cela touche à des thématiques qui leur parlent : l'alimentation, la santé, l'environnement, les territoires, les circuits courts, mais aussi l'international, les nouvelles technologies... Et souvent, cela fonctionne ! Car les jeunes d'aujourd'hui sont intéressés par les sciences de la vie, mais ne font pas forcément le lien avec notre filière. Une fois posés ces intérêts, on les attire plus facilement, en leur montrant que ce sont des filières dynamiques, importantes et plurielles, aussi bien très localisées ou plus étendues au niveau national, voire international. Plurielles dans leurs formes, avec des activités de production, d'alimentation, de fabrication de matières premières pour d'autres filières, cosmétique par exemple. Plurielles dans les métiers proposés, bien évidemment aussi. La science du vivant a des problématiques distinctes, avec des produits vivants qui évoluent et nécessitent une traçabilité singulière. C'est très riche."
Le renouvellement des générations en agriculture pose question, dans un environnement européen et mondial bouleversé. En quoi l'enseignement supérieur agricole est un outil stratégique ?
J.-P.M. :"On a besoin de gens pour repenser les certitudes. Et c'est maintenant, si ce n'est pas déjà trop tard, qu'il nous faut faire venir du sang neuf et remettre à plat beaucoup de choses. Or, l'agriculture et l'agroalimentaire sont des filières industrielles françaises à part entière, riches de leurs métiers et de leurs problématiques. Avec des défis multidimensionnels. Tout cela fait des challenges intéressants et des carrières exaltantes à tous les niveaux. Toutes les filières doivent s'armer face aux nouveaux défis posés- environnement, biodiversité, pollution, souveraineté alimentaire...- et chacun peut et doit les relever à son niveau. Les jeunes ont le choix et plein de possibilités pour trouver leur voie chez nous et au sein des filières. D'autant que nous sommes sur un territoire qui fait figure de laboratoire à ciel ouvert : on n'est pas dans une région de grosses productions agricoles uniformisée. Il y a de la pluralité dans les productions, les environnements, les structures... On est sur un territoire adapté à cette diversité."
Témoignages
Ils ont entre 16 et 18 ans et ont fait le choix de l'agriculture par passion. Tous les quatre issus du milieu agricole, Antonin, Baptiste, Mattéo et Mathis ont hâte de se lancer dans la vie professionnelle, mais savent qu'il est essentiel d'achever leur formation pour y être le mieux préparé possible.
Mathis, Mattéo, Baptiste et Antonin, quatre garçons plein d'avenir en formation agricole à Saint-Maximin.
© Crédit photo : GL
Rester assis sur une chaise, dans une salle de classe, ce n'est clairement pas leur truc. Ils ont pris goût au grand air petits, et n'y renonceraient pour rien au monde. Alors ce n'est pas par hasard si ces jeunes gens ont atterri en formation agricole sur le Campus de la Provence Verte, à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. Chacun a déjà un projet de ce qu'il veut faire assez précis en tête. Et entend se donner les moyens d'y parvenir. En passant le moins de temps possible au lycée.
À tout juste 16 ans, Mattéo Bizzari est entré cette année en seconde 'Vigne et vin', dans l'optique de reprendre un jour l'entreprise de travaux agricole de son père, qui travaille surtout en viticulture sur le secteur du Luc-en-Provence et cultive aussi quelques hectares de vignes, dont le raisin est apporté en coopérative. "L'école, j'aime pas trop. Mais de nos jours, faire des études, ça peut ouvrir des portes. Et puis j'aimerais bien aller voir ailleurs comment travaillent d'autres entreprises, ça peut donner des idées. Alors pourquoi pas pousser jusqu'au BTS en alternance, pour ne pas passer trop de temps à l'école", réfléchit le garçon.
Antonin Grimaud, fils et petit-fils de viticulteurs de la coopérative de Puget-Ville, travaille déjà dans les vignes familiales depuis quelques années, et compte bien entrer dans la vie active rapidement. "Dès que j'ai mon bac, je m'installe en tant qu'entrepreneur de travaux agricoles", prévoit également l'élève de terminale en bac pro 'Vigne et vin'. Le jeune homme ne se sent "pas prêt" à avoir son exploitation viticole tout de suite. "Je vois faire ma mère, et c'est compliqué de gérer une exploitation. Et puis, les engins, ça m'a toujours plu, et il y a de la demande en prestation. D'ici cinq ans, je verrai si j'ai l'opportunité de récupérer petit à petit des vignes en fermage. Quoi qu'il en soit, je ferai toujours de la prestation à côté. J'aime être dans le tracteur, et ça permet de ne pas faire toujours les mêmes choses. Et puis, on ne sait jamais si le marché s'écroule. C'est une forme de sécurité", explique-t-il, avec beaucoup de pragmatisme.
Au même âge, Baptiste Benson, en bac pro 'Polyculture élevage', veut quant à lui faire de la volaille de chair. Originaire d'Arles, où son père est éleveur ovin, il a toujours été proche des animaux. "Ça m'a toujours plu de m'occuper des bêtes, et on a toujours eu des poules chez moi", raconte-t-il. Il s'interroge en revanche sur le chemin à parcourir. "J'ai envie de me lancer vite pour être indépendant, mais la vie est de plus en plus dure et c'est peut-être mieux de poursuivre avec un BTS dans l'élevage pour être plus solide", hésite-t-il. Cela ne l'empêche pas de déjà réfléchir très concrètement à son projet d'installation. "C'est pas tout de s'installer, faut pouvoir investir et s'en sortir. Au début, on n'a pas forcément les moyens. Pour moi, la priorité ce sera d'avoir des bâtiments fixes et bétonnés, pour bien curer et stocker l'aliment. Après, je verrai au fur et à mesure", détaille Baptiste.
Mathis Gellenoncourt, 16 ans, est lui aussi en bac pro 'Polyculture élevage'. Actuellement en première, il n'a pas l'intention de poursuivre ses études après le bac. L'école, ce n'est pas ce qu'il préfère. Et puis sa voie est déjà toute tracée : il projette de quitter Arles, où vivent ses parents, pour rejoindre l'élevage de vaches laitières de son oncle en Haute-Savoie. "C'est le métier qui me plaît depuis petit, depuis que je vais en vacances chez mon tonton", pose-t-il simplement. Alors une fois son diplôme en poche, il ira travailler sur la ferme familiale, d'abord en tant qu'ouvrier. "Après, pourquoi pas se mettre en Gaec avant de reprendre l'exploitation le moment venu, pour continuer la production laitière en AOP reblochon et en coopérative ?", anticipe-t-il.
Passionnés par ce qu'ils font, les quatre garçons ont conscience des difficultés qui les attendent, mais n'ont peur ni du travail, ni des responsabilités. "Je préfère travailler beaucoup pour être libre, faire ce que j'aime, être dehors", tranche Baptiste sans tergiverser. "Même si, en plus de la production, faut faire les papiers, vendre. Mais on a des cours de compta et de gestion pour nous préparer à tout ça", estime-t-il. "Ce qui manque, c'est de la mécanique, pour qu'on puisse se débrouiller à dépanner et réparer les engins, plutôt que de devoir appeler le concessionnaire qui coûte cher", déplorent les lycéens à l'unisson. Déjà, ils se préparent à supporter la pression, avec beaucoup de maturité. "Quand on est entrepreneur, c'est important d'avoir la tête sur les épaules, parce qu'il faut faire des choix, donner des directives. Et la réputation, c'est très important. C'est pas facile à construire, mais facile à perdre. Vaut mieux pas se rater", note par ailleurs Mattéo. Même si, comme le dit Antonin, "on est jeune, et des conneries, on en fera, c'est sûr. Et on apprendra aussi comme ça. Le truc, c'est de bien s'organiser pour ne pas s'éparpiller, courir partout et risquer de se planter", prône-t-il.
Et puis, il y a les nouvelles technologies pour se faciliter le quotidien. Baptiste aimerait s'équiper d'un silo automatique qui pèse les rations et les distribue dans les mangeoires, parce que l'alimentation est ce qui demande le plus de temps dans sa filière. En Haute-Savoie, l'oncle de Mathis se renseigne pour faire l'acquisition d'un robot de traite et d'un robot racleur. "C'est un métier physique et, avec l'âge, il commence à ressentir de la fatigue, et ce genre de matériel soulage. Avec le temps, on pourra continuer à améliorer le matériel pour faciliter le quotidien", explique le jeune homme, pas fan du robot de traite. "Je préfère être au contact des animaux, mais c'est avantageux pour le travail", reconnaît-il.
Pour Antonin, féru d'engins agricoles, la technologie a du bon quand elle améliore la performance et le confort de travail. Mais il ne regarde pas d'un bon œil les robots tracteurs qui le priveraient du plaisir de piloter la machine.
Quant à concilier vie professionnelle et vie privée, là encore, pour ces jeunes, c'est affaire d'organisation. "On est sur des métiers prenants. Surtout avec les animaux, c'est 7 jours sur 7, et c'est pas simple de trouver quelqu'un de confiance pour les confier et partir en vacances. Il y aura des moments compliqués, mais ça va rouler", juge Mathis, confiant. Tous sont sûrs de dégager du temps, pour la famille et les sorties avec les copains, suivre le rugby, faire quelques parties de foot en loisir, ou aller chasser.
S'il est difficile, à 16 et 18 ans, d'imaginer leur future vie de famille, ils ne doutent pas qu'ils trouveront le bon équilibre.
"Au départ pour mon père, ça a été compliqué. Mais une fois qu'il a trouvé son système de production, il a pu avoir du temps pour la famille, partir en vacances. C'est un bon modèle", partage Baptiste. "Mon père arrive à s'organiser. On n'est pas obligé de finir tard tous les jours, on peut avoir du temps pour aller chercher les enfants à l'école, trouver les bonnes périodes pour partir en vacances", confirme Mattéo.
En prise avec les réalités et les combats agricoles dans leur environnement familial, ce qu'ils craignent le plus finalement, ce sont les coûts de production qui augmentent, les terres agricoles qui se font rares et chères, et les distorsions de concurrence avec les autres pays. Sans que cela n'entame pour autant leur envie et leur détermination à vivre de l'agriculture. "Faut savoir à quoi s'attendre pour ne pas être pris au dépourvu", commente sobrement Baptiste. Fier, comme ses camarades, de faire bientôt "un métier de passion qui a du sens". "Un métier utile qui touche tout le monde".
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