HomMage à René Tramier
Compagnons de route, anciens salariés, famille et amis saluent l'héritage de celui qui a œuvré avec passion pour faire avancer l'élevage.
Le 22 mai dernier au domaine du Merle, un hommage était organisé autour de la famille de René Tramier, décédé début avril.
© Crédit photo : Sébastien Attias
René Tramier aura joué un rôle considérable au service de l'élevage, à l'échelle régionale comme nationale. Son action aura véritablement permis aux savoir-faire pastoraux de prendre une nouvelle dimension, et à la profession de s'ouvrir et de s'adapter aux évolutions nécessaires.
Homme de conviction, il a grandement œuvré pour placer la qualité sanitaire au cœur des préoccupations des éleveurs. Tout au long de sa vie et de ses mandats, il s'est engagé, avec détermination et simplicité, à défendre les valeurs de l'élevage pastoral et transhumant. Son décès survenu, au début du mois d'avril, a profondément attristé le monde de l'élevage. Son passage au sein des différentes structures dédiées à sa filière - dont certaines qu'il a contribué à fonder - a marqué tous ceux qui l'ont côtoyé. Impossible pour ces collègues, compagnons de route et anciens salariés de ne pas saluer une dernière fois le patron de l'élevage du département. Le 22 mai dernier, un hommage était organisé autour de la famille de René, au domaine du Merle.
Ce soir-là, les souvenirs se bousculaient au fil des prises de paroles. De la reconnaissance, de l'émotion et de la fierté d'accueillir cet hommage se ressentaient dans les propos de Pierre-Marie Bouquet. Le directeur du Domaine du Merle a salué l'action de l'homme pour la structure, mais aussi et surtout celle menée envers la formation de berger, essentielle pour le monde l'élevage aujourd'hui. "Lorsque la formation est revenue à la fin des années 90, c'est bien René qui l'a portée auprès des financeurs pour qu'elle perdure."
À titre individuel, ils sont beaucoup comme Pierre-Marie Bouquet à devoir à l'éleveur de Saint-Rémy-de-Provence. "Il faisait partie du jury qui m'a recruté il y a 25 ans. C'est donc quelqu'un de très important pour moi", ajoutait le directeur.
Né à Jonquières, dans le Vaucluse, René Tramier a pris la suite de son père en tant qu'éleveur de brebis, à Saint-Rémy-de-Provence. Il s'est engagé très tôt dans les syndicats de défense de la profession. Il intègre en 1979 le conseil d'administration de la Fédération départementale ovine, dont il devient président en 1983, fonction qu'il occupera jusqu'en 2009. Dans la foulée il prend la présidence du service 'Élevage' de la Chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône. Il relance, avec quelques-uns, la Fédération régionale ovine du Sud-Est (Frose), porté par la nécessité commune de défendre la grande transhumance et le pastoralisme. Il devient également président du Groupement de défense sanitaire (GDS) des Bouches-du-Rhône.
Sur le plan économique, il a aussi œuvré à la restructuration des coopératives. Il fonde également l'Organisme régional de l'élevage Alpes-Méditerranée (Oream), prémices de la Maison de l'élevage Paca, en fédérant - à force de patience et d'intelligence - l'ensemble des filières d'élevage régionales.
René Tramier a aussi su faire entendre au niveau national, comme l'ont rappelé plusieurs représentants de la Fédération nationale ovine (FNO) qui ont aussi fait le déplacement jusqu'à Salon-de-Provence. À commencer par Bernard Martin, qui l'a présidée 15 ans, ou encore Michelle Baudoin, éleveuse dans le Puy-de-Dôme et actuelle présidente. René a en effet siégé à la FNO de 1980 à 2007, en y défendant toutes les caractéristiques de l'élevage pastoral et transhumant du Sud-Est.
Dès qu'il s'agissait de défendre la profession, René Tramier répondait présent ! Il a ainsi piloté de main de maître quasiment toutes les structures d'élevage régionales, sans distinction d'espèces, toujours dans l'intérêt général et pour le seul bien des éleveurs. "Gros troupeaux ovins transhumants, élevages de taureaux de Camargue, élevages caprins fromagers fermiers, défenses des herbassiers, reconnaissance du pastoralisme, prédation, Politique agricole commune, défense sanitaire, formation des bergers salariés, rien de lui échappe, il se mobilise, s'investit dans tous les domaines et sur tous les fronts", détaille Lionel Escoffier, président de la Maison de la transhumance.
L'un de ses combats les plus honorables - et celui qui lui a apporté le plus de satisfaction - restera la lutte qu'il a portée contre l'éradication de la brucellose ovine, entre 1980 et 2006. "On se souvient des grandes réunions avec les vétérinaires où il tapait du poing sur la table, car il savait se faire respecter des éleveurs mais se faire aussi entendre de l'administration", rapporte l'éleveur d'Aureille. D'aucun n'a manqué en effet de rappeler son caractère bien trempé, mais aussi son grand cœur, son côté rieur ou son esprit avant-gardiste.
"Là où la transhumance est pratiquée, elle est nécessaire à la fois à l'agriculture, à la société et à l'environnement", disait souvent René. En 1997, la création de la très novatrice Maison de la transhumance restera certainement sa dernière grande satisfaction. Avec elle, il a mis à la fois autour de la table, l'élevage, la culture et l'environnement.
La profession se dit heureuse aujourd'hui qu'il ait pu voir l'aboutissement du dossier de la reconnaissance de la transhumance au patrimoine immatériel de l'Unesco, ou encore la création du grand sentier de randonnée 'La Routo', dont il a été un précurseur. "Par son engagement, son charisme, sa maîtrise des dossiers, il a laissé une trace indélébile", retient Patrick Lévêque, président de la Chambre d'agriculture, qui l'a côtoyé durant de nombreuses années au sein de l'institution. Patrick Fabre, directeur de la Maison de la transhumance, à l'origine de l'organisation de cette soirée hommage, rappelait qu'il avait aussi compris la nécessité de ne pas dissocier agriculture et environnement, le conduisant à initier la cogestion de la Réserve naturelle nationale des coussouls de Crau, entre le Conservatoire des espaces naturels Paca et la Chambre d'agriculture. "René était en mission, il a consacré sa vie aux autres, à la profession et aux éleveurs", concluait Sébastien Attias, à qui René Tramier a remis la médaille du mérite agricole il y a quelques années. La famille des éleveurs perd à coups sûr l'un de ses plus fervents défenseurs.
Le symbole est fort. Une plaque commémorative en hommage à René Tramier a été apposée à l'entrée du Centre euroméditerranéen de ressources sur la transhumance, au sein du Domaine du Merle. René Tramier avait lui-même inauguré ce centre en 2019, soulignant que "cette initiative unique en France consacrait la vocation nationale et méditerranéenne du Merle en tant que haut lieu français de mémoire et de culture vivante de la grande transhumance ovine". Lieu de mémoires et de projets, cet outil au service de la communauté scientifique célèbre ainsi une figure emblématique du pastoralisme provençal.
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