PACA 25/09/2024
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FCO

Une souche active plus virulente en région

Depuis des mois, l'alerte avait été donnée. Un nouveau variant de la FCO-8 sévissait dans le Sud-Ouest avec de gros dégâts sur les troupeaux touchés. Malheureusement, après une pause hivernale, la maladie s'est propagée et touche maintenant tous les départements de la région. Avec une virulence inédite dans le sud.

Outre la Fièvre catarrhale ovine sérotype 8, la FCO-3 et la Maladie hémorragique épizootique font aussi planer un risque sur l'élevage régional, suivi attentivement par les Groupements de défense sanitaire départementaux et la Maison régionale de l'élevage.

© Crédit photo : ED

La Fièvre catarrhale ovine (FCO), également appelée maladie de la langue bleue ou en anglais "blue tongue" (BT) a atteint la région essentiellement avec le sérotype 8 à l'heure actuelle. Cette maladie virale touchant les ruminants domestiques (ovins, bovins, caprins) et sauvages se transmet via un moucheron appelé culicoïde. Une fois porteur du virus, le moucheron transmet la maladie en piquant les animaux. Cette maladie engendre des signes cliniques d'intensité variable d'un élevage à l'autre, et d'un animal à l'autre, pouvant aller jusqu'à la mort des animaux. Il s'agit d'une maladie non contagieuse (mais la contamination est possible par les aiguilles) puisqu'elle nécessite la présence du moucheron vecteur. Elle touche essentiellement les ovins et les bovins, les caprins semblant moins sensibles.

Face à ce nouveau variant et à l'explosion des cas, il n'y a malheureusement que peu de solutions une fois la maladie déclenchée dans le troupeau. De plus, le manque de recul sur ce nouveau variant laisse beaucoup de questions sans réponse.

Quelques recommandations

Cependant, face à ce fléau des recommandations sanitaires peuvent peut-être permettre de limiter les dégâts :

il est très important de bien surveiller les troupeaux matin et soir : état général, comportement alimentaire, hydratation. En effet il n'y a pas de traitement spécifique pour soigner la maladie, seuls les signes cliniques peuvent être pris en charge pour soigner la fièvre, les œdèmes, la déshydratation, les boiteries... ;

il est vital de contacter son vétérinaire et de soigner les signes cliniques dès leur apparition. Une prise en charge dans les premières heures est essentielle pour limiter l'impact sanitaire. La visite vétérinaire et les analyses lors d'une suspicion sont prises en charge par l'État, au titre de maladie à déclaration obligatoire ;

dans l'élevage même, il faut tout mettre en œuvre pour limiter la densité et la pression des culicoïdes. En effet, les petits moucherons - de 1 à 3 mm - se nourrissent de sang. Leur développement est par ailleurs favorisé dans les zones humides, chaudes et riches en matière organiques. Par ailleurs, ils ont une activité crépusculaire (du coucher au lever du soleil) et leurs zones d'attaques sont préférentiellement les parties sans poils ou laine. Ils ne semblent pas apprécier les vents forts et les températures basses. Rentrer les animaux la nuit et/ou avoir des zones de pâturages défavorables aux culicoïdes peut aider à préserver les troupeaux ;

il est aussi conseillé autant que possible de confiner les animaux malades en intérieur, avec des moustiquaires à mailles très fines ;

la désinsectisation peut avoir une utilité ponctuelle (mouvement d'animaux, moyens de transport...). Cependant, cette opération n'est pas efficace comme moyen de lutte collectif. Elle ne doit pas être utilisée de façon continue et régulière, ni dans les bâtiments ou l'environnement !

Du côté des animaux, divers conseils sont à mettre en œuvre. Ainsi, renforcer les défenses immunitaires des troupeaux, par des cures de vitamines et minéraux et une bonne alimentation, est un levier à activer.

De même, vacciner les animaux dès que possible, en suivant les recommandations du vétérinaire, est plus qu'utile, à condition évidemment d'y avoir accès. Le vaccin a évolué ces dernières années et, appliqué en suivant les recommandations, il est efficace. La vaccination des animaux est fortement recommandée pour protéger les élevages contre cette nouvelle souche. Cependant, face à l'explosion des cas certains types de vaccin ne sont plus disponibles. Néanmoins la vaccination doit être envisagée pour protéger les troupeaux des prochaines vagues. La stratégie doit être discutée avec le vétérinaire de l'éle- vage.

Enfin, limiter et sécuriser les mouvements permet d'éviter la propagation de la maladie.

La FCO-3 et la MHE en embuscade !

La FCO sérotype 3 (FCO-3) et la Maladie hémorragique épizootique (MHE) font aussi planer un risque sur l'élevage régional, suivi attentivement par les Groupements de défense sanitaire départementaux (GDS) et la Maison régionale de l'élevage. Actuellement, ces deux maladies, nouvelles en France, font des ravages dans certaines régions, et il se peut que notre région soit également impactée. Elles sont aussi transmises par les culicoïdes et des vaccins spécifiques existent, qui peuvent être pris en charge par l'État dans certains cas.

Des zones régulées sont mises en place et engendrent des règles spécifiques, notamment pour les mouvements d'animaux. Il est important de se tenir informé car elles évoluent toutes les semaines !

Toutes les structures agricoles sont mobilisées pour soutenir au mieux les éleveurs touchés ou présents dans les zones infectées. Il est important de conserver toutes les preuves de contamination (résultats d'analyses) ou de préventions (factures vaccins) mises en place, elles pourraient vous être demandées.

Face aux manques d'informations et de recul vis-à-vis de ces nouvelles maladies, des retours d'expériences et des études seront mis en place afin de mieux gérer les prochaines vagues.

N'hésitez pas à contacter vos GDS pour tout renseignement ! 

Lucie Urtasun, Fédération régionale des GDS Paca •

Dans le Sud, une nouvelle souche plus virulence de FCO-8

Le nombre de foyers de Fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 (FCO-3, apparu en 2023 aux Pays-Bas) a presque triplé en France en l'espace d'une semaine, avec 1 929 foyers confirmés au 12 septembre dans 22 départements, essentiellement dans le quart nord-est du pays, a annoncé le ministère de l'Agriculture, le 13 septembre. Depuis sa première détection en France début août, dans le nord de l'Hexagone, cette maladie virale se propage rapidement : la maladie a gagné deux nouveaux départements (Eure-et-Loir et Loiret). Lors du précédent bilan (6 septembre), 712 foyers avaient été comptabilisés.

Au Sud, les éleveurs font face à une nouvelle souche plus virulente d'un autre sérotype de la FCO-8, avec d'importants dégâts en élevages. Pour empêcher l'extension du sérotype 3 (exotique), les pouvoirs publics ont lancé le 12 août une campagne de vaccination volontaire dans le nord du pays, avec prise en charge des doses. Une seconde commande a été annoncée le 30 août, de 5,3 millions de doses, en plus des 6,4 millions déjà commandées. En revanche, contre le sérotype 8 (endémique), les vaccins sont à la charge des éleveurs, et certains d'entre eux sont en rupture.

Céline Zambujo •

POUR ÊTRE précis-

La FCO nécessitera "des dizaines de millions d'euros" d'indemnisations

Les indemnisations des pertes dues à la Fièvre catarrhale ovine (FCO) devraient totaliser "plusieurs dizaines de millions d'euros", a estimé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, lors du congrès de la FNO, le 13 sep- tembre. "Rien qu'en ovins, on peut atteindre rapidement 100 à 150 millions d'euros pour la France, à raison de 300 € par brebis" (pertes directes et indirectes), a-t-il complété, appelant à intégrer "rapidement" un "chapitre indemnisations" de loi de finances (PLF) pour 2025, pour l'ensemble des crises sanitaires en cours dans le projet, tout en rappelant sa "crainte" que les discussions budgétaires ne s'achèvent pas dans les temps.

De son côté, la présidente de la FNO, Michèle Boudoin, a indiqué que le poids collecté par les équarrisseurs dans les Pyrénées-Orientales a augmenté de 880 % en un an sur la période estivale (juillet-août), en raison de la FCO-8. Avant l'indemnisation des pertes, "la première urgence est de disposer des vaccins", a martelé Emmanuel Fontaine, membre du bureau de la FNO. Le syndicat demande l'extension à toute la France de la zone de vaccination contre la FCO-3, ainsi qu'un "appui très fort pour un vaccin FCO-8 disponible et le moins onéreux possible".

Céline Zambujo •

Un "plan Marshall" pour relancer la production

Réunie en congrès à Troyes (Aube) le 13 septembre, en l'absence de Marc Fesneau, la FNO (éleveurs d'ovins, FNSEA) a réclamé un "plan Marshall" pour relancer la production ovine. Le but : faire remonter, d'ici 5 ans, la production de viande d'agneau pour couvrir 55 % de la consommation française, contre 47 % aujourd'hui. Le syndicat compte aussi réduire les émissions de GES de 12 % (en ligne avec le programme 'Life Green Sheep') et maintenir le taux d'auto-approvisionnement en lait de brebis. Pour y parvenir, la FNO veut notamment renforcer la formation et le conseil, afin d'améliorer la productivité des élevages ou encore les conditions de travail. Ce qui passerait par un "pack d'accompagnement technique" co-construit avec les éleveurs, financé dans un premier temps par les pouvoirs publics, avant que les producteurs ne le reprennent à leur charge. Côté conjoncture, la collecte de lait de brebis a reculé de 3 % cette année (octobre-juin), à moins de 290 millions de litres. Quant à la production de viande ovine, elle a chuté de 5 % en un an (janvier-juillet), à 45 000 tonnes équivalent carcasse. Bien qu'ils touchent des prix records pour leurs agneaux (9,18 €/kg en moyenne depuis début 2024), les producteurs ovins restent ceux qui gagnent le moins bien leur vie au sein de la ferme France (moins de 20 000 € de RCAI/ETP non salarié en 2022).

Céline Zambujo •

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