Co-construit par les acteurs de la filière, dans le cadre la stratégie nationale définie en 2021 suite du Varenne de l'eau, pour faire face au changement climatique, 'Vitilience' mobilise INAO, coopératives, instituts techniques, Chambres d'agriculture et enseignement agricole sur la période 2024-2028.

Financé par le Casdar et coordonné par l'Institut français de la vigne et du vin (IFV), le projet vise à structurer et à animer un réseau d'animateurs et démonstrateurs régionaux. Objectif : partager et diffuser des solutions éprouvées et adaptées aux réalités de terrain, pour répondre aux préoccupations des différents bassins viticoles français. Et recenser ce travail sous forme de fiches pratiques, disponibles sur le site de l'IFV.

Identifier des leviers et diffuser l'information

L'un des objectifs est l'identification de leviers d'adaptation et d'atténuation à la vigne et en cave. Cette action se fonde notamment sur un important travail de bibliographie et de "traque à l'innovation", à l'échelle nationale et régionale. "Nous travaillons à recenser les différents leviers qui doivent ensuite être validés par un comité scientifique. En parallèle, on recherche des témoignages et on échange entre animateurs territoriaux pour rédiger des fiches sur chaque levier", explique Marine Pithon Guerachi, chargée de mission viticulture de la Chambre régionale d'agriculture d'Occitanie. Ces fiches présentent les enjeux, les pratiques, leurs objectifs, leurs coûts et s'accompagnent de témoignages d'acteurs régionaux. À terme, une cinquantaine doit ainsi être mise à disposition sur les pages dédiées du site internet de l'IFV¹. Une douzaine est déjà en cours de publication ou de validation, sur des sujets aussi variés que la vendange nocturne, la diversité variétale, la gestion de la matière organique, la gestion de la canopée en vignoble palissé, la taille en gobelet, la taille tardive, les filets d'ombrage, la réserve interprofessionnelle, ou encore les levures acidifiantes et la gestion de l'eau à la cave.

Des travaux sont aussi en cours sur l'irrigation raisonnée et les stratégies sèches, la gestion des effluents viticoles et œnologiques, les systèmes de protection contre le gel et la grêle, la bio protection des moûts...

Concilier adaptation et atténuation

'Vitilience' doit concilier adaptation au changement climatique et atténuation de l'impact de la filière. "Il s'agit d'adapter les pratiques et de limiter les émissions de gaz à effet de serre liées à la production viticole, en réduisant l'empreinte carbone du vin, en moyenne de 1 à 1,5 kg CO₂eq par litre, dont 15 à 20% dus à la culture de la vigne, 8 à 15% à la vinification, 40 à 50% au conditionnement et 10 à 20% au transport", explique Sophie Penavayre, de l'IFV. "On sait que les variétés de vignes résistantes peuvent réduire cet impact de 60 grammes de CO₂eq par litre ; on économise jusqu'à 70 grammes quand on passe du désherbage mécanique à l'enherbement de l'inter-rang", illustre-t-elle.

"Couverts et plantation de haies permettent aussi de stocker du carbone dans les sols. Le choix de la qualité du verre, le verre blanc contenant moins de verre recyclé que le verre teinté, et le poids des bouteilles sont d'autres leviers qui font de réelles différences", poursuit-elle. Des études de cas à l'international viendront enrichir la démarche de 'Vitilience'. Ce réseau de démonstrateurs régionaux permettra aussi d'expérimenter des combinaisons innovantes des solutions identifiées, pour construire des modèles adaptés aux spécificités locales.