Méconnaissance, déficit d'image et d'attractivité, inadéquation de la formation et de l'orientation... le secteur agricole peine à séduire les jeunes. Face aux difficultés récurrentes de recrutement et au grand défi du renouvellement des générations, la FRSEA Paca et ses antennes départementales ont mis en place un réseau de fermes ambassadrices, afin de promouvoir les filières et les métiers de l'agriculture régionale et, peut-être, susciter des vocations. Soutenue financièrement par la Région Sud, l'initiative s'appuie ainsi sur 21 agricultrices et agriculteurs qui accueillent des jeunes à l'occasion de visites immersives sur leurs exploitations.

"Dans le Var, nous avons un réseau de six ambassadeurs et nous avons réussi à mobiliser quatre classes, de la troisième prépa pro à la terminale, ce qui représente environ 120 élèves. Nous nous occupons d'organiser le transport, pris en charge par la FRSEA. Les jeunes sont accueillis sur l'exploitation le temps d'une demi-journée. L'agriculteur leur présente l'exploitation, son travail, ses produits, et échange avec eux pour répondre à toutes les questions qu'ils peuvent se poser", présente Julie Combier, animatrice de la FDSEA du Var et cheville ouvrière du dispositif dans le département. "Le but, c'est de montrer concrètement ce qu'est le métier de l'agriculteur, bien souvent très loin des idées reçues", ajoute Karim Azgar, de la FRSEA de Paca.

Partage d'expériences

Le 10 novembre à Rians, c'est Denis Alibert - qui cultive vignes, céréales, lavande et amandiers sur le domaine familial Les Toulons - qui accueillait une classe de 1^re 'Sciences et technologies de l'agronomie et du vivant' (STAV), avec laquelle il a à cœur de partager ses connaissances et son expérience avec passion. Terroir, cycle de la vigne, vinification, transformation des céréales en farine ou en bière, production et distillation de lavande, agriculture biologique, contrainte climatique, irrigation, circuits courts, présentation de matériels... L'échange est riche et les questions nombreuses. L'agriculteur fait aussi le lien entre agriculture, territoire et histoire, de l'étymologie du nom du domaine, qui fait référence à l'eau et aux vestiges la villa viticole romaine de plus de 2 000 ans qu'il abrite.

"C'est important d'apporter cette expérience aux enfants et d'en profiter pour lever les fausses idées qu'ils peuvent se faire de l'agriculture. Beaucoup boudent le métier parce qu'ils ne le connaissent pas, ou parce qu'ils entendent des bêtises sur la pénibilité ou l'absence de vacances", témoigne Denis Alibert. "C'est sûr, c'est un métier où il ne faut pas avoir peur du travail, c'est un métier qu'il faut aimer. Mais on a aujourd'hui un tas d'outils qui nous facilitent la vie, qui ouvrent des perspectives et puis, c'est un métier où l'on est en contact avec la nature et où l'on a un bureau au grand air. C'est un beau métier", plaide l'agriculteur auprès des lycéens.

Visiblement ravis de la visite, ils ont beaucoup appris. Et, qui sait, les graines semées ce jour-là pourraient bien donner naissance dans l'avenir à de nouveaux agriculteurs et salariés de l'agriculture.