Un peu à l'extérieur de la ville de Pézenas, sur des terres appartenant à la commune, il y a dorénavant une toute nouvelle ferme. Porté par l'équipe municipale avec la foncière 'Terre de liens', le projet a vu le jour il y a trois ans. De fil en aiguille, de désaccords en discussions, de solutions en perspective, la ferme de l'Auribelle a finalement été inaugurée, vendredi 29 novembre. Un instant de fierté et d'émotion pour toutes les personnes qui se sont engagées dans le projet.

"Il s'agit avant tout d'une histoire citoyenne partie de la mairie", souligne Dominique Morand, président de 'Terre de liens' pour le Languedoc-Roussillon. Ensemble, l'association et la municipalité ont longuement échangé. Il faut dire que l'Auribelle est un lieu atypique, comme l'explique Philippe Poitereau, président national nouvellement élu de 'Terre de liens' : "Si je n'ai pas été présent du début à la fin de ce projet, ce que j'en retiens, c'est qu'il est tout de même assez exceptionnel. Déjà, créer une ferme de quasi toute pièce et remettre en état des friches sont des signaux importants, de même que d'installer un homme et une femme sur cette commune. Le fait de conclure un bail emphytéotique était également une première pour la fondation."

La foncière de l'association est effectivement plus coutumière des achats, mais la conclusion de ce bail de 99 ans permet à la commune et à 'Terre de liens' de réaffirmer leur volonté d'un travail commun. "Dans la crise agricole actuelle, ce projet relève de l'exception et nous permet de constater tout le travail qui peut être mené avec les collectivités", ajoute-t-il.

Jean Pluvinage, qui l'a précédé à sa fonction de président, estime quant à lui la pertinence de ce modèle "qui va prendre de l'importance avec la multiplication des projets alimentaires territoriaux et de l'intérêt des communes, pas toujours outillées pour donner vie à toutes leurs idées".

Maraîchage et grandes cultures au rendez-vous

"À l'heure où l'installation de jeunes agriculteurs et la reprise d'exploitation sont toujours une inquiétude, ce projet est un aboutissement", confirme Dominique Morand. Un aboutissement autant qu'un début, puisqu'il s'agit désormais de faire vivre la ferme de l'Auribelle et ses deux fermiers, en attendant qu'ils soient rejoints par d'autres, ou pour des projets ponctuels peut-être ?

C'est au moins l'espoir d'Armand Rivière, maire de Pézenas, engagé dans cette volonté de ramener l'agriculture et la production alimentaire sur sa commune. À l'image des futurs jardins familiaux ou du verger municipal qu'il souhaite voir se réaliser, il voit en effet "une manière concrète et juste de participer" aux objectifs d'une alimentation locale. À l'aide d'Éliza Morin, la maraîchère installée pour le moment sur 2 hectares, le maire et les partenaires du projet ont ainsi planté une dizaine de pruniers reine-claude de Pézenas. "De la même manière qu'on dit qu'on plante des pruniers pour ses héritiers, ce projet est pour les générations futures", confirme l'édile.

Sur les 14 ha disponibles cohabitent donc Éliza Morin et Antoine Richard. La première se concentrera sur les légumes "ratatouilles et à soupe", testera des avocatiers et s'apprête à remonter son poulailler. À 54 ans et reconvertie dans l'agriculture depuis 2019, elle participe fièrement à ce projet dans lequel elle se sent utile, et rejoindra au printemps le marché bio de Pézenas. Le second, céréalier-meunier, est spécialisé dans des variétés anciennes qu'il a ciblées, à l'aide de trois amis, pour élaborer son mélange d'une cinquantaine d'entre-elles qu'il cultive sur 6,5 ha. Plus de résilience et un meilleur potentiel aromatique pour ensuite transformer le grain en farine. Pour les deux fermiers, le projet est désormais sur les rails et il ne s'agit là que du début de l'histoire.